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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 20:11

 

 

Coucher-de-soleil-du-mardi-21-septembre-2010-avec-texte.jpg

 

 

21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 17:46

 Horloge-couverts-Gifi-septembre-2010.jpg Lettrine (N diable)

 

 

 

 

on mais là, dans le dernier prospectus Gifi, on a franchi ce qui pouvait passer jusqu’ici pour une mode, on assiste à une invasion. Il n’est plus temps pour moi d’attirer votre attention amusée sur le phénomène : il est de mon devoir de vous alerter. Il y a urgence : les horloges-couverts ont entrepris de coloniser nos cuisines et bientôt toute la Terre. Tranquillement installées dans nos intérieurs douillets, faisant mine de nous donner l’heure, elles préparent je ne sais quels funestes et implacables desseins. Ça va nous péter au nez. Les rares survivants s’étonneront, errants incrédules dans un monde qui ne leur appartiendra désormais plus. Il s’en rappelleront : les signes étaient pourtant là. Ces colonisés trouveront a posteriori incroyable de ne pas avoir réagi à cette prolifération d’horloge-couverts. Comment, COMMENT, sous leur camouflage pourtant inquiétant, leur nombre n’a-t-il pas éveillé les soupçons ? Elles sont déjà partout, partout chez nous, bientôt partout chez elles. Elles ne vous donnent pas l’heure, pauvres fous, elles mesures, implacable, le temps restant avant l’attaque finale. A ce moment là, tout ce qui pourra être transformé en couverts chez vous l’aura été et quand on voit déjà ce que ça peut donner pour les chaises, ça fait peur.

Jimidi

Chaise-couvert.jpg

19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 18:28

 

Fleurs-d-automne-chez-Dut--3.jpg

 

Nouveau nid - Après d’ultimes allers-retours entre leur ancien appartement et leur nouvelle maison (et en avoir bavé pour la machine à laver) les enfants on passé chez eux leur première nuit de récents propriétaires. Y’a plus qu’à réaliser les travaux, tout ranger, aménager... Tiens ? Je me demande ce qu’ils vont mettre comme canapé ?

 

Commentaires - Comme le remarque Kats, et comme j’ai pu m’interroger déjà ici, certaines « mises en ligne » (j’allais dire article, mais ce ne sont pas toujours des articles) ne recueillent qu’un grand silence. Mais d’un autre côté, perso, je ne sais pas toujours quoi dire à la suite d’un poème, d’une confidence émouvante, d’une simple image et je comprends que le commentaire puisse venir plus spontanément à la suite d’un article disons... léger.

 

Travaux ici - Pfffff ! Bien la peine qu’on se casse le clu, oui oui, le clu, à tout débarrasser devant et derrière les fenêtres pour mercredi dernier. La veille, l’entreprise a téléphoné pour dire que les travaux étaient reportés d’au moins quinze jours.

 

Dimanche - Il fait un putain de beau temps ici et j’espère qu’il en est de même chez vous. Hélas, hélas, malgré mon lever aux aurores, pile au moment où le soleil pointait son nez, j’ai tellement galéré pour mettre en ligne la compile « Renonciat » que je n’ai plus le temps d’aller me balader avant de devoir me préparer pour aller déjeuner chez mes parents...

 

Colette journaliste - Vous vous rappelez des commentaires sympa de Gérard Bonal, l’auteur de « Colette journaliste » à la suite de mon article ? Je lui ai envoyé un mail : aucune réponse pour le moment.

 

Millénium - Suis sur la fin du premier tome. Passionnant, mais totalement glauque. C’est d’autant plus efficace que ça reste très « soft » pendant longtemps.

 

Fleurs d’automne - Elles nous attendaient chez Dut, sauvages ou cultivées, toutes pimpantes sous le soleil.

 

Fleurs d'automne chez Dut - 2

 

  Fleusr-d-automne-chez-Dut---1.jpg

 

Fleusr d'automne chez Dut - 4

19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 09:20

 

 Duane Hanson - Flea market

 

 

  Lettrine (J pastille Duane Hanson)   

 

 

e partage avec mon essuie-tout, mon éponge à vaisselle et la litière des chats une capacité d’absorption limitée. C’est la conclusion provisoire à laquelle je suis arrivée après une nouvelle avalanche netkulturienne d’artistes hyper-réalistes. Ça doit être une question de quantité, mais pas seulement. Je m’étais montré mi-étanche à Ron Muek mais très perméable à Bruno Walpoth et relativement infiltré par Roberto Bernardi. Avec Randall Rosenthal et surtout l’ultra-réaliste (sic) Marc Sijan, ça passe pas. Mais peut-être ne m’étais-je pas assez essoré des autres pour recevoir ces deux là coup sur coup ?

 

Depuis, je me dis qu’il y a très probablement - en plus - quelque chose dans la démarche même de ces deux artistes qui les fait glisser sur moi telle la condensation vespérale sur le canard noctambule, mais quoi ? Je cherche, je cherche, mais en vain.  Je ne vois pas pourquoi il serait moins légitime pour eux deux de donner à ce qu’ils montrent les apparences de la réalité, au point de s’y méprendre. Je ne vois pas non plus en quoi ils y réussiraient moins bien. Rien du côté des sources d’inspiration : la figure humaine, les objets quotidiens... Alors ? Les accessoires véristes de Marc Sijan ? Bah, Duane Hanson a fait pire et j’aime plutôt bien ce qu’il fait. Le côté vain et gratuit des piles de journaux de Randall Rosenthal ? Bah, c’est sans doute justement là-dessus que porte son propos et l’idée même de sculpter dans du bois une planche à découper en faisant également figurer au menu couteau, légume et agenda de recettes est plutôt marrante avec son côté « tout ça pour ça ? » (Cf. les très intéressantes images de l’oeuvre en cours de réalisation.)

 

On aura donc compris que je ne suis pas emballé par oeuvres en trompe-l’oeil de Randall Rosenthal et Marc Sijan, mais tiens, en parlant d’emballage, ça m’a permis de remettre la main sur les articles consacrés à Christian Renonciat et Bruno Walpoth et de confirmer qu’alors là : oui.

 

Jimidi 

19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 09:05

 

 

 Christian Renonciat - pêle mêle d'oeuvres

 

 

Lettrine (J our gang christian renonciat)

 

 

 

e suis embêté avec Chritian Renonciat, cet artiste qu’un commentaire nous invitait à découvrir après un article sur Bruno Walpoth. Christian Renonciat et Bruno Walpoth sont sculpteurs sur bois, les deux sont extraordinaires et les deux n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre. J’en suis au stade escargot avec le travail de Christian Renonciat : je le touche d’un œil prudent que je rétracte pour réfléchir. Je sens qu’il y aurait une réflexion a mener sur l’obsession et qu’elle pourrait nous conduire sur deux pistes, capables l’une comme l’autre d’engloutir l’artiste : l’obsession technique et l’obsession du sujet.

 

L’obsession technique, autrement dit, la virtuosité, ce souci de la perfection dans la réalisation, on a déjà un peu tourné autour, en particulier avec certains artistes utilisant un matériau original, ou une technique originale mettant en œuvre une matière ordinaire. Je pense – l’exemple est un peu ultime – à CW Roelle, cet artiste réalisant des tableaux de fil de fer. J’avais eu alors le sentiment qu’il était déjà aux trois quart digéré par son art, comme prisonnier de l’axiome « On peut TOUT représenter en fil de fer ». Certes, mais le doit-on ?

 

L’obsession du sujet, elle, semble assez commune aux peintres. J’ai visité le site d’un de ceux-là hier (Jean-Pierre Ugarte) très heureusement organisé en années : il peint la même chose depuis vingt cinq ans. Pas la même toile, heureusement, mais le même sujet : des paysages ruraux post-apocalyptiques.

C’est finalement les tentatives de Christian Renonciat de ne pas se laisser enfermer ni par une technique ni par un sujet qui m’ont parues les mieux éclairer sa démarche. Si vous cherchez des traces de son travail sur Google, vous trouverez des objets de bois dont la réalisation apparente leur créateur à l’hyperréalisme mais d’autres qui l’affilieraient plutôt à l’art conceptuel. J’y reviendrais. Mais vous trouverez aussi certaines figurations de chevaux, qui galopent, en métal ou non, vers des horizons plus réalistes et même une horreur en béton titrée « La vague », installée à La Rochelle. Plus qu’aux marins, cette… chose parait rendre hommage à la faute de goût et aux contraintes budgétaires.

