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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 09:44

 

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Très belle ballade que celle d'hier, vers la cascade d'Ortala joliment titrée "Le chemin de l'eau" dans les guides. Comme souvent, le départ commence par une punition de montée en zig zag dans la caillasse et sous le cagnard, mais en haut, après avoir traversé une chataignerais peuplée d'arbre millénaires


(-Ils ont dû en voir !
- Pas forcément :  il ne doit pas se passer grand-chose par ici...)


on rejoint un petit canal d'irrigation datant des années 30, encore entretenu, que nous accompagnons le long d'une courbe de niveau jusqu'à la cascade qui l'alimente. C'est la partie réjouissante de la promenade : dénivelé zéro, ombre, gazouilli de l'eau à côté. La cascade finale est encore bien en eau. Je me demande d'ailleurs d'où vient toute cette flotte vu qu'il n'a pas plu ici depuis un mois ? On glande au frais, casse-croûte, trempette des pieds, photos : on pourrait être plus mal !

 

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 05:33

 

 

Discworld Portfolio-009-Strata (1988)

De Terry Pratchet, tu connais bien sûr Les annales du Disque monde, ces récits dont l'action se déroule sur un monde plat, soutenu par quatre éléphants, eux mêmes posés sur une tortue galactique (pourquoi faire simple ?).   "Strate-à-gemmes" apparait comme ce qu'on appellerait un "préquel" au cinéma ou un antépisode au Québec, autrement dit, un récit précédant ces romans, à cette nuance près qu'il a bel et bien été écrit avant, même s'il n'a été édité en France qu'après. Perso, j'ai également lu les autres avant celui-là.


Pour une raison qui apparaitra clairement aux lecteur de "Mieux que Yakira", à paraître dans le prochain numéro de Scribulations, la questions de la création de nouveaux mondes m'intéresse en ce moment. Du coup, quand au détour d'une conversation, il fut question de Kin personnage principal de "State à gemmes" et de sa jolie profession de designer de mondes, j'ai sauté sur l'occasion pour lire le livre.


J'aime énormément ce talent qu'à Terry Pratchet, alors qu'il sera question de la création de planêtes habitables, d'aborder son récit par la marque de bière des ouvriers chargés de leur maintenance. Autrement dit, j'admire (c'est rien de le dire) cette façon de tenir un propos à l'échelle de la galaxie, sans négliger la dimension métaphysique que ça suppose - et si, finalement, tout ça n'était qu'un décor ? - en mettant en scène des personnages confrontés aux vicissitudes de l'univers dans lequel Pratchett les fait évoluer.

 
Dans cet univers là, le monde plat qu'exploreront les trois héros - deux héroïnes et un héro, plus précisément - apparait comme une belle anomalie, une sorte de rêve d'artiste, une folie, au sens qu'on donnait à ce mot en architecture sous l'ancien régime.


Le roman s'ouvre sur la remontée de bretelle de deux employés ayant trouvé malin d'enfouir dans une strate géologique un squelette de plésiausaure tenant une pancarte "Non aux essais nucléaires". Il se ferme sur la bien belle question de savoir de qui nous sommes l'oeuvre. 

28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 20:05

Facades-d-Ajaccio---Photo-DGLADYS.jpg(photo DGLADYS)

 

Tu me diras, quand y'en aura marre des cartes postales de Corse... En attendant, et pour changer, on est allé à la plage. Enfin ça, c'était après la sieste et avant le poulet au barbecue. Mais ce matin, je suis allé en ville à pied, et retour en bus (climatisé - on sait vivre ici). Pas de photo. Ajaccio ne m'a pas inspiré : trop de monde. En revanche, j'ai beaucoup aimé les couleurs des façades, que Thalassa du 22 juin dernier qualifiait d'acidulées et qui marient heureusement les rouges antiques, roses et jaunes parfois quasi citron, mais que Jo appellerait sans doute jaune provençal, très supportable dans le contexte.

 

Sinon, la plage de Porticcio, bien. D'ailleurs, chaque nouveau bord de mer est mieux que le précédent. Celui là était agréablement découpé en petites criques et les rochers offraient une ombre ma fois bien agréable pour ceux qui, comme moi tournent vite écrevisse au soleil.

 

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 08:04

 

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Hier, on l'avait raté, la plage de Cupabia. On avait dû tourner à droite plutôt qu'à gauche à un embranchement, et crac, on s'était retrouvés au col de Cardosa, où nous attendaient heureusement glaces, boissons et vue magnifique. Mais aujourd'hui, pas question de nous laisser surprendre : je gardais les yeux rivés sur la mapemonde taille-crayon qui nous  sert de carte. Tu dis ? J'exagère avec la mapemonde ? Oui, mais à peine. Elle est très bien notre carte où figure TOUTE  la Corse, mais la Corse, c'est grand et du coup, pour que ça tienne, les détails ont été un peu sacrifiés.


On est arrivé à l'heure où les gens partaient se faire cuire ailleurs et du coup, on a eu les vagues et le paysage pour nous seuls, ou presque. T'imagines ? Installation du campement provisoire à l'ombre des pins, la mer juste là, même pas froide, les vagues joueuses - une série de trois ou quatre petites pour te mettre en confiance, et pouf, une grosse pour te mettre cul par dessus tête - la douceur du soir, même pas faim...


On est rentré dans le coucher du soleil.

 

 

 

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 09:53

 

 

Chris m’a demandé si je comptais rédiger un petit journal des vacances ? Bah non, c’est impossible. Les vacances, ça ressemble à ces tresses multi-fils des nécessaires de couture, chaque jour ajoutant un centimètre à des brins n’ayant en commun que leur longueur et d’être entrelacés aux autres. Il faudrait pouvoir tirer ici, par exemple, le fil vert des paysages, le rouge de ce qu’on a mangé, le orange de la météo, le bleu de la mer… On verra au retour.


Pour le moment, j’accumule, comme le lézard les calories sur sa pierre. 

 

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 17:29

 

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Oui,  je sais, c'est un peu cruel pour ceux qui ne sont ni en vacances, ni au soleil, ou au soleil et pas en vacances, ou en vacances, mais pas au soleil, mais bon, je ne vais pas afficher des images de coron à la Toussaint alors que je suis en Corse... 

La ballade du jour nous a conduit au lac de Tolla, où l'eau était délicieuse et le chemin ombragé. En plus, y'avait des vaches.


26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 06:22

 

 

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Y'a pas, vu la gueule des platanes, on doit être à Nice... 

 

 

 

Lettrine (O ourgang jo en thaïlande) le carnet de Jimidin aurait voulu se payer les bouchons de Lyon ET de Grenoble, on ne s’y serait pas pris autrement. J’avais pourtant exprimé le vœu de partir avant midi, mais en pure perte. D’ailleurs tiens ? Je me demande dans quelle mesure « On » n’attend pas que j’ai exprimé un souhait pour enfin savoir comment s’organiser pour qu’il l’ait été en pure perte. Tu dis ? C’est casse couilles ? Précisément. On a quand même pu profiter des quelques heures entre les embouteillages de Grenoble et la nuit noire pour apprécier certains charmes de la route Napoléon, qui, tu en conviendras aisément, est la plus appropriée pour se rendre en Corse, du moins jusqu’à l’ouverture de l’autoroute Tino Rossi.

 

Du coup, on est arrivé à Nice alors que le GPS était endormi depuis longtemps, mais on finit quand même par retrouver fiston et son appartement, dont on pourra volontiers dire du mal, puisqu’il le quitte à la fin de ce mois.

Sinon, Nice, bien. J’imaginais je ne sais quelle bourgade et c’est la très grosse ville, mais bien. Tout particulièrement le vieux Nice, les jardins du château et le port. Y’a pas, une ville avec un port, ça ouvre l’imagination ! On voit arriver et partir des ferrys en se disant que demain, ce sera notre tour. On voit également partir le « Club Med 2 » et un autre trois ou quatre mats. C’est l’aventure !


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Le "Club Med 2" vu des jardins du château 

 

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Une façade du vieux Nice

 

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Oh ! On dirait une toile de Lo ! 

 

Le lendemain, dans l’après-midi, c’est à nous. Après des formalités somme toutes guère plus compliquées que de composter un billet, on embarque dans un joli ferry blanc et bleu pour une traversée qui devrait nous faire arriver en Corse en début de nuit. Des dauphins nous accompagnent un moment, on croise également une baleine (elle souffle !) et dans le soleil couchant, on longe les côtes corses dont les sommets découpés évoquent la courbe de fréquentation de ce carnet.

 

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Gra-gra nous accueille à quai et hop, direction maison. Alors là, l’appart, oui. Coupin et elle ont bien bossé, mais même : c’est grand, c’est aéré, c’est tranquille. On va être bien.


 

 

25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 09:55

 

 

Bon, ben tu remplaces les platanes par des palmiers, les thuyas par des laurier-roses et les pigeons par des mouettes, mais tu gardes l'architecture années 80 et dans l'ensemble tu auras un bon aperçu de notre lieu de villégiature. Bref, c'est à la fois familiers et très différent : tout à fait agréable. 

 

 

 

20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 11:11

 

 

Pierre Bergounioux - Le carnet de Jimidi

 

 

Lettrine (0 vieille photo)ui, ben hein, je ne suis ni prof de lettres, ni retraité, ni « bergouniaque » (mais ça pourrait justement venir avec la retraite...) En revanche, je lis toujours avec beaucoup de plaisir les notules de Philippe Didion, érudites et légères, sérieuses et amusées. Si vous tiquez comme moi plus bas sur le mot « orde » dans l’expression « orde volatile », inutile de vous précipiter sur la hot line du service clientèle de ce carnet, ni d’ailleurs sur votre dictionnaire Larousse. En revanche, vous trouverez cet orde là dans un bon gros Littré, ou comme moi dans mon antédiluvien Dictionnaire National Bescherelle : Ord, orde, adj. T. vieilli. Qui excite le dégoût et, pour ainsi dire, l'horreur par la saleté (Cf. ordure). C’était notre séquence : « On en apprend tous les jours, pour mieux l’oublier immédiatement. »

 

Extrait de la Notule dominicale de culture domestique N°537 en date du 27 mai 2012, de Philippe Didion

 

DIMANCHE.

Lecture. Carnet de notes 2001-2010 (Pierre Bergounioux, Verdier, 2012; 1280 p., 39 €).

 

Nous y voilà. Au bout d'une lecture volontairement fragmentée, année par année, pour faire durer le plaisir. Car c'est est un, énigmatique peut-être, mais réel. Tiphaine Samoyault dans La Quinzaine littéraire a posé les données du problème : « La plongée fascinée que l'on peut faire dans cette lecture doit être expliquée. Comment se fait-il qu'on puisse être pris, de façon presque addictive, à ne plus pouvoir le lâcher, pour ce journal qui ne nous apprend rien qu'on ne sache déjà, qui répète jour après jour les mêmes choses, qui est foncièrement inintéressant ? Comment se fait-il qu'on n'en ressente aucun ennui, qu'il nous émeuve comme les grands livres savent faire ? »


