Jimidi, pas très réveillé : il ne s'est pas aperçu qu'un drap de lit était resté accroché.
Quatre, cinq ans qu’on participe au Salon de la Revue ? Je ne sais plus. L’avantage, c’est qu’on profite de l’expérience pour s’améliorer. Tiens, par exemple, le diable pliant pour transporter l’intransportable valise bourrée à craquer d’exemplaires : validé. La bouilloire et les sachets de thé et café et sucre : validés. En revanche, on était un peu juste en verres. J’ai d’ailleurs eu la surprise, en allant acheter un thé « officiel » au buffet, pour avoir un verre(ce Salon est très bien organisé. Il y a un coin où l’on peut acheter du liquide, du salé, du sucré. Ça coûte un bras, mais avec le monde qu’il y a, rien n’impose que ce soit le tien.) de voir la touillette FONDRE et se racornir au fond du verre, comme… Ah ben non, y’a des enfants. D’ailleurs tiens, puisqu’on parlait matos et mauvaises idées, avec une valise d’une tonne, le métro, il eut mieux valu oublier. Partout des escaliers ! J’avais dû faire les trajets à pied, la dernière fois. Je ne me souviens pas d’une telle galère.
Arrivé sur le site du Salon, vers 13 heures ce vendredi, j’y suis accueilli par l’impeccable Yannick, souriant, virevoltant mais je découvre, hélas, que nous ne disposons plus de l’emplacement de l’année dernière, celui tout dans le coin, mais si pratique pour s’étaler et bavarder sur les marches. Il est attribué à Siranouche, avec laquelle je ferai bientôt connaissance, l’éditrice d’une sympathique petite revue d’art sans texte. Je dépose mon fourbi. A cette heure là, il n’y a encore quasi personne et c’est tant mieux parce que les livres sont SOUS le linge et qu’il me faut donc d’abord sortir le linge (propre). Retour sur zone prévu en fin d’après midi, sachant que l’inauguration officielle est prévue pour 19 heures.
De là, avec une valise redevenue légère comme un nuage, je suis allé chez Cat, avec qui j’avais imprudemment convenu d’un rendez-vous chez elle à 16 heures. Mais, si tu as bien suivi, il était genre 13h30 et j’étais donc en bas de chez elle à 14 heures. J’y vais au culot : je sonne. Je sais, c’est très grossier, mais en attendant un peu sur un banc pas loin, je m’étais déjà fait aborder deux fois, pour une clope par deux jeunes filles et pour une petite pièce siouplait par un asiatique plus très frais.
Elle est là, en train de finir son ménage. Je découvre l’appartement, dont je n’avais eu que les plans et quelques photos de chantier : ouaou ! La vue est à tomber, y compris littéralement vu le dénivelé de la butte Montmartre. Baie vitrée de six mètres sur quatre et rien devant jusqu’aux iles anglo- normandes si ce n’est la houle gris claire des toits parisiens, avec la tour Eiffel tout à gauche, les tours de La Défense là-bas et ailleurs, rien que je reconnaisse. La légende veut que Renoir ait peint là et d’ailleurs oui, en y réfléchissant, Cat aurait fait un très bon modèle, pour un portrait, il y a des enfants !
La vue, de chez Cat
Puis retour au Salon sans valise, pour installer le stand. Et là, boum ! Siranouche. Je me suis empressé de nouer assez de contacts avec elle pour rendre notre promiscuité supportable et bien m’en a pris, parce qu’avec la foule, la fatigue, le moindre truc qui va de travers peut vite déclencher des envies homicides. J’installe, en attendant que Cat réinstalle tout à sa façon, mais je lui fait beaucoup plus confiance qu’à moi en la matière. Tiens, c’est par exemple elle qui a insisté pour qu’on ajoute « Atelier d’écriture » à côté de notre pancarte et c’est vrai que c’est une « accroche » qui nous a valu des visites intéressées.
La haie d'honneur, à l'entrée du Salon
Elle arrive, réinstalle tout mieux, comme prévu et Sylvain pointe également son nez, mais tout ça, c’était après l’inauguration officielle, dont je ne retiendrais que ma stratégie payante pour accéder aux petits fours : viser les trucs sur lesquels personne ne va se ruer d’abord (pain et fromage) et selon un angle d’attaque le moins frontal possible. L’idéal, c’est donc de stationner en bout de table pendant les discours et d’avoir juste à allonger le bras pour cueillir une tartine et du brie. M’en suis modérément goinfré. Il est vrai qu’à cette heure-là, j’avais un peu des crocs. Qu’ajouter sur ce vendredi ? Que la visite de Sylvain était, comme d’hab, tout à fait la bienvenue et la présence de Cat bien agréable aussi. D’ailleurs, je peux le dire, le salon seul derrière un stand, c’est mortel. L’idéal, c’est d’être au moins deux. L’un tient le stand et l’autre s’approche sournoisement des visiteurs qui s’attardent et attaque, de biais là encore par quelque chose comme : « Vous écrivez ? » qui donne des réponses qui vont du : « Moi ? Pas du tout », à « Mouais, un peu… » Sans avoir du franchement oui. Mais une fois le contact noué, c’est toujours intéressant de parler avec ceux qui s’arrêtent. En tous cas plus que de voir des visiteurs passer, feuilleter, prendre des marque-pages, pas décrocher un mot, et enchaîner sur le stand d’après.