 

Tout ça pourrait faire tâtonnement et s’il était plus jeune, ou moins talentueux, on pourrait dire de Christian Renonciat qu’il se cherche. Sauf qu’il déjà trouvé sa voie d’excellence. D’où l’idée qu’il essaye peut-être d’y échapper, de trouver dans d’autres sources d’inspiration, d’autres matières, des ouvertures vers autre chose que la perfection à laquelle il est parvenu ailleurs. Peut-être s’agit-il pour lui de ne plus se laisser emballer par un carton, du papier voire une bourriche d’huître.

 

Des hyperréalistes du bois, on en connaît d’autres. Je me souviens d’un blouson pendu au dossier d’une chaise - probablement de Jacques Chereau - les deux sculptés dans la même bille de bois. Y’a un tropisme, assez large d’ailleurs, une sorte de sport, consistant à figurer dans une matière X un objet réalisé habituellement dans une matière Y. Ça renvoie à première vue à la question très large de la figuration et à celle, plus anecdotique de l’inattendu. Une partie de la démarche de Christian Renonciat relève de la figuration. De ce point de vue, il n’est ni plus ni moins légitime de donner à voir un édredon en bois, un David en marbre ou la Basilique St Pierre en Allumettes. Mais il y a entre le sujet de départ et sa représentation, un écart, variable, que la subjectivité du spectateur mesure assez précisément. Dans le cas d’une personne à poil taillée dans la pierre ou coulée dans le bronze l’écart parait beaucoup moins grand qu’entre une feuille de papier pliée/dépliée et sa représentation en bois. Sans doute une question d’habitude. C’est cet effet de surprise qui joue à fond dans la série des représentations textiles que nous donne Christian Renonciat. Mais c’est également sur cet écart que joue l’artiste, en le réduisant, voire en l’annulant pour sa bourriche d’huîtres : bois au départ, bois à l’arrivée. C’est bien entendu ce qui se passe entre les deux qui est intéressant.

 

Mettons nous un instant à la place de cet artiste, que son degré de virtuosité technique permet de tout représenter. Comment choisir dès lors la voie dans laquelle s’engager ? Quand il ne prend pas une issue de secours, Christian Renonciat nous en propose deux : celle de ses matières de prédilections, papier, bois, carton et celle du défi, qu’il concilie d’ailleurs assez bien.

 

Plutôt qu’un blouson sur une chaise et plutôt que de chercher à provoquer une réaction du style «Oh ! On dirait un vrai ! » Christian Renonciat propose de nous interroger sur la matière elle-même : le papier, le plastique, le satin, la mousse... J’ai déjà évoqué l’impasse dans laquelle peut se trouver engagée une figuration trop exacte. Elle court alors le risque qu’on ne la voit plus, son seul environnement ne suffisant pas toujours à la distinguer. C’est de cette impasse dont sort Ron Mueck par le gigantisme et Bruno Walpoth en restant proche du bois et en présentant certains corps tronqués. La bourriche d’huîtres de Christian Renonciat parait bien engagée dans cette impasse. Rien ne semble la distinguer de l’originale. Mais il est vrai que nous n’en voyons ici qu’une photo. Si ça se trouve, de près, de très près, en vrai, la confusion n’est plus possible. Tu dis ? La sienne ne sent pas la mer ?

 

Du coup, le travail sur le papier plié m’apparaît comme le plus intéressant de tous. La virtuosité est bien là, elle est mise au service d’une représentation qui pour être fidèle n’en est pas moins simple, peu spectaculaire et le défi supplémentaire relevé par l’artiste consiste à figurer une feuille dont les plis ne sont pas ceux, géométriques, de votre liste de course, mais semblent résulter d’un froissement intentionnel, qui n’est ni celui de la boule jetée dans votre corbeille, ni celui d’un origami.

 

 

 

 

 

Christian Renonciat - papier plié 2 

 

 

Alors ? Alors on quitte définitivement (et heureusement) l’hyperréalisme de la bourriche et du carton d’emballage pour accéder, par les plis délicats de cette feuille de papier figurée, à cette idée que c’est bien à ses plis que nous voyons le papier. Autrement dit, que c’est par ses accidents, par les ruptures de sa continuité que nous (re)connaissons la matière. Vous voulez une hypothèse encore plus large au point de vous comprendre dedans ? C’est parti : peut-être l’accident révèle-t-il la matière comme sur nous les traces de notre histoire ? Je trouve au final bien intéressante la façon qu’à Christian Renonciat de nous rendre sensible à cette question...

 

Jimidi - été 2009 - révisé en septembre 2010

 

 

 

Chritian Renonciat II - été 2009

 

Christian Renonciat - chapeau de l'article

Christian Renonciat a eu la gentillesse de répondre positivement à mon premier mail en forme de « Puis-je ? » et de ne pas s’offusquer de mes explications embarrassées « justifiant » (tu parles !) d’avoir mis mon article en ligne avant d’obtenir son aval. (Raclement de gorge gêné.) Mieux : il a pris la peine d’apporter des précisions tout à fait intéressantes sur quelques points – je vais y venir – et finalement, de m’envoyer un texte, qui suis ce billet.

 

Bruno Walpoth

Christian Renonciat le découvre et le trouve « tout à fait intéressant ». Alors là mes enfants, si on pouvait brancher un câble sur mon sourire béat et une turbine sur la joie que j’ai eue à lire ça, je crois que je pourrais illuminer tout le pâté de maison pendant un an. Plus loin, il précise : « Un détail encore : je ne sais pas Walpoth, mais moi, je me sens pas du tout, mais alors pas du tout “sculpteur sur bois » Ah ben oui, tiens ? À la réflexion, la formule que j’ai employée est très conne. Ça à l’air de vouloir préciser, mais préciser quoi ? On ne dit pas « écrivain de phrases » ni « peintre à l’huile ». Ok, donc Bruno Walpoth et Christian Renonciat sont sculpteurs.

 

L’œuvre monumentale

Christian Renonciat souscrit à mon hypothèse selon laquelle ce travail est une prise de liberté « comme pour s’amuser » mais va plus loin : « En un mot (c’est) un second métier, sans relation intellectuelle ou même artistique avec le premier. » Ailleurs, il ajoute : « S’agissant de mon second métier, les clés, c’est : hommage à Léonard, rêver avec la technique, jouer avec le temps (archéologie imaginaire) et les échelles... »

 

 

La Vague (La Rochelle)

J’ai eu des mots… hûm, un peu durs pour cette œuvre. (Deuxième raclement de gorge gêné de ce billet). Christian Renonciat a eu l’exquise gentillesse de laisser entendre que l’impression produite « en vrai » aurait nuancé mon jugement sur ce monument, dont je n’ai peut-être vu qu’un détail en photo ? Il m’envoie deux clichés.

 

   

 

Christian Renonciat - la vague 

   

Il n’a pas souhaité que j’arrondisse les angles de ma formulation. Je l’aurais fait sans problème, par exemple en soulignant la parenté de cette vague avec un squelette de baleine, puis en me souvenant de Jonas et même de Pinocchio et me disant alors qu’il devait être plus réconfortant d’imaginer un marin à l’abri dans un grand cétacé que juste perdu en mer… Ce qui me laisse penser que, tiens ? Nous avons sans doute Christian Renonciat et moi un rapport très différent avec notre matériau d’expression. La gouge, le ciseau à bois, ne doivent pas laisser beaucoup de place au repentir : une fois le geste accompli, difficile de revenir dessus. Alors que revenir en arrière, perso, en écriture, je passe mon temps à ça.  

  

  

 

Christian Renonciat III - Texte envoyé à l’été 2009

 

 

« … il luit alors de

l’éclat sans vanité du bois blanc… »

 

Francis Ponge, « Le cageot », Le Parti pris des choses.

 

 

 

LE PARTI PRIS DE LA MATIÈRE DES CHOSES

  

Avant même notre naissance, nous inscrivons dans notre corps une infinité de sensations «oubliées » qui forment, toutes ensemble, la mémoire d’un monde perçu à notre mesure. Nourrissons, nous nous nourrissons, et sans que nous le sachions, chaque émotion de notre vie est habitée, coloriée, « sensoriée » à l’aune de cette jauge : c’est son incarnation. Bien sûr, ce n’est plus seulement le chaud et le froid, l’humide ou le sec, le doux ou le rêche, le sucré ou l’amer ; ce sont de bien plus subtiles sensations combinées de tous nos sens : un goût et un bruissement, une odeur et un grain, une musique et une couleur.

En d’autres termes, nos émotions ont une matière, et non seulement une forme ; elles ont une carnation, délicat équilibre de touches ressenties, et nous nous les rappelons.

