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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 14:52

 

 

 

lettrine (J faux)

 

 

 

e me demande si mon subconscient ne serait pas en train d'essayer de me tuer ? Parce qu'avec DEUX rêves pénibles la nuit d'avant ma reprise du travail, on franchit la ligne séparant l'angoisse diffuse de l'agression caractérisée, non ? Déjà que je n'avais AUCUNE envie de reprendre, après ça, je n'en avais quasi plus la force.

 

Les rêves, on peut les ranger dans plusieurs catégories, je ne t'apprends rien : rêves agréables (et parmi eux, rêves érotiques, hi hi !) cauchemars, mais dont je me réveille habituellement très bien, juste en pensant très fort, sur place : « Non, mais là, les gars, c'est trop, continuez sans moi » et les rêves pénibles, ceux qui durent, qui trainent, qui t'entretiennent dans des sentiments inconfortables, tous liés pour moi à des situation professionnelles, comme : je prends un service dans un foyer que je ne connais pas, plein d'ados enragés. De celui-là, le deuxième donc, je suis sorti assez vite. Mais le premier m'a complètement vidé. J'étais en butte à deux enquêteurs venus sournoisement m'interroger sur les faits et gestes de certaines personnes de mon entourage, mais je découvrais petit à petit que c'était moi leur cible. (Merci NCIS !) Or, dans ce rêve là, s'il ne faisait aucun doute que j'étais bien moi, j'avais commis je ne sais plus trop quoi des années avant, sans que personne ne le sache, mais grave, genre tuer quelqu'un. Je te dis pas le malaise. Je me demande même si c'est vraiment légal, de doter quelqu'un de faux souvenir, même en rêve ? En finissant par me réveiller, j'étais à ce point abattu que j'ai du me repasser vite fait ma vie (la vraie) en accéléré pour finir de me persuader que non, jamais, du moins pas à ma connaissance. Ceci dit, si tu as des infos, merci de ne pas m'en faire part.

 

Je ne voudrais pas avoir l'air de donner des idées à quelqu'un mais pour avoir vécu cette expérience une ou deux fois, je sais comme c'est FLIPPANT de retrouver, au réveil, des éléments de réalité qui rappellent certains rêves. Il y a très longtemps (je devais avoir une dizaine d'année) j'étais en plein cauchemar, cerné nuitamment par une peuplade offrant je ne sais plus quoi en holocauste à une idole lookée Moloch, (Merci Indiana Jones !) le tout baignant dans une horripilante petite musique de flute qui portait bien sur les nerfs. Au bout du bout, je me réveille, j'ouvre les yeux sur ma chambre d'alors, murs, fenêtre, petit jour entre les volet mais subitement J'ENTENDS DE NOUVEAU CETTE PUTAIN DE PETITE MUSIQUE DE FLUTE ! Une fois retombé du plafond, auquel je m'étais agrippé des ongles et des dents après un bond réussi grâce à ma seule contraction des fesses, j'ai réalisé qu'il s'agissait d'un bête chant d'oiseau, très modulé et un peu inhabituel, mais rien que ça. Je me souviens également – c'est beaucoup plus récent – qu'après m'être réveillé d'un cauchemar dans lequel j'étais cerné nuitamment par des ombres menaçantes (merci Harry Potter !) se manifestant par des mouvement furtifs en vision périphérique, j'avais ouvert les yeux dans un noir quasi complet, me disant alors que si par malheur, les ombