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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 22:12

 

 

 

Don Eddy - Leonard's folk took a trip - 1969 - Le carnet de

 

 Don Eddy - Rat - 1969 - Le carnet de Jimidi

 

 

 

Lettrine (M Rockwell - Don Eddy) Le carnet de Jimidiarrant ça : on ne trouve pas grand-chose sur Don Eddy. Ses bios riquiqui nous apprennent qu’il est né en 1944 en Californie, où il vit encore. On apprend également qu’il est converti au bouddhisme, ce dont on pourrait se foutre complètement, si ce n’est que les rares commentateurs - qui se recopient volontiers entre eux - semblent établir un lien entre la démarche spirituelle de l’artiste et son attention portée à chaque chose, dans chacun de ses détails. Admettons.

 

Perso, j’avais découvert Don Eddy à l’occasion d’une précédente note sur Roberto Bernardi - Peintre photoréaliste -  où j’avais élargi mon propos à d’autres peintres, dont Don. J’y repensais en évoquant avec Mélanie la malédiction photoréaliste frappant ce carnet. Elle m’engageait à ne pas lutter, à suivre la pente, à me laisser aller à la gravité. « C’est ton karma » ajoutait-elle entre deux gorgées de Don (Pérignon). Mais avant de me sentir devenir jusqu’au-boudhisme, je l’ai laissé sous les ors ternis de sa préfecture pour rentrer à pied.

 

Mais très heureusement, dans ce relatif désert, au sein duquel le site de la galerie de Nancy Hoffman, pourtant chargée des intérêts de l’artiste, ne fait guère figure d’oasis,  le site de Don Eddy présente une quasi encyclopédie de ses oeuvres, très heureusement classées par tranches chronologiques : 67-72, puis 73-1990, 91-2004 puis 2005 à 2006 et enfin « Recent painting » soit au total 155 oeuvres : largement de quoi se faire une idée. 

 

Don Eddy - Van Wyk Volkswagen - 1971 - copy - Le carnet de

  

Don Eddy - Wrecking Yard - 1971 - oil on canvas - 66 x 66

 

 

Don Eddy semble démentir l’adage selon lequel, pour un peintre, les soixante premières années sont les plus difficiles. Ses toutes premières oeuvres témoignent d’une inspiration plutôt surréaliste, mais qu’il abandonne assez vite pour verser dans un hyperréalisme où son hallucinante maîtrise technique lui permet semble-t-il de s’épanouir. Ses sujets sont alors volontiers automobiles, avec une prédilections pour la « Coccinelle VW » qu’il peint dans tous ses états. Puis il se passe quelque chose de très intéressant avec l’irruption de la réflexion, comme si le peintre avait réalisé que les vitrines - à commencer par celles des concessionnaires auto - offraient une possibilité de « tableau dans le tableau » ou plutôt de représenter sur la même surface le dehors et le dedans, les voitures exposées et celles garées devant le magasin.

 

Don Eddy - BMW showroom windows - 1971 - Le carnet de Jimid

 

Don Eddy - Bananas, Apples, Avocados & Tomatoes Supermarket

 

Don Eddy - Siver shoes - 1974 - Le carnet de Jimidi

 

 

 

Puis Don Eddy semble se faire bouffer par la vitrine ou, pour utiliser une image plus poétique, franchir le miroir et se perdre. Ce doit être un moment assez terrible, celui où l’on réalise que sa virtuosité permet de tout représenter, que rien n’est trop compliqué pour sa technique. Peut-être faut-il voir alors dans les vitrines de verres et les vitrines de jouets une sorte de défi lancé au peintre par lui-même ? On sent dans ces oeuvres quelque chose d’ultime, d’incroyablement habile mais en même temps d’une grande aridité. C’est parfait, mais en même temps quasi pénible à regarder.