Tendre un miroir à ce corps qui ressent, lui faire parcourir un peu cette bibliothèque de sensations mémorisées, lui donner un instant la conscience de cette richesse engrammée, voilà ce que tente, par petites touches, mon travail sur le bois.

S’il y a bien une matière des sensations, c’est qu’il y a une matière des choses, que j’ai très tôt voulu tenir pour mon sujet. Mais ce n’est qu’avec le temps que je comprends pourquoi je l’ai fait, et comment :

Tout d’abord, il y a le bois : l’une de ces matières naturelles que le corps affectionne (les chats et les enfants s’y plaisent) . Il est le medium de cet échange passager entre la sculpture et le spectateur : le bois l’interpelle sur un mode immédiatement sensoriel, charnel ; une connivence de corps à corps, dont les gens disent : « j’aime le bois, parce que c’est chaud ». Mais cette chaleur dont ils parlent, c’est la leur, que le bois leur renvoie en miroir. Ainsi s’établit le contact.

Ensuite, aussitôt, il y a la matière, qui est mon sujet. Pas le bois, cette fois-ci, mais le carton, la laine, le papier ; le cuir, le coton ou la soie. Ce dont parle cette sculpture, ce n’est pas d’un décor (le drapé, le froissé, le ficelé ?), mais d’un bruit, d’un grain ; souplesse ou raideur, odeur ou saveur, chaleur ou glaçure ; d’une tension ou d’un poids, d’une douceur ou d’un trouble. Est-ce la matière qui parle, ou bien est-ce le corps qui, non content de percevoir (connaître-reconnaître), ajoute à ce qu’il voit le tout de ce qu’il sait (le coup de la madeleine) ?

 

La matière est dans les détails

 

La matière de la sculpture s’exprime volontiers à grands traits, et notre œil apprécie le geste rapide de l’artiste, qui inscrit d’un seul jet l’idée qu’il a en tête. Mais, on l’a vu, ce n’est pas à la tête que je veux parler d’une forme ; c’est d’une matière que je veux veut parler au corps, et l’on comprend en même temps combien ce terme de « parler » dit mal ce qu’on veut dire. A l’usage et sur l’établi, il apparaît bien vite que la matière ne se dévoile que peu à peu, grain à grain, de proche en proche . Le geste rapide ici ne vaut plus, qui n’indique qu’une idée : ici, pour « dire » la soie ou le coton, le satin ou le cuir, le papier ou le carton, il faut donner le détail ; c’est dans cette justesse que la matière se dévoile, que le corps la reconnaît ; c’est là même que l’humble alchimie de ce travail s’opère, car le corps, bien plus qu’il perçoit, se souvient : il sait tout, tout à coup, de ce fragment de carton ou de la ganse de cette couverture, car c’est la sienne qu’on lui rappelle, enfouie au fond de son enfance ; il en connaît le grain, l’odeur, la consistance ; il sait le lit, la chambre, la maison, l’arbre et le pré ; tout ça est inscrit dans le détail de cette couture, dans le pli et l’ourlet.

J’ai mis ce qu’il fallait ; il apporte le reste.

 

Le bois

 

Voilà ce qui n’a pas de raison : je travaille le bois.

Le bois est comme le violon : il se réserve à une approche technique, outillée, organisée. Il ne se donne qu’à une main déterminée, « sachante », avisée. On dira donc qu’il est difficile, comme le violon. Mais pour le violoniste, il est l’instrument, la source, le lieu de la musique ; le violoniste travaille, mais son souci n’est pas dans la difficulté : il est dans la musique.

Ainsi suis-je aussi avec le bois, non pas à savoir où est la difficulté, mais à savoir clairement quelle musique je joue.

 

Le plaisir

 

Voilà le maître-mot, qui dit tout : je travaille le bois parce que j’y trouve, depuis toujours, un intarissable plaisir.

Ce n’est pas tout : le plaisir est un mode, une façon d’être autant qu’une façon de faire : le temps de l’atelier, baigné de musique et de l’essence du bois, ne passe pas : il s’étend, pendant que se détend à l’infini le paysage fractal de cette petite surface de carton ou de laine où je me suis perdu. Au lieu d’une projection (la tyrannie du désir à laquelle la « modernité » a voulu nous vouer), c’est un étalement, un étirement, un affût. Il n’y a pas de but, car de ce « faire », on s’efforce d’« être », ce qui n’est pas rien ; c’est une écoute en même temps qu’une jouissance ; une connivence, un bien—être accédé depuis un bien-aller.

