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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 09:12

 

 

 

À Lou, affirmament que je n’aimais pas la poésie, j’ai répondu qu’elle, si. Le problème étant plutôt ce qu’en font font font les petites marionnettes des poètes auto-proclamés et leurs poèmes. Manque de bol, ma remarque est tombé sous l’œil d’Alphonse Salafia - pote poète - et il me demande (amygalement) de m’expliquer.

 

Ce qu’il te faut savoir, cher lecteur, c’est que pour moi, écrire, dès le début et pour une bonne vingtaine d’année, ça a été écrire de la poésie. Ne vois là aucune prétention d’expertise, c’est juste pour dire que le sujet me préoccupe de longue date. Depuis, j’ai exploré d’autres genres, tout particulièrement la fiction et je préside même aux destinées d’une revue littéraire dans laquelle sont régulièrement publiés Aline Fernandez, Jean-Marc La Frenière, Alphonse Salafia, Gabriel Henry… tous plus poètes les uns que les autres.

 

Tout ça pour dire que je ne suis pas en guerre. Je ne mène aucune croisade pro ou anti. Après tout, si certains restent persuadés que pour « faire poème », il suffit de passer à la ligne quand il faudrait une virgule, commencer son vers par une majuscule et le finir par un mot désuet mais plaqué or, c’est leur affaire. Mais pour essayer de faire comprendre ce qu’est pour moi la poésie, le plus simple est de partir de ce que je crois : La langue, le langage m’apparaît comme un organisme symbiote. À ce titre, le langage est si intimement attaché à chacun d’entre nous qu’il fait partie de notre personne. Écriture manuscrite, voix, vocabulaire, style : c’est nous. Mais il n’est pourtant ni totalement notre création ni notre propriété puisque nous l’avons appris, que nous partageons notre langue maternelle avec plein d’autres et qu’au final le langage signe notre appartenance à l’humanité.

 

Là, bien sûr, on pourra penser que l’espèce humaine n’est peut-être pas la seule espèce animale dotée du langage et que les machines ne sont peut-être pas très loin de disposer du leur. Mais ça vient plutôt à l’appui de ma thèse : comment s’étonner qu’un organisme symbiote cherche de nouveaux hôtes ? Pour nous comme ailleurs, pour le langage comme pour les autres organismes symbiotes, l’association est à profit mutuel : à nous, grâce à lui, la capacité de penser, de dire, d’écrire, de communiquer. À lui, grâce à nous, les bénéfices attendus par n’importe quel organisme de n’importe quelle espèce : croître, s’adapter, prospérer, se diversifier, se reproduire.

 

Et la poésie alors ? On y vient. La poésie, je la vois, je la sens, je la ressens quand le « curseur » de l’expression quitte la zone de service de l’auteur, où elle est utilisée comme outil, comme véhicule du discours, de l’exposé, et que l’expression quitte également la zone opposée du foisonnement formel, de la recherche, de l’exploration, pour se situer pile poil au point d’équilibre entre les deux. Autrement dit, le poème me touche quand il témoigne de la symbiose, quand le poète ne parait pas tordre le bras de la langue pour lui faire avouer on ne sait quoi (son grand âge ?) mais également quand le poème n’apparaît pas comme du langage désincarné, sans rien ni personne derrière.  C’est donc bien entre le poète et le poème qu’apparaît la poésie*, à distance identique des deux, mais les réunissant, témoignant également de l’être et du langage.

 

 


 * On pourra remplacer par "auteur" et "texte", également par "réalisateur" et "film" etc. La poésie n'est pas l'apanage de la langue ; plutôt de l'expression. 