 

Don Eddy - G-III - 1979 - oil on canvas - 73 x 48 

Don Eddy - CII - 1980 - Le carnet de Jimidi

 

 

On repère très bien comment s’est effectué le passage à la période suivante. Dans la vitrine, le peintre a fait figurer des légumes à la place des jouets, ce qui est en soi une bonne idée, les uns et les autres présentant des formes rondes, des couleurs vives, un aspect vernissé. Puis les légumes sont peints pour eux-mêmes, sans rayonnage et j’ai l’impression que par eux, Don Eddy retrouve un lien avec le vivant, la nature. C’en est fini des villes, des automobiles et des vitrines. Les toiles suivantes font appel à des éléments végétaux, des paysages, de l’eau, des nuages et ses dernières oeuvres consistent en de bien intéressants assemblages de plusieurs toiles, composant des scènes dont on sent bien qu’un discours justifie leur coexistence, mais sans que celui-ci soit très explicite, même si on sent des préoccupations humanistes, environnementales et quelque chose de new âge dans la glorification d’une nature où l’homme se fait discret.

  Don Eddy - Dreamreader's harvest - 1989 - Le carnet de Jimi

 

Don Eddy - Dreanreader's table - 1990 - Le carnet de Jimidi 

Don Eddy - Rumi's four seasons - 1998 - Le carnet de Jimidi

 

 Don Eddy - Standing in the way - (après 2000) - Le carnet

 

 

Ce n’est pas la période que je préfère. Je sens là une volonté de faire « joli » dont les résultats me paraissent un peu trop décoratifs. J’aime mieux les sujet urbains, les voitures et tout particulièrement les oeuvres peintes par Don Eddy entre 1970 et 1974, quand il mélange objets et reflets dans les vitrine, même (ou surtout ?) parce qu’elles annoncent l’impasse dans laquelle le peintre va s’engager pour plus de dix ans.

 

Don Eddy - Genesis song II - (après 2000) - Le carnet de J

 

 

  Illustrations : Toutes ont été extraites du site du peintre.

 

 

24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 19:53

 

 

Balade du 24 avril 2011 - Les crets de Beaumont par beau te

 

 

Tant de paix, de beauté, de calme, de nature en fête, dans la stridulation des insectes, les chants d’oiseaux, le bleu presque sonore des myosotis et de la sauge sauvage, sous l’ombre des nuages défilant sur les prairies, baignant dans la fraîcheur des couleurs saturées par la petite pluie de la nuit dernière, sans oublier les vaches : c’est presque douloureux.

 

Balade du 24 avril 2011 - un nuage de beau temps - Le carne

 

Balade du 24 avril 2011 - Pissenlit isolé - Le carnet de J

Balade du 24 avril 2011 - Orchis - Le carnet de Jimidi

 

 

Ballade du 24 avril 2011 - vache et son veau - Le carnet de

 

Balade du 24 avril 2011 - portrait de vache - Le carnet de

23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 17:50

 

 

Jean-Marc-LaFreniere---Les-chiens-maigres-de-l-om-copie-1.jpg 

23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 11:31

 

  Lettrine--E-quixle---Bleu-Mikla--Le-canet-de-Jimidi.jpg

 

 

motionnellement, l’écriture expose l'auteur à des forces l’attirant en lui, du côté de l’intériorité, du recentrage, de l’introspection, mais elle l’expose également à des forces le poussant au contraire vers l’autre, l’extérieur, l’en-dehors.

 

La pensée, comme langage plus ou moins articulé, adressé silencieusement à soi-même, attire vers l’écrit confidentiel, comme s’il s’agissait, finalement, par l’intermédiaire d’un stylo ou d’un clavier, de déverser un trop plein de langage, de le fixer sur une mémoire moins volatile. Ce faisant, l’auteur découvre qu’il y a loin de la pensée à l’écrit. L’écrit réclame une formulation plus précise, plus linéaire, plus articulée quand la pensée se satisfait très bien de raccourcis, d’ellipses, d’associations avec des images visuelles, émotionnelles, olfactives, sonores et de cheminements en étoile, en allers-retours, ou erratiques.

 

Le texte, par les contraintes qu’il impose, par cet irréductible écart avec l’idée qu’on en avait, apparaît alors à la fois comme un point d’appui pour revenir à la charge de ce qu’on voulait dire, le préciser, le clarifier, l’organiser, mais il apparaît également comme un objet distinct de soi, communicable, ayant en tant que tel son existence et son autonomie.