On parlait ici même, l'autre dimanche, des bergouniaques anonymes. J'en connais, j'en suis. Je lis pas mal de choses de façon mécanique, presque compulsive, parce que je ne sais faire que ça, je ne prête parfois pas plus d'attention à ce que je lis qu'à l'air que je respire. Bergounioux est un des rares auteurs qui me fasse réfléchir, me ramène sans cesse à moi-même, qui peuple mon intérieur de points d'interrogation. J'ai la conviction que tout ce qu'il dit sur lui peut se rapporter à chacun de ses lecteurs. J'ai donc lu, et souvent relu, chacune de ces pages avec précaution, avec lenteur. Par crainte, souvent, de passer à côté de quelque chose de fort, d'essentiel. C'est que chez Bergounioux, tout se vaut : un tournage avec Godard à Sarajevo est relaté sur le même ton qu'un étendage de lessive. Par sidération devant une hauteur de vue qu'on a déjà connue mais chez si peu de gens, celle qui prend quand on écoute Braudel ou Dumézil. Par goût, aussi, comme chez Proust, de trouver des sensations vécues enfin mises en mots, le goût des points communs qu'on aime, immodestement, à se trouver avec plus fort que soi. Quand Jacques Réda, dans un portrait de Bergounioux paru dans Le préau des collines, dit de lui : "Il ne fume que des Gauloises. Ne téléphone jamais", je me dis que c'est moi, avec la Gitane maïs en lieu et place de la Gauloise. Des points communs, j'en ai trouvé de plus sérieux. L'âge d'abord. C'est qu'il devient, au début de la décennie qui l'occupe ici, mon exact contemporain. Je lis enfin le Bergounioux de la cinquantaine, il m'a enfin rattrapé. Et avec lui les effets collatéraux : le métier qui use, le corps qui demande plus de soin, les amis et parents qui s'en vont, la mesure de la chance apportée par une rencontre décisive qui nous a tirés du néant. Nous partageons aussi, désormais, des connaissances, je peux mettre un visage, une voix sur certains protagonistes de ce volume : le Spinalien Denis Montebello, Martine Sonnet, François Bon, Jacques Dürrenmatt, Françoise Gaillard qui ne rate aucun colloque des Invalides, Thierry Beinstingel, Eric Beaumatin, Frédéric Ciriez croisé un jour à Jaligny et d'autres comme Jean-Claude Bourdais ou Anne-Marie Emery qui, si je ne les ai jamais rencontrés, me sont devenus proches par la chimie notulienne. J'ai sillonné sa Corrèze, acheté ses livres dans la librairie d'Ussel qu'il visite chaque été, j'ai cherché sa trace à l'Ecole des beaux-arts. 

 

Bien sûr, nous ne lisons pas les mêmes livres, les siens sont trop costauds pour moi, et puis vous imaginez Bergounioux un Série Noire à la main ? Mais il y en a quand même : Painter, Hunter S. Thompson, Malinowski, Steinbeck, Remarque, Cueco, la nouvelle traduction d'Ulysse... Mais assez pour les considérations personnelles. Pour ce qui est des généralités, de l'étude approfondie de ce journal, des plumes plus autorisées et plus expertes que la mienne ont déjà fait le travail depuis qu'il est paru. Reste la possibilité de s'offrir une petite promenade au hasard des pages.


 « Cela fera bientôt quarante-trois ans que je me suis enfermé dans un réduit, que la réalité se ramène aux quatre murs entre lesquels mon existence aura passé. » (p. 997) Assez. Ca ne tient pas. L'ermite de Gif-sur-Yvette n'a pas plus de réalité que l'ermite de Croisset. Faisons le bilan des déplacements effectués en une décennie, hors Corrèze et région parisienne : Allemagne, Jura, Bordeaux, Bari, La Rochelle, Toulouse, Cuba, Pontoise, Lille, Lyon, Nantes, Sarajevo, Cassis, Nancy, Gand, Bruxelles, Montpellier, Tours, Marseille, Amsterdam, Caen, Rennes, Chambéry, Rouen, Narbonne, Lagrasse, Périgueux, Poitiers, Saint-Etienne, Guéret, Lorient, Chartres, Aix-en-Provence, Figeac, j'en oublie mais c'est plus que je n'en aurai vu quand la lumière s'éteindra. Il aurait pu m'envoyer des photos de salons de coiffure.


 « Saint-Céré est vide en ce dimanche de novembre. Le monument aux morts n'est pas exempt de sauvagerie. L'inévitable poilu a cloué au sol, avec sa baïonnette, l'aigle germanique. Et comme cela ne suffisait pas à terrasser l'orde volatile, il l'a achevé au moyen d'un gourdin primitif, torsadé, qu'il brandit d'une main, l'autre élevant le casque. » (p. 1243) Et l'on parlait de points communs. Quoique, en y réfléchissant bien, "l'orde volatile", ça ne me serait pas venu spontanément.


 [Dans le train] « Enfin, devant moi, deux Bordelais, trente-cinq ans, épais, moustache. L'un d'eux va passer les trois heures du voyage à lire un journal de sport qui détaille, je crois, les rencontres de la prochaine coupe du monde de football. Me demande chaque jour un peu plus ce que je fais encore parmi les vivants. » (p. 166) J'aime aussi l'humour de Bergounioux, volontaire ou non. Surtout quand je me dis que je pourrais très bien être ce voyageur plongé dans L'Equipe. J'aime m'afficher avec du futile.


