Bon, je vais le dire là (dada) puisque tout le monde me pose la question. J'ai flouté (ou plutôt, pixellisé) les visages des copines, puiqu'elles ne m'avaient pas explicitement donné l'autorisation de mettre en ligne des photos où elles sont reconnaissables.
Tu dis ? Ça fait très carte postale ? Certes. Mais en même temps, c'est exactement comme ça.
L’idée, tu t’en rappelles, a été lancée par Maya au Salon de la revue 2013 : rassembler les scribulateurs au Lac de Garde pour un atelier d’écriture estival. L’invitation a été diffusée, très largement. Perso, j’avais élargi à mon entourage amical, qui comporte (forcément) des personnes intéressées par la littérature et l’écriture, sans pour autant qu’elles aient été publiées ni dans la revue ni ailleurs.
On aurait du être neuf, puis on a failli être sept, puis, c’était sûr, six, mais plutôt cinq et finalement on est parti à quatre. Rappelle moi de te demander des arrhes pour la prochaine fois. Très heureusement, nos hôtes ne se sont pas formalisé de ces défections « en domino » et d’ailleurs, tiens ? Je me demande, du coup, si les dates proposées, qui paraissaient au final les seules disponibles au couvent, entre toute fin juillet et tout début août, ne tenaient pas compte de ces aléas... Comme si, comme si, quelqu’un (assez réaliste, finalement) s’était dit que scribulateurs, houlà, proposons des dates qui nous permettent toutes les éventualités, du plus que prévu au beaucoup moins, jusqu’à l’annulation de dernière minute.
Bah, du coup, on a eu le Couvent San Tommaso à Gargnano pour quasi nous seuls. Ah là là, les lieux ! Je ne sais pas par où commencer. Du plan très large pour resserrer petit à petit ? Ça marche. L’Italie, je ne connaissais pas. Un peu Venise pour une brève étape sur le chemin de la Yougoslavie avec les parents, petit, autant dire pas grand-chose. Bien sûr, Gargnano, au bord du Lac de Garde, ce n’est certainement pas toute l’Italie, mais si j’en crois ce que nous en a dit Dominique D, qui elle, a bien sillonné la botte, oui, notre lieu de villégiature était tout à fait représentatif.
La petite ville de Gargnano s'étalant au bord du lac, forcément, on est toujours tout près de celui-ci. Certains passages mênent directement dedans (ici, c'est un ruisseau qui se jette dans le lac). Y'a même des petites plages à l'intérieur de la ville.
Les girls en profitent pour se baigner.
Je me demande si le niveau du lac n'est pas un peu monté, avec le temps, parce que ces pierres là, on dirait bien un vieux quai.
Notre ferry pour Gardone (petit train, jardin botanique, maison de D'annunzio...)
Ah non mais là, ça fait VRAIMENT vacances !
Le lac lui-même est incroyable. Quasi une mer intérieure, avec plusieurs compagnies de ferry pour desservir les villages et petites villes côtières. Y’a de la mouette, des pêcheurs et la végétation très méditerranéenne, les couleurs des maisons, l’atmosphère, tout invite à trouver des éléments de comparaison plein sud, par exemple avec la Corse du côté de Bastia en ce qui me concerne. Or, quand tu regardes la carte, Gargnano, c’est pile à la hauteur de Lyon et plutôt en zone montagneuses ; les sommets autour culminent à 1500. Rien ne laissait donc attendre une telle douceur, ni une telle beauté d’ailleurs. Rien, et surtout pas les conditions climatiques du voyage d’aller. La météo était réglée sur « Déluge ». On pourrait dire sans exagérer que les seules portions d’autoroute où les essuie-glace n’ont pas été indispensables, c’était sous les tunnels. On a touché le fond vers Milan : aux trombes d’eau se sont ajoutées les embouteillages. Autant dire qu’arrivés dix heures après être partis, on était un peu à cran.
Quand je pense que tout ça (la photo est prise sur la route) va nous tomber sur la gueule !
Le sompteux (et délicieux) dessert de notre premier resto, le soir même de notre arrivée.