 

Dès lors chaque texte témoigne de la résultante singulière des forces contraires s’exerçant sur son auteur : celles le centrant sur lui, celles le poussant vers l’Autre. Mais chaque texte s’inscrit également dans l’histoire personnelle de cet équilibre.

 

Et les blogs, dans tout ça ? J’y viens.

 

J’y pensais devant l’insuccès retentissant de Scribulations.fr, ou de son très, très lent démarrage, si tu veux voir le verre plutôt à moitié plein. Cette plateforme voulant retrouver les conditions dont nous avons été privées par la disparition des groupes MSN, s’inscrit dans un contexte qui n’a plus rien à voir avec celui de la fin des années 90, début des années 2000. On peut comprendre rétrospectivement que des auteurs, mus par les forces contraires dont je parlais, aient trouvé sur ces forums, ces échanges avec d’autres vers lesquels les poussait leur écriture, puisqu’en gros, il n’y avait rien d’autre, du moins sur le Net. Mais aujourd’hui, les blogs peuvent apparaître comme la formule idéale permettant de réaliser l’équilibre entre une écriture centrée sur soi et sa très large exposition à la lecture de l’autre.

 

C’est totalement illusoire, bien sûr, mais nous aimons (et moi le premier) nous bercer d’illusions. La première illusion c’est celle d’être lu, mais celle-là ne m’apparaît pas comme très problématique. Je peux me tromper, mais il me semble que pour un auteur, une fois son texte détaché de lui, bouteille à la mer ou deux cent mille exemplaire vendus, ça n’a pas grande importance. Ce qui compte, c’est les retours, les critiques, les avis et surtout la petite étincelle dans l’oeil de son lecteur, n’y en aurait-il qu’un.

 

La deuxième illusion, très préoccupante celle-là, c’est de croire qu’on peut tout écrire sur un blog perso. Or tous ceux et celles qui tiennent où on tenu un blog le savent bien : petit à petit, son écriture pose ses propres exigences. Il me semble avoir été clair avec cette idée mais j’insiste : pour moi, toute écriture impose son propre cadre. Je le dis autrement : on n’écrira pas pareil un article pour une revue papier, un poème pour un recueil, un mémoire universitaire, un rapport pro, un roman etc. Aussi, que ce soit au départ ou à l’arrivée, on se trouve largement autant contraint par la forme même du « carnet électronique » que par n’importe quelle autre. Il n’y a pas d’écriture libre, il n’y a que des écriture cherchant la liberté.  

 

Le blog offre bien DES libertés, mais pas toutes et en raison même de son exposition publique, même si nous ne sommes pas lus (nous pourrions l’être) je crois qu’il impose une forme beaucoup plus journalistique que littéraire.

 

Du coup, et c’est là que je voulais en venir, ni l’écriture au plus proche de soi, ni la communication intime avec celle-ci n’ont en moyenne leur place sur nos carnets. Si je ne me trompe pas trop, les auteurs, du moins ceux engagés par leur écriture dans une quête littéraire, dont je ne suis pas loin de penser que l’écriture en est à la fois le moyen et l’objet, ceux-là écriront et publieront toujours en dehors de leur blog et ceux-là chercherons toujours un lecteur, un vrai. C’est à ces écritures et ces lectures se cherchant que voudrait inviter Scribulations.fr.  

 

20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 23:22

 

 lame rechargeable pour trous de serrures - Le carnet de Jim

 

 

Lettrine (Q Gill sans trou de serrure) Le carnet de Jimidiuand je pense à tous ces pauvres gens coincés jusque là sur leur seuil, dans le noir, des heures, à chercher leur trou de serrure, je m’étonne - pardon ! - je m’indigne qu’il ait fallu attendre autant de temps pour que les progrès technologiques permettent, enfin ! de  proposer dans le catalogue Gifi daté du 19 au 27 avril 2011, cette lampe rechargeable pour serrure !

 

Imagine. Tu t’approches en voiture de ton pavillon, tu ouvres au bip le portail sur la rue, tu ouvres au même bip la porte du garage tu rentres la voiture et là, merde ! L’architecte n’a pas prévu de porte communiquant entre icelui et le reste de la datcha. T’es marron. Tu es obligé de ressortir du garage pour entrer par la porte heureusement prévue dans la façade et pour un peu qu’il fasse nuit noire (ça ne m’étonnerait pas, vu la poisse que tu traîne) tu es bien content de trouver ton trou de serrure éclairé.