L'humour (in)volontaire, encore : « J'ouvre Les Cadres de l'expérience de Goffman que, pour une raison qui m'échappe, je n'avais toujours pas lus » (p. 764); « Je n'ouvre les yeux qu'à huit heures. On aura tout vu ! » (p. 196); mieux : « N'ouvre les yeux qu'à six heures et demie. Une honte. » (p. 260) « Sujet à une insomnie provoquée par un emballement du rythme cardiaque, une gêne qui me fait craindre un accident circulatoire. Me lève, passe au bureau où j'avais laissé le spray de Trinitrine. J'appuie sur le bouchon. Rien. Peut-être qu'une coiffe de protection recouvre la valve. J'essaie de la retirer, sans succès, descends chercher des pinces, à la cave, sans plus de résultat, et me résous alors à lire la notice. Il fallait presser cinq fois le bouchon, pour amorcer le spray. Il ne doit pas être loin de deux heures du matin lorsque je finis par m'endormir. » (p. 1099)

 « C'est un Corail, et je me rappelle le premier train Corail que j'ai emprunté. C'était pour les congés de Pâques, à Limoges, en avril 1967. » (p. 167) Un des rares moments où l'on peut prendre Bergounioux en faute. Les voitures Corail doivent dater du mitan des années 70.


 « Je porte un gros pull de laine bleue que Mam m'a tricoté il y a peut-être quarante ans » (p. 775). On le connaît ce pull, il existe même en version écrue, on voit l'un ou l'autre sur nombre de photos. Une espèce de serpillière à boudins, un truc qui gratte rien qu'à le regarder. C'est pour ça, entre autres, qu'il faut acheter les livres de cet homme : pour qu'il puisse enfin s'offrir un petit cashmere avec ses droits d'auteur.


 « A l'instant de repartir, une collègue me dit que la principale souhaite me voir. Je me rends au bâtiment administratif. On m'attendait pour m'annoncer que la Légion d'honneur m'a été décernée - le rectorat vient d'appeler. Je réponds que je n'en veux pas. » (p. 301). Erreur. Les décorations sont contingentées. En refusant une telle breloque, un homme de qualité laisse sa place au suivant sur la liste qui risque d'être un fâcheux ou un incapable notoire. C'est comme l'Académie française. Tant que Bergounioux ou Michon refuseront d'y entrer, on sera exposé à y voir trôner des Poivre d'Arvor ou des Philippe Meyer. Moi, je préfère le dire tout de suite, je prends tout : Légion d'honneur, Palmes académiques, Mérite agricole, médaille des sapeurs-pompiers et des donneurs de sang, je veux que ça tintinnabule sur mon veston.


 « Je reprends l'Esquisse, que je termine vers une heure du matin. » (p. 462). J'ai eu peur, j'ai cru un moment que c'était L'Equipe.


 « Beaucoup de voitures, de cars venus de Bretagne, à cause de la finale de football au Stade de France. La sorte d'existence que je mène me rend incompréhensible le fait de parcourir un millier de kilomètres pour assister, une heure et demie durant, aux évolutions de deux douzaines de bonshommes en culottes courtes derrière un ballon. » (p. 998). Vingt-deux bonshommes, Pierrot, pas vingt-quatre. Mais une heure et demie, c'est juste.


 « Un garçon me dira encore que les Carnets de notes l'ont aidé à vivre et alors, la peine que c'est, jour après jour, de combattre le temps irréparable est justifiée. » (p. 1061) Un moment rare, là aussi : le seul, en 3500 pages de Carnets, où Bergounioux jette un oeil indulgent sur son oeuvre.