Validée aussi : notre couverture. Je ne suis pas loin de penser qu’avec leurs couleurs volontiers fluos, leurs graphismes, nos couverture attirent de loin, d’autant qu’elles tranchent sur l’impeccable sérieux et la course à la crédibilité dans laquelle semble engagée la moyenne de la production présente au Salon. Ça, et la fameuse étiquette « Atelier d’écriture », nous voilà assuré de « pêcher » quelques auteurs et quelques illustrateurs, assez pour renouveler les contributeurs, puisque certains s’absentent. C’est par exemple le cas d’Aymeric et de Marie L. : disparus des écrans. Appas n’est pas réapparu non plus (il nous avait rendu visite il y a deux ans), mais ça ne m’empêche pas de le publier, ce qui me fait penser qu'il n’a pas explicitement donné son accord. Bah, il n’a pas explicitement donné son désaccord non plus. Mouais… C’est un peu limite, je sais.
Le samedi matin, j’ai fait la perm, mais il faut le savoir, au Salon, les matinées sont un peu creuses. L’après-midi, les TROIS directrices de rédaction étaient là : Cat, Michèle, Aline et nous avons eu la visite de Jean-Paul, resté un bon moment pour faire étape sur sa route vers la Belgique. A 20 heures, on était complètement nazes et comme personne n’était vraiment dispo pour un resto ou autre folie, ça c’est terminé chez Cat avec un plat de pâtes et un coucher rapide, non sans avoir encore une fois admiré la vue. Nocturne, elle est assez bluffante également.
Le lendemain dimanche, je me suis réveillé juste à temps pour qu’après une douche et un petit déj, il soit l’heure d’aller au Salon. Ce dimanche, nous avons eu un max de visites. Dans le désordre : Roger et Cathy, Yves-Ferdinand, Gabriel, Gaëlle, Marie C. et comme le staf des girls étaient encore là dans l’après-midi, c’était assez animé. Le soir, on a plié un peu avant l’heure, nazes toujours et tiens ? Comme j’avais oublié la valise fatale chez Cat, j’ai bourré les sacs de Roger et Cathy d’exemplaires et mis le reste dans un carton qui traînait, le tout sur le diable pliant et hop, direction chez Jane, avec elle d’ailleurs, puisqu’elle nous avait rejoint en fin d’après-midi. Lapin et riz (je crois). Ça m’a fait du bien, de revoir Jane et Christian. Sont en forme, joli appartement près de la cité de la villette, très agréable tramway pour rentrer, à des heures pas tout à fait indues, mais presque. M’en fout, j’avais la clé.
Lundi matin, pas vraiment grasse mat puisque j’avais prévu un détour par la pharmacie de Maya, pour y déposer les exemplaires restant de Scribulations 01/14. Longue ballade au jardin des plantes, sans me presser : la Gare de Lyon est juste de l’autre côté du pont. Sandwich, pause dans le hall en attendant que le quai s’affiche et c’était reparti pour Lyon, ou j’ai repris un train direction… Paris ! Mais je me suis arrêté à Villefranche, bien sûr. Ma brune était là, les chats aussi, plantes et poissons au top, pas de mauvaises nouvelles : un bon salon, finalement.
Gare de Lyon. Intéressantes, ces dates fissurées. On dirait du Fabienne Verdier
Financièrement, on s’en sort pas mal puisque 22 exemplaires ont été vendus, mais je le rappelle, l’équilibre financier de l’opération repose surtout sur le prix des billets TGV (je les ai eu pour rien, cette fois) et sur les erreurs dans la comptabilité de Maya, dont on aura compris qu’elle n’était pas au Salon cette année.
Il me reste à remercier infiniment les présents, les absents, les présents par la pensée et vous tous qui, d’une façon ou d’une autre, permettez que cette aventure littéraire continue, sur des bases inchangées de convivialité, de qualités humaines et artistiques depuis… sept ans. Je pense déjà un peu au numéro anniversaire des dix ans (on a le temps) mais également au numéro de l’année prochaine, dont on sait déjà qu’il comportera une rubrique « Cinéma », avec les films qu’on se fait, mais pas que.
Aline est passée à l'ennemi
Finalement, non.
Deux scribulateurs historiques
Oui, ben, hein ! Faut pas se laisser abattre !
Je crois que Jean-Paul est en train de m'écrire un petit mot