 

Ou alors tu habites dans les étages, comme moi, et ce soir là, c’est la panne électrique généralisée. Pas d’ascenseur, pas de minuterie, rien. Tu gravis les escaliers dans le noir en comptant les étages - la nuit, tous les paillassons sont gris - mais en arrivant devant ta porte, hop, tu vois précisément l’emplacement de ton trou de serrure grâce à la lampe rechargeable pour serrure. Tu dis ? Ça va pas aller longtemps, parce qu’à l’intérieur de l’immeuble, dans la cage d’escalier, elle n’a aucune chance de se recharger ? Reste optimiste, ce serait bien le diable que cette panne dure longtemps. Quand tout sera réparé, après être monté dans le noir, mais avant de refermer la porte derrière toi, pense à allumer la minuterie, comme ça ta lampe pour serrure va pouvoir se recharger à la lumière artificielle.

 

Ou alors, tu habites ce monde parallèle étrange dans lequel le trou de serrure est une espèce mobile, et nocturne. Le seul moyen de l’immobiliser - classique pour beaucoup d’espèces - c’est de le coincer dans un faisceau lumineux. Là, il ne bouge plus et tu peux rentrer chez toi.

 

Ou alors tu surveilles ton poids et le docteur t’a interdit d’accrocher une mini-lampe de poche à ton trousseau de clés. Comme il t’a interdit, mais on comprend beaucoup moins pourquoi, d’accrocher une lampe au-dessus de ta porte d’entrée.

 

Il parait que le service-recherche de l’entreprise proposant cet article, planche sur un modèle voisin, destiné aux trous du cul. Mais s’il fallait croire tout ce qu’on dit...

 

 

19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 22:45

 

Richard-Dunbrack---Horloges---Le-carnet-de-Jimidi.jpg

 

 

À propos de Richard Dunbrack, dont l'infatigable Netkulture nous présentait le travail en  ce 6 juillet 2009, on pourrait se demander s’il propose des armoires, des horloges ou des sculptures. Mais ces précisions n’auraient pas vraiment d’importance, vu que ses meubles-œuvres apportent massivement avec eux un univers dont on sent bien qu’il est aux antipodes d’Ikéa et des références habituelles en matière de mobilier.

 

Le premier abord des horloges-sculptures-armoires de Richard Dunbrack est plutôt sympathique et j’ai cédé en les découvrant à un mouvement d’adhésion spontané, sur le mode : « Tiens ? Marrant ! » Mais au deuxième ras-bord, j’ai versé dans un scepticisme pas loin du rejet, le même qu’envers Disneyland et je le crains, pour les mêmes raisons. Je ne sais pas encore exactement où m’emporte cette chronique, mais j’ai bien peur que Richard Dunbrack en fasse les frais après m’être trouvé injuste avec lui puisque je sens bien que je vais régler des compte ouverts chez d’autres, de longue date.

 

On peut avancer sans grand risque de se tromper que Richard Dunbrack a dû entendre mille fois : « Ohhh ! On le/la/les dirait sortis d’un film ! » Je n’ai rien contre ce qui sort des films, ni des livres, c’est quand on me propose de ne pas en sortir et de m’y enfermer, que je sens poindre le malaise. Je peux me tromper, mais il me semble qu’un des grands charmes de la fiction se trouve dans ses différences avec le réel. C’est un écart qui n’est pas nécessairement large et sur lequel elle peut d’ailleurs jouer, en prétendant qu’il est nul. Il doit y avoir un mot pour ça. Il m’échappe. Ce mot dirait qu’on sait, qu’on a besoin de savoir quand est-ce que c’est réel et quand ça ne l’est pas, quand est-ce qu’on est « dedans » et quand est-ce que qu’on est « dehors ». Ce n’est pas incompatible avec notre faculté de jouer le jeu de la fiction quand on  y est immergé ; d’y croire complètement. Je dirais même, au contraire.