 « Mme Leboissetier me propose d'assurer l'enseignement de littérature, pour lequel un poste vient d'être créé, à l'Ecole des beaux-arts. J'hésite. Je sais, pour l'avoir vérifié, il y a deux ans, combien il est plaisant de faire cours devant ces étudiants. Mais pour ingrat qu'il soit, mon public de collégiens me dispense, depuis le commencement, des tâches annexes, les corrections exceptées, qui sont la croix du métier. J'arrive, jette un oeil au cahier de textes et poursuis mon chemin... » (p. 634) Privilège de l'âge, il en faut bien, que je connais parfaitement. Une efficacité nécessaire, obligatoire, pour garder intact le temps imparti à la vraie vie : je suis capable en une séance, s'il le faut, de dépêcher mon cours, de corriger les travaux issus du précédent et de préparer ceux du suivant tout en épluchant Livres Hebdo et en remplissant une fournée de bulletins trimestriels. C'est fatigant, mais c'est la condition nécessaire au respect de la loi que j'ai édictée il y a une douzaine d'années et à laquelle je n'ai jamais dérogé : rentrer at home par le premier train, le cartable vide et l'esprit léger. Suffisamment désencombré pour rédiger, par exemple, une interminable notule sur Bergounioux.


 « Je réponds courtement aux questions de Frédéric Ferney. » (p. 640). C'était pour l'émission Le bateau livre, dont l'enregistrement a lieu le 29 mars 2006. C'est là que j'ai vu et entendu Bergounioux pour la première fois, su que je devais lire cet étrange bonhomme toutes affaires cessantes.


 « Nous quittons Les Bordes, Cathy et moi, vers sept heures. [...] Retardés par les gens de la Creuse et du Berry, qui n'avancent pas. » Ne pas oublier que Bergounioux est un automobiliste. Sur la route, il quitte sa grille de lecture marxiste pour se comporter comme vous et moi et prendre les plaques d'immatriculation pour des marqueurs socioculturels. Les Creusois roulent comme des limaces aux yeux des Corréziens. Les Vosgiens avancent comme des tortues aux yeux des Nancéiens mais les premiers considèrent les Meusiens comme des lambins alors que les seconds se font agonir par tout Mosellan qui se respecte. On est toujours le 88 ou le 23 de quelqu'un.


 « Je me suis procuré des macarons, rue Bonaparte, et les remets à Cathy. » Bergounioux chez Pierre Hermé. On aura tout vu, comme dirait l'autre.


 « Je fais quelques lancers mais la passion n'y est plus. » (p. 1177) Bergounioux ne pêchera plus. Plus le goût. Passion enfuie. J'en ai rêvé, peu après avoir lu ça. J'étais en vacances, en Creuse, et je n'allais pas à la pêche. On s'étonnait autour de moi. Je répondais que ça ne me disait plus rien. Quand je me suis réveillé, j'étais le plus malheureux des hommes. Si je perds ça et l'envie d'aller au stade, les deux fièvres qui m'accompagnent depuis l'enfance, qu'on m'abatte sans sommation.


 « Cathy rentre de l'institut et repart presque aussitôt pour Versailles. Elle passera par l'hôtel des ventes où sont exposés de la vaisselle, des bijoux puis dans une boutique de vêtements dont elle me rapporte deux pull-overs. » Ca, pour sûr, c'est les pulls écrus. On tient la coupable.


 « Il fait - 2° lorsque, à l'aube, je descends chercher le pain de la semaine ». (p. 835) On imagine qu'il le congèle ensuite pour les jours à venir. J'ai horreur du pain décongelé, ça n'a plus de goût, la croûte se détache, c'est une hérésie alimentaire. Quand Bergounioux m'invitera à manger, j'apporterai le pain.

 

19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 12:38

 

 

Lettrine (T Staccato arc en ciel) Le carnet de Jimidi

 

 

 

iens ? Ce serait marrant de consacrer les billets de mon mois de vacances exclusivement aux blogs que je visite ! Oui, bon, t’emballe pas, c’est une idée comme ça, pas une promesse. Mais ce matin, par exemple, j’ai été lire le très intéressant carnet de Manu, titré « Des choses et autres » et visitant sa liste de « C’est bien aussi » (dans laquelle cet ici-carnet figure, c’est trop gentil !) j’ai été me marrer sur  « Le carnet de [ses] impostures ».

 

Ce blog m’apparaît comme un modèle du genre, mettant en oeuvre avec talent nombre des caractéristiques de ce moyen d’expression.