 

 


 

 

commentaires

M
<br /> Pas d'accord avec Lou sur Yves Bonnefoy (mais suis-je d'accord avec Lou sur quelque chose ?). A ce compte Mallarmé aussi est un "tireur pas franc" et on peut faire du Mallarmé avec le journal<br /> télévisé... ce que je ne crois pas !<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Heu... J'espère que ce n'est pas un défi déguisé, parce que non, sans moi les gars !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> J'ai lu rapidement, mes valises à peine défaites. Mon sac, je veux dire, le violet prune et fushia. Mais comme je t'ai lu xx fois sur le sujet qui m'importe, je me suis dit que j'allais encore<br /> apprendre quelque chose, mais si.<br /> <br /> <br /> Bien dit.<br /> <br /> <br /> Bien sûr. <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Bon retour à la maison !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Oui mais tu as été tellement complet dans ton article, que la sobriété s'imposerait presque dans les réponses ^^<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Voilà ! <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Bravo!<br /> <br /> <br /> Très joliment expliqué et visuellement très claire ou presque, j'ai quand même dû m'y reprendre à 2 lectures sur certains passages... On va mettre ça sur le compte de mes maux et de tous les<br /> médocs qui font quelques peu dérapés mes neurones...<br /> <br /> <br /> Mais oui, pour moi la poésie, c'est ça... on se sert des divers moyens d'expression comme support... Elle n'est pas systématique. Elle n'est pas obligatoire. Elle n'est même pas nécessaire. On<br /> peut créer du beau, de l'intéressant, de l'exceptionnel sans qu'elle soit présente. Elle ne peut même être qu'une infime partie d'une oeuvre, la cerise sur le gâteau... ce qui n'empêche pas toute<br /> l'oeuvre d'être belle...<br /> <br /> <br /> Mais ce dont je suis quasiment sûre, c'est qu'on ne la construit pas, ni avec des virgules, ni avec des majuscules et la rime n'a de poétique que la règle élémentaire qui la définit comme tel.<br /> <br /> <br /> La poésie dans son sens le plus pure va bien aude-là. Elle nait souvent sous la plume, le pinceau, le doigté,... de son créateur sans qu'il sent rende même compte et c'est souvent sous le regard<br /> bouleversé des autres qu'il sait que la poésie est dans son oeuvre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> De ce que j'ai pu lire sur "l'interview" de Lou, je suis d'accord. Il n'y a vraiment pas de quoi s'autoproclamer poète et la comparaison avec un texte de météo est bien vu!<br /> <br /> <br /> Maintenant, on peut avoir fait de la poésie une fois dans sa vie et vouloir, s'acharner à le reproduire sur de nouvelles créations sans jamais y réussir!<br /> <br /> <br /> S'acharner, c'est croire encore qu'une règle mathématique la régit, c'est être rester scolaire dans sa vision alors qu'elle est immatériel, qu'elle ne s'explique pas, elle est, qu'elle peut être<br /> présente dans un regard rien qu'un instant, dans un rayon de soleil courant sur les branches tapissées de neige d'un sous bois un matin d'hiver, dans la danse d'un clown avec ses ballons...<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Tout à fait. (Je suis d'un sobriété dans mes réponses, qui m'épate moi-même ! ) <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br />  <br /> <br /> <br /> Nous parlons donc bien de la même chose.<br /> http://www.libellus-libellus.fr/article-anacoluthes_07-idothee-la-diva-du-divan-122674940.html<br /> <br /> <br /> Yves Bonnefoy est un tireur pas franc qui passe à la ligne pour faire du...<br /> J'ai fait de même avec un message d'information de Météo-France qui devient ainsi poétique.<br /> Tu sais que je suis d'accord avec tes références, je ne redonnerai pas les liens de mes chroniques pour JMLF.<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Merci de ce commentaire. <br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Salut Jimidi, et merci pour cet explication. En lisant ce billet, je pensais justement à un ami qui disait de Charles Juliet qu’il était un « vrai poète ». Ils se connaissent depuis<br /> longtemps et se voient souvent. Peut-être que le temps et l’amitié fait dire cela. En quelques phrases, il m’a donné sa définition du vrai poète, le lien entre l’homme et sa vie…<br /> <br /> <br /> Il me semble que vous vous rejoignez dans la définition. Il faut simplement que je relise et que je l’écoute encore. Amitiés…<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Le lien avec la vie... Oui, la poésie à certainement à voir avec l'élan, le souffle vital. <br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> OUI<br /> <br /> <br /> Mais je dirais pareil pour tout texte, poésie ou non<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Effectivement, elle n'est pas (seulement) dans un genre littéraire. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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