Or les tentatives sont nombreuses pour nous faire croire que le réel n’est jamais qu’une histoire et un décor comme un autre et que là aussi, tout va toujours bien se terminer. Les tentatives pour fictionner le réel, on est bien placé en France pour les apprécier puisqu’une majorité d’électeur a pris comme personnage principal du feuilleton de la Vème république, un illusionniste capable à la fois de nous bercer d’illusion et de nous endormir en nous racontant de belles histoires. Le mensonge, car s’en est un, est de vouloir nous faire croire que les fictions se valent et que l’Histoire, la vraie, ne tient qu’à la façon de la raconter. Un mensonge voisin voudrait que la fiction et pendant qu’on y est la littérature, et hop, l’art, et boum, toute la culture n’ait pour seule fonction que de nous divertir, de nous faire nous évader, d’oublier. Mais oublier, ce n’est pas se faire de faux souvenir et nous évader, si c’est pour changer de taule, non merci !

 

Tiens, elle est peut-être là, l’irréductible frontière entre l’art et la soupe : l’un attise la faim de penser, la soif de savoir, la curiosité, il redresse et met en mouvement, l’autre gave et repaît jusqu’à la satiété, nous endort, nous allonge, nous souhaite « de beaux rêves », ceux dont on voudrait ne jamais s’éveiller. Mais ne plus jamais se réveiller, ne plus jamais être vraiment là, ça port un nom, et même plusieurs : la matrice, le tombeau, l’illusion permanente, la folie…

 

Ça y est ? Je me suis emballé ? J’ai largué Richard Dunbrack ? Ah oui, tiens, il est resté vingt lignes plus haut. J’ai peur d’un intérieur qui serait à l’image de ce qu’il propose. Peur comme me font peur ces chambres de petite fille où tout est rose, peur qu’on finisse tous figurants dans un parc à thème, qu’on pourrait appeler, ha ha, « Nerverland ».

 

 

Figurants de parcsPieter-GIJSELS--1621-1690--Anvers---Paysage-d-ete.jpg à thème II

 

 

C’est encore tout énervé par ma chronique «Figurants de parc à thème » que je suis tombé chez Martin Lothar et son manuel de survie sur ce tableau de Pieter GIJSELS (1621-1690, Anvers) titré : « Paysage d’été », mais que perso, j’aurais intitulé : « Oh chéri regarde : des gueux ! »

 

Ça va être le tour de Pierter d’en prendre injustement pour son grade, mais, bile échauffée ou non, je trouve sa campagne d’été proprette. Y’a rien qui dépasse et surtout pas la mauvaise herbe de la lutte des classes. C’est une campagne de carte postale, qui préfigure celle de Marie Antoinette : Prise de passion pour le Petit Trianon, la Reine Marie-Antoinette y fit créer (dans les années 1780) un véritable hameau avec tous les bâtiments d’une ferme modèle : chaumières, colombier, moulin et une laiterie. Loin des rumeurs de la Cour, elle peut y jouer à la fermière, entourée d’amis proches, telle la duchesse de Polignac ; la reine et ses amies jouent les bergères, vêtues de toilettes légères, blanches de préférence et coiffées de capelines fleuries. Venus de Suisse, des petits troupeaux de vaches et de moutons égaient les pelouses ; les moutons ont le cou orné d’un noeud de satin.

 

C’est donc bien à une mise en scène, à une représentation de la campagne à laquelle nous assistons en regardant ce tableau. Ça me parait particulièrement évident avec l’histoire qui nous est racontée à droite : « La campagne ? Tu attends que les fruits de l’arbre en face de chez toi soient murs, puis tu n’as plus qu’à les récolter à pleins paniers pour les vendre aux gens qui passent. En plus, tu peux en donner à bouffer aux gamins, c’est pratique. »

 

On cherchera en vain à identifier l’arbre en question. On remarquera juste que toute personne sensée, si elle voulait en récolter les fruits, ne l’aurait pas laissé pousser au point qu’il ne tienne même plus dans le tableau. Le reste est à l’avenant. C’est dire qu’entre la campagne et l’idée de campagne à l’usage de ceux pour qui elle n’est supportable que l’été quand il ne pleut pas, y’a un monde.