 

C’est un blog féminin. Je ne sais pas s’il existe des stats sur les rédacteurs de blog, mais je ne serais pas surpris d’apprendre qu’ils sont majoritairement rédactrices. Je ne crois pas me tromper en affirmant que l’expression écrite, qu’il s’agisse de la produire ou de la consommer, est un domaine majoritairement féminin. D’ailleurs, dans la rue, aux stands « France loisir », on n’interpelle que les femmes. C’est un signe ! Pendant que j’y suis, fais gaffe avant de parler foot à Manu : contrairement à ce que pourrait laisser penser son pseudo à des esprits schématiques - dont le mien - c’est une fille.

 

Il y a d’autres caractéristiques, plus discrètes que le sexe, mais signant à coup sûr l’ancrage réussi de Mme Belette dans la formule « blog ». Tu dis ? Le choix des sujets ? Certes, elle trouve souvent l’inspiration dans sa vie quotidienne, mais après tout, les journaux intimes également. Non, c’est le ton.

 

Désinhibé. L’angle, c’est « Je suis ici chez moi et je ne vais donc pas me gêner pour l’ouvrir. » J’adore ça. Je partage complètement. Marre d’être en représentation. On a tous besoin d’espace, comme ça, dans lesquels lâcher le fond de sa pensée. Pour ça, les mecs ouvrent des bières, les filles des blogs et moi les deux.

 

Du coup l’écriture s’en ressent, mais ici dans le bon sens. Elle est parfaitement maîtrisée. C’est une caractéristique commune aux carnets très visités, où l’on prend plaisir à retourner souvent. Ils sont agréables à lire et jouent sur plusieurs registres de langue, ne s’en interdisant aucun, et surtout pas la langue verte, sans laquelle, putain, on se ferait un peu chier. J’aime également beaucoup le recours au discours intérieur, classiquement figuré par des caractères barrés, un truc dont perso je n’use pas, mais qui me fait bien rire chez les autres.

 

Bref, on aura compris j’espère tout le bien que je pense du carnet « Postures et impostures d’une belette » et j’espère ne pas excéder mon droit de citation en te livrant cet extrait :  

 

Dans la peau d’une tomate fraîche

 

Quand on parle de moi, on emploie souvent le mot "fraîcheur".

Autant être claire là-dessus : ça m'exaspère. 

Je suis très fraîche comme meuf paraît-il. 

Mon blog aussi, paraît-il.

Mon style, aussi, paraît-il. 

Pour moi, c'est très frais = c'est gentillet, printanier, naïf, léger, ça détend en passant, mais en fait ça sert à rien. 

Là, je sens que vous vous dites : « Mais c'est exactement ça ! » 

Vous m'exaspérez.

Après un énième « Je n'ai pas ta fraîcheur » prononcé cette semaine par quelqu'un qui n'osait pas se lancer dans la création d'un blog, j'ai décidé de me plonger dans la définition du terme avec l'espoir de me réhabiliter auprès de moi-même (un programme en 88 ans). 

 

(...)


La suite en cliquant sur le titre de l'article (le SIEN pas le mien ! (le boulet !)), et beaucoup d’autre choses sur « Posture et impostures d’une belette »

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  • Non mais, franchement...
  • Je ne m'en lasse pas :
  • "Mais puisque je vous dit que mon attestation...
    "Mais puisque je vous dit que mon attestation d'installation d'un détecteur autonome avertisseur de fumée à BRÛLÉ dans L'INCENDIE provoqué par le fonctionnement défectueux de ce putain de détecteur ! "
  • On me les a demandé : les voilà, les pigeonneaux...
    On me les a demandé : les voilà, les pigeonneaux du balcon. J'avais l'impression que les petits, quelque soit l'espèce, étaient forcément au moins aussi beaux que les parents, voire plus - surtout les miens - mais quand tu vois ce désastre... Encore,...
  • Allo ? Y'a quelqu'un là haut ? Quand je disais...
    Allo ? Y'a quelqu'un là haut ? Quand je disais "on va tous mourir !" Je PLAISANTAIS ! C'est bon ? Tu peux remettre la clim ?