Si quelque chose de ce plaisir s’est inscrit dans le bois, si quelque chose de ce plaisir s’est transmis au spectateur, alors, quelque chose s’est passé qui me gratifie en retour de la certitude du partage, de la reconnaissance et de la connivence (on s‘est reconnus) ; c’est bien un corps à corps.

 

Christian Renonciat

 

18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 08:57

 mur-de-pierres-seches-avec-ecriture.jpg

 

 

 Lettrine (L ourgang pate à papier)

 

    

es malheurs des autres, pour moi, c’est fini. Après trente cinq ans de crises d’adolescence, de séparations conflictuelles, de grands, moyens et petits drames familiaux, je prends ma retraite. Je suis assis pour la dernière fois dans ce fauteuil à roulettes, pour un moment encore chaudement entouré de l’émotion du départ. Les verres du pot d’adieu ont été lavés et rincés de quelques larmes et j’attends, assis dans ce bureau débarrassé de mes affaires personnelles, redevenu anonyme, l’heure proche de rentrer chez moi. Ces dernières semaines, en prévision de cette fin, j’ai fait place nette petit à petit, emportant les rares souvenirs matériels méritant de me suivre une fois la page tournée, accompagnant sur leur trajet de retour à la maison les objets personnels m’ayant suivi au travail : la photo des enfants, un pot à crayon, un coquillage... J’ai mis de l’ordre dans mes dossiers pour mon successeur, du moins dans les dossiers officiels. Chaque enfant, chaque famille, chaque situation suivie donnait lieu à l’ouverture de deux dossiers. Un administratif, mince, raide et rien ne dépassant de son uniforme, constitué de pièces officielles : jugements, ordonnances, convocations, courriers, rapports, et un autre, double moins squelettique du premier, ébouriffé de notes personnelles, brouillons, messages téléphoniques, celui-là bien épais, cabossé et ridé par d’incessantes consultations. Mais tous les dossiers finissent par se clore sur leurs histoires plus ou moins bien terminées. Les officiels vont rejoindre les archives à la cave mais les autres, personne ne sait trop quoi en faire. Moi, je les empilais dans un coin du bureau sans plus y penser, mais l’heure de la retraite arrivant, la question de leur devenir devenait plus pressante. L’idée de m’en débarrasser petit à petit dans la première benne de recyclage venue - il y en a une au bout de la rue - me paraissait sacrilège. Je rationalisais cette résistance en me cramponnant à l’idée que cette prose très indiscrète pourrait laisser filtrer des éléments de vie privée dont les différents intéressés n’auraient sûrement souhaité qu’ils viennent à la connaissance d’une personne chargée des déchets, ni qu’ils voisinent avec des emballages perdus. Restait le broyeur dont nous sommes équipés, mais pour l’avoir testé une première fois à son installation, je m’en étais depuis tenu prudemment éloigné. J’avais approché de sa fente une liasse test pour la sentir m’échapper, happée avec insistance, puis débitée en minces lanières dans un grognement satisfait. Cette goinfrerie efficace m’avait surpris. J’avais ouvert la machine pour voir le résultat. Dans son réceptacle s’enchevêtraient bien de fines bandes de papier, portant chacune de l’écriture mais devenue illisible, hachée en lettres, en syllabes, en mots n’ayant plus aucun sens faute d’être reliés à leurs semblables. J’avais sous les yeux l’enfer. Ces mots patiemment recherchés, ces phrases assemblées difficilement pour rendre compte d’une histoire, d’un parcours de vie, la machine ne les avait pas effacé, elle ne les avait pas renvoyé au néant, elle les avait juste privé de sens. Tout ce que j’avais écris était encore là, mais tous mes efforts pour que ça dise quelque chose à quelqu’un disparus. L’écrit réduit à l’état de matière première et le travail à rien, juste de l’encre sur de la cellulose.