 

Aux lecteurs de cette chronique, qui auraient sur l’agriculture et l’élevage la tête encore joliment plantée de potagers et toute bruissante de basse-cour, on conseillera la série « Notre pain quotidien » filmant sans aucun commentaire et sans agressivité particulière d’ailleurs, les conditions de production de notre bouffe actuelle, celle que vous et moi achetons en grandes surfaces. J’ai encore en tête un aspirateur à poulets vivants, des tapis roulants charriant des flots de poussins traités comme de la matière première et le regard fou d’un bœuf qui allait mourir et le savait.

 

 

 

19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 18:21

 

Grand taureau noir de la grotte de Lascaux - Le carnet de J

 

 

 

Depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire, j’entends qu’on s’amuse et qu’on chante au bout du couloir. Quelqu’un a touché le verrou et j’ai plongé dans le grand jour. J’ai vu les fanfares, les barrières et les gens autour. Dans les premiers moments, j’ai cru qu’il fallait seulement se défendre, mais cette place est sans issue ; je commence à comprendre. Ils ont refermé derrière moi. Ils ont eu peur que je recule ? Je vais bien finir par l’avoir cette danseuse ridicule. Est-ce que ce monde est sérieux ?

 

Est-ce que ce monde est sérieux ? Andalousie, je me souviens : les prairies bordées de cactus… Je ne vais pas trembler devant ce pantin, ce minus ! Je vais l’attraper, lui et son chapeau, les faire tourner comme un soleil. Ce soir la femme du torero dormira sur ses deux oreilles. Est-ce que ce monde est sérieux ?

 

Est-ce que ce monde est sérieux ? J’en ai poursuivi des fantômes, presque touché leurs ballerines. Ils ont frappé fort dans mon cou pour que je m’incline. Ils sortent d’où ces acrobates avec leurs costumes de papier ? J’ai jamais appris à me battre contre des poupées !

 

Sentir le sable sous ma tête, c’est fou comme ça peut faire du bien. J’ai prié pour que tout s’arrête… Andalousie, je me souviens. Je les entends rire comme je râle, je les vois danser comme je succombe. Je ne pensais pas qu’on puisse autant s’amuser autour d’une tombe. Est-ce que ce monde est sérieux ?

 

 

Francis Cabrel « Samedi soir sur la Terre » - La corrida - Assis sur le rebord du monde - La cabane du pêcheur - Samedi soir sur la Terre - Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai - Les vidanges du diable - L'arbre va tomber - Octobre - Le noceur - Tôt ou tard s'en aller

 

Jolie jeune vache charolaise pour Br'1

 

Illustrations : Le grand taureau noir de la grotte de Lascaux et une jolie jeune génisse charolaise irisée par le frais soleil d’automne, un matin au-dessus de chez moi, juste pour Br’1. Barrez vous les autres.

 

Sinon, y’a aussi tout le troupeau de mon ancien carnet

 

17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 12:33

 

 

Une-vache-dans-ma-chambre---edition-Motus---2008---texte-d.jpg

17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 10:33

 

LO - Douceur bleutée - Le carnet de Jimidi

 

 

Lo - objets du quotidien - canette de Coca - Le carnet de J

 

 

 

 

Lettrine (LO Franklin Gothique) Le carnet de Jimidi Torregrossa occupe parmi les artistes dont j’admire le travail une place particulière puisque j’ai un dessin original de lui : un projet de couverture pour un livre jamais édité. Lo occupe également une place particulière parmi les autres peintres photo-réalistes, en plaçant ses pinceaux et son aérographe un chouia plus côté peinture que photo. Je m’explique. Fréquemment, les oeuvres hyper-réalistes provoquent un léger malaise liée à l’incertitude qu’à leur spectateur, sur le Net, de se trouver devant une photo ou la photo d’une oeuvre. C’est le malaise du trompe-l’oeil : somme nous devant le réel, ou son image ? Parfois, ce léger malaise n’est qu’un début, l’artiste profitant de notre incertitude pour nous fourguer un propos volontiers dramatique - Je pense tout particulièrement à Ron Mueck - mais que sa virtuosité technique rend sinistrement crédible.

 

Chez Lo, pas de malaise. Il peint et heureusement, ça se voit. Pas dans les coups de pinceaux, mais plus subtilement dans la lumière intérieure très particulière qui illumine ses oeuvres. Si cette lumière était un son, ce serait peut-être celui d’un carillon accroché sous la véranda, tintinnabulant dans la brise de mer. Si c’était une fleur, ce serait un bouquet frais trônant sur la table d’un repas dominical rassemblant la famille. Si c’était une odeur, ce serait celle d’une pâtisserie en train de cuir au four. C’est donc une lumière tendre et optimiste, une lumière qui éclaire la coupe de la vie - celle qu’on boira jusqu’à la lie - encore moitié pleine plutôt que déjà moitié vide. Une lumière nostalgique, mais dont on aurait enlevé toute tristesse, comme ailleurs la caféine dans le caoua.

 

Lo - Un peu plus loin - Le carnet de Jimidi

 

Un autre truc qui m’embarque bien dans le travail de Lo, c’est les bateaux. De toute façon, moi, toutes les grosses machines à voyager... Du coup, comme je sais que tu passeras tôt ou tard par ici, je te recommande les photos d’Hervé Cozanet de l’Arctic Princess. Si je ne me trompe pas trop, elles devraient te plaire. Tu dis ? M’envoyer une toile pour me remercier ? C’est trop gentil ! (Ça ne coûte rien d’essayer. Hi hi !)

 

Vous pourrez admirer les oeuvres de Lo sur son site, les acheter, commander le portrait de votre maison, ou tiens, celui de votre yacht ou encore mieux, celui de votre porte-containers.

 

Arctic-ponts--photo-Herve-Cozanet---4

 

L’Arctic Princess - Photo Hervé Cozanet

17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 07:40

 

jet-bike.jpg

 

 

 

Lettrine-Jet-bike.jpgien sûr que j’attends quelque chose comme ce « Jet Bike » avec impatience !  Je m’y vois déjà : je sors mon jet-bike dessiné par Norio Fujikawa du garage, un coup de démarreur et hop, c’est parti pour une petite balade au-dessus des nuages. Whaooou !  

 

Mais ça, c’est ce qu’on verrait dans le spot de pub sur la télé 3D, parce qu’en vrai, dans le garage, faudrait déjà écarter le tricycle du deuxième et la poussette anti-gravité de la petite dernière pour sortir l’engin en slalomant parmi les sky-skates de leur frère. Jamais compris pourquoi il lui en fallait plusieurs douzaines. Pourrait les ranger dans sa cham… Ah ben non, elle est déjà pleine.

 

Et bien sûr, arrivé au-dessus des cumulo-nimbus : panne sèche. Elle n’aura pas eu le temps de refaire le plein de kryptonite après ses deux trois petites courses. Elle m’en a parlé, mais je n’écoute jamais. Je n’aurais plus qu’à attendre des plombes à me geler les boulons dans ce putain de nuage jusqu’à ce qu’on vienne me chercher.

 

Ou alors, j’aurais rêvé depuis mon enfance de ce modèle, dans les premiers jet-bike sortis. J’aurais patiemment économisé des dizaines d’années sur la monnaie du pain, raté le permis de vol la première fois à cause de cette putain de question sur les overdrive pour finalement, enfin l’avoir, mon Jet bike rouge. Mais là, je suis coincé  à cinq mille pieds dans les embouteillages bi-quotidiens, entre deux Jet-bike dernière génération dont les conducteurs me regardent de haut avec commisération. L’un d’entre eux se cure le nez.

 

Ou alors, je suis à la maison, avec mes songes creux, flirtant vaguement avec l’idée qu’un engin comme celui-là, ou un autre, pourrait enfin me sortir de chez moi, alors qu’une simple paire de chaussure de marche ou un vélo feraient aussi bien l’affaire.

 

Mais un jet-bike, quand même !..

 

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    On me les a demandé : les voilà, les pigeonneaux du balcon. J'avais l'impression que les petits, quelque soit l'espèce, étaient forcément au moins aussi beaux que les parents, voire plus - surtout les miens - mais quand tu vois ce désastre... Encore,...
  • Allo ? Y'a quelqu'un là haut ? Quand je disais...
    Allo ? Y'a quelqu'un là haut ? Quand je disais "on va tous mourir !" Je PLAISANTAIS ! C'est bon ? Tu peux remettre la clim ?