C’était compter sans le resto sur le petit port, l’exquise gentillesse de la serveuse, et les qualités gustatives ahurissantes de ce qui nous été servi : pâtes et desserts, mais à tomber. Ajoute un demi de rouge et tout ça partait sous de très bons hospices. Gargnano, c’est la petite ville en bord de lac comme dans un rêve. Plusieurs petits ports, arcades, rues étroites et fraîches, boutiques accueillantes sans les putassiers magasins de souvenirs aux étals dégueulant sur les rues touristiques, un nombre raisonnable d’allemands au mètre carré, le tout baignant dans une douceur de vivre tranquille, ma foi très agréablement contagieuse. À cette ambiance qui donnait envie de s’y fondre pour ne plus en sortir, le couvent St Thomas où nous étions logés, ajoutait un je ne sais quoi de sérénité calme. Je ne suis pas loin de croire qu’à Gargnano, le temps ne s’écoule pas tout à fait comme ailleurs. Mais au couvent, c’est sûr, il change d’échelle, pour s’inscrire dans le durable, le pérenne, l’essentiel. Ici, on est convié au retour sur soi, y compris de façon assez cocasse : Le jardin du cloître voit-il ses allées de gravier envahies de mauvaises herbes ? Nous sommes tous invités par voie d’affichette en quatre langues à les arracher en, je cite, « méditant sur les mauvaises herbes à éradiquer en nous. » Perso, à part une certaine tendance à la mauvaise foi, un soupçon de lâcheté, un rien de veulerie, une bonne dose de pusillanimité, un caractère soupe au lait, mon alcoolisme latent, mon fond méchant, de la susceptibilité et un chouia de démagogie, je ne vois pas du tout à quoi cette affiche faisait allusion. On a désherbé. Suis-je meilleur depuis ? Je ne sais, mais au moins certaines allées ont-elles retrouvé leur netteté.
Cette pizzéria était en passe de devenir notre QG-cantine. Là, ça doit être le premier jour, vu qu'on a encore les habits de pluie...
... et là, plus du tout.
Le lendemain, côté météo, ce n’était pas encore tout à fait ça mais sache que les jours d’après, alors là ! Du coup, on a versé dans tous les excès auxquels peuvent pousser le soleil et les vacances : baignades, glaces à gogo, mini croisière en ferry, pots exotiques sous les parasols en terrasse, chaussures en soldes, mortadelle.
Toutes. On les fera toutes les boutiques, voire même plusieurs fois, surtout celle là puisqu'on y trouve la mortadelle qui tue.
"On ne savait pas où t'étais, alors on a fait les boutiques."(Genre, on les aurait pas faites si t'avais été là, donc c'est de ta faute, donc pas de commentaire...)
Y'a un truc avec les bougainvilliers, ici. Y'en a partout et c'est vrai qu'ils sont magnifiques.
Les fameux citrons, donc.
Sans oublier les visites. Ça signe le tourisme, la visite. Si ça se trouve, tu as juste à côté de chez toi des merveilles patentés par l’Unesco, pour lesquelles des gens font des millions de kilomètres et que tu n’as jamais vu, parce que c’est fermé le mardi, mais dès que tu te retrouves loin de chez toi, hop, le moindre jardin botanique se part de charmes incontournables et tu passes tes journées le regard vissé sur des détails, mitraillant la flotte, comme s’il n’y en avait que là, les cygnes comme si c’était les derniers exemplaires connus, le port comme s’il était promis à la démolition dès le lendemain et les bougainvilliers comme s’ils venaient d’être inventés. Les visites, c’est aussi les visites guidées, du cloître très bien et de l’église bof bof Saint François, en italien, mais avec un peu d’imagination, on comprend. Mais également et heureusement, c’est aussi la visite de la limonneraie, grâce à laquelle j’en sais beaucoup plus sur la culture du citron. On m’aurait demandé, avant, à quoi ressemblaient les endroits où l’on produit des citrons, j’aurais imaginer des arbres en rangée, genre publicité pour Tropicana. Ça doit exister, mais ailleurs. Ici, les citronniers sont installés sur des terrasses assez larges, bordées par trois murs. De novembre à mars, on ferme le quatrième côté par des panneaux de bois, vitrés et on couvre tout ça avec un toit en planches. Du coup, de l’extérieur et en cette saison, où tout est ouvert, on voit surtout les arbres et les hauts piliers maçonnés qui soutiennent les toits et sur lesquels on fixe les panneaux. Il parait que la méthode a été mise au point au 13e siècle et n’a pas changé depuis. À l’apogée de la culture du citron au Lac de Garde, au 19e siècle plus de quatre cent exploitations s’en partageaient les rives. Les citrons étaient exportés dans toute l’Europe. Puis les progrès des transports ont permis aux citrons du sud de se vendre partout et l’invention de l’arôme citron a fini de ruiner tout ça, sans parler de la maladie des arbres. Reste quelques exploitations artisanales, comme celle que nous fait visiter notre hôte, qui termine la visite en nous invitant dans son séjour à goûter son limoncello et sa confiture.