 

Mais je savais devoir retrouver le broyeur tôt ou tard : comment mes un mètre cinquante de dossiers personnels auraient-ils pu y échapper ? Puis l’idée est venue. Elle a fait jour petit à petit, s’alimentant comme souvent de choses éparse finissant par former un tout. Il y a eu cette envie de refaire l’appartement, peut-être pour changer de cadre, puisque je changeais d’activité. Il y a eu ce papier peint figurant un mur de pierres dont nous avons couvert le mur d’une chambre. Il a y eu le souvenir de travaux manuels dans l’enfance. Puis l’idée.

 

Depuis des mois, mes journées de travail se terminent de la même façon. Avant de rentrer à la maison, je prends sur la pile un dossier tout rempli de l’histoire commune d’un enfant, d’une famille et de la mienne. Je le passe au broyeur par liasse d’une dizaine de pages. Puis j’ouvre les entrailles de la machine sur le contenu de son révoltant repas et je le transvase dans un sac poubelle. Les collègues pensent que je m’en débarrasse dans la poubelle de l’immeuble ou dans la benne du bout de la rue, mais je l’emporte jusqu’à chez moi. Là, je verse le contenu du sac dans un grand bac réservé à cet usage puis je le rempli d’eau. Je mixe le tout jusqu’à obtenir une pulpe gris clair dont une passoire retiendra l’essentiel en la débarrassant d’une partie de son eau.  Retour au bac dans lequel j’additionne de la colle à papier peint à cette pâte à papier. Dans une feuille de plastique épais, j’ai découpé des bandes de trois centimètre de haut, assemblé au scotch leur deux extrémité puis j’ai donné à chacune une forme irrégulière. Je rempli ces moules de pâte à papier, je presse pour chasser les irrégularités et lisser la surface et il me reste à attendre que l’eau s’en évapore au fil des jours. Au final, sortant de chaque moule, j’ai l’équivalent d’une pierre de parement et maintenant des centaines.

 

À la fin de mon dernier jour de travail, j’ai broyé le dernier dossier de la pile. Devenu pierre, il ira rejoindre les autres sur le tas de celles qui m’attendent. Dans les jours prochains - Quand ? Ça n’a plus aucune importance - j’assemblerai une à une ces pierres. Ensemble, elle remplaceront avantageusement le papier peint griffé par les chat dans notre séjour. Chacune irrégulière, chacune ayant sa forme propre, chacune petite, moyenne ou grande, chacune serrée contre sa voisine, chacune parmi ses semblables, chacune servant d’assise à d’autres, chacune distincte et composant pourtant un tout, chacune me rappelant discrètement trente cinq ans de vie professionnelle et toutes me disant de quoi je suis fait.

 

Jimidi

 

Tout le monde aura compris, j’espère, qu’il s’agit d’une fiction, du moins en grande partie. Si cette histoire de pâte à papier est bien réelle, même si pour le moment je n’ai broyé que des vieux journaux, rien n’indique que tout ça finira en mur de « pierres sèches » et de toute façon - merci la Droite - je suis encore loin de la retraite.

16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 22:42

 

Horloge Karlsson comme celle d'IdoT (presque)

 

 

Cette pendule, qu’on va appeler « la pendule d’IdoT » (elle est sensée ressembler à l’originale, mais la photo fournie par sa propriétaire était inutilisable), me parait illustrer cette idée que certains de nos meubles occupent leur espace dédié, leur fonction décorative mais pas complètement leur fonction d’usage. Cette pendule ne donne une heure précisément lisible que trois quart d’heure par tranche de douze heures, soit une heure et demie par jour au lieux de vingt-quatre. Le reste du temps : démerdez-vous. C’est un peu se foutre du monde non ? En fait : non. Connaissant un peu IdoT, je l’imagine sans trop de peine lire bien autre chose que l’heure sur sa pendule, par exemple que le temps n’est pas seulement une dimension constituée d’intervalles identiques de durée mis bout à bout, il n’est pas seulement une grandeur mesurable, il est également fait d’incertitude, de continuité, d’à-peu-près et d’appréciation subjective.  