Sérieux, voire un chouia crispé, non ? Ça doit être à cause de l'écriture manuscrite : je n'ai plus du tout l'habitude.
Mais oui, on a même écrit en soirée !
Là, l'exercice était assez marrant : tu fais une salière, tu notes l'arme du crime, tu passes à ton voisin qui passe à son voisin et bref, sur la salière que tu récupère, tu notes celui qui est mort, puis sur la suivante, l'assassin, puis enfin l'endroit où on a trouvé le corps. Pi tu écrits à partir de tout ça.
On a également écrit, puisqu’on était un peu là pour ça. Des petites choses d’échauffement, une nouvelle plus ambitieuse à quatre, qui reste à finir et pour cette activité là également, le couvent était un lieu propice. Que ce soit dans la salle d’activité aux fenêtres en ogive ouvertes sur le lac, ou dans le cloître, le calme et le cadre se prêtaient très bien à nos exercices. Ils se seraient également très bien prêtés à n’importe quel autre exercice d’expression. Aussi, si tu devais organiser un stage, une session, un séminaire d’à peu près n’importe quoi, tu trouverais au Centre européen de rencontre et de ressourssement, tout ce qu’il faut, y compris le wifi.
Les deux Dominique, au jardin botanique de Gardone. L'une d'entre elles vient de s'apercevoir qu'elle a perdu ses lunettes de vue. Après avoir lancé l'alerte générale sur toute la côte, on les a retrouvé chez le glacier.
Coléus. Y'en avait de quasi toutes les couleurs.
Rose trémière ou Althea ? C'est le débat.
Notre petite plage, en ville, squattée par des cygnes.
Un des orangers du couvent. Mais ce sont des oranges amères dont on ne peut pas faire grand-chose, à part de la confiture d'orange amère.
Ma chambre simple. Y'en a 25, dont des doubles. Toutes ont des toilettes atenantes et des douches pas loin. Tout est d'une propreté irréprochable, grace à Maria.
Vaguement un arc en ciel, au loin. C'est la vue du lac qu'on a du couvent.
Un bougainvillier ayant colonisé un cyprès.
Heureusement que Dominique prenait des relais, parce qu'on a mis dix heures pour l'aller. (Moins pour le retour.)
Le tunel du Fréjus, façon "Routes de nuit".
Les girls, de retour de mission
On a également mangé du vert, qui ici est rouge.
Et des salades composées (avec amour).
Deux photos ci-dessus piquées sur Internet, pour te montrer, de loin, les piliers des limonneraies.
La limonneraie qu'on a visitée.
C'est ce genre de panneau vitré qui sert à tout couvrir, l'hiver.
Séance de désherbage. Maya fait un peu semblant, mais c'est pour participer.
Et forcément, après, quand tu vois ça (c'est une des montée du village vers le couvent) t'a le piochon qui te démange.
Le lac, du couvent, au très petit jour.
Et là, plutôt le soir.
Le "grand" port, qu'on distinguait ainsi du petit, celui de la pizzéria.
Toutes les rues (qui descendent) mènent au lac !