 

Passe encore pour la pendule, mais les canapés ? Là, je ne parle pas de celui d’IdoT, du moins pas seulement, mais de tous, à commencer par les deux miens. Dans un canapé, vous avez le choix entre trois usages : Assis, allongé, vautré. Mais comme nos canapés résultent d’un mauvais compromis entre ces trois positions incompatibles, on n’y est souvent ni bien assis, ni bien allongé, ni bien vautré. Au mieux certains d’entre eux réalisent-ils un compromis acceptable entre deux possibilités parmi trois. Dans les miens par exemple, on est pas mal assis, avec quelques coussins supplémentaires on y est relativement bien allongé, quoiqu’il manque dix centimètres pour mes jambes, mais on n’y est pas du tout bien vautré. Tu dis ? Il faudrait s’entendre sur le « vautré » ? Pour moi, quand tu es assis, tu as les pieds au sol, les fesses quasi à la hauteur des genoux ou un peu plus bas et le dos pas très loin de la verticale. L’appuie-tête ne s’impose pas encore. Assis, c’est la position de tes invités au début de l’apéro, surtout s’ils sont nombreux et que la place est comptée. Assis, tu peux encore espérer te redresser puis te pencher en avant, pour intercepter les chips, prendre et poser ton kir. Assis, on est dans un usage social du canap et là, on se fout un peu de son confort, puisque les gens sont assis sur ton standing, ta position dans l’existence, tes valeurs culturelles, bref, sur un élément du décor de la scène ou tu joue ton rôle social. Vautré, les convives sont partis, tu as enlevé ces chaussures qui t’ont torturé toutes la journée et mis les pied sur un pouf ou carrément sur la table basse, ce qui remonte tes genoux quasi à la hauteur de ton menton. Ta colonne vertébrale flirt avec les 45° et ta tête repose sur un coussin ou un appui-tête. Vautré c’est également ta position du lendemain quand tu attendras qu’une bonne séance de lecture chasse les restes de gueule de bois. Allongé, tu as la tête sur l’accoudoir, probablement soutenue par un coussin et les pieds sur l’accoudoir opposé, avec peut-être un autre coussin sous les mollets. Ton corps est quasi à l’horizontal. La télé est allumée, ou la cheminée, ou la chaîne et il est possible que tu improvises une petite sieste en compagnie d’une télécommande ou deux.

 

Tu auras donc eu successivement besoin d’une chaise, d’un relax et d’un lit, mais tu n’auras eu qu’un meuble un peu trop bas et trop profond pour être bien assis, ne prévoyant si ça se trouve rien pour les pieds ni pour la tête, interdisant de ce fait d’être bien vautré et trop étroit pour servir tel quel de lit : un canapé.

 

Jimidi

(En réponse à cet article matelassé de mauvaise fois et bourrelé de parti pris, ne loupez sous aucun prétexte la réponse de Br'1 titrée : "Je kiffe très beaucoup mon canapé")

16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 22:39

 

Horloge couverts ustenciles

 

horloge couverts bois

 

HORLOGE COUVERTS COULEUR

14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 18:44

 

Lettrine (Je boite)

 

 

 

vous ai dit que mon aîné et sa chérie ont acheté une maison ? Oui hein, plusieurs fois sans doute ! Bah oui, je suis content pour eux, alors je le dis partout, et à tout le monde, donc ici. J’ai dû vous dire également que le précédent occupant avait des goût au moins aussi discutables que moi en matière de revêtements de sol et muraux (mais une technique de pose nettement moins affirmée). En fait, je crois bien qu’il n’y a pas DEUX pièces dans la maison, couloirs inclus, qui aient à la fois le même papier peint (ou le même peinture) et le même revêtement de sol. Du coup, je vous ai assemblé un petit échantillonnage.

 

revêtements de la maison de B et S

 

Tu dis ? Tu ne savais pas que j’avais les pieds turquoise ? Ben oui. J’aime bien le turquoise, alors j’ai acheté un fond de teint et un verni à ongle qui... Mheu non ! Je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai cherché et retrouvé avec les réglages, la couleur exacte du lino, mais pendant ce temps là, mes pieds viraient au bleu. Je dois avoir des ancêtres coelacanthe, ou schtroumpfs... Tiens, puisque t’es là, je te mets également une photo du jardin. On voit pas bien, mais après une terrasse relativement horizontale sur laquelle s’ouvre agréablement la cuisine, y’a un putain de talus en pente assez casse gueule pour le moment. En haut, ça repart plat, avec des arbres fruitiers ; surtout des pêchers.

 

100 2969

 

(Heu, non : sur la photo, c'est pas sa chérie, c'est la mienne.)

14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 18:01

 

Miou-et-Viola-en-haut-de-l-etagere-a-livre-surveillent-J.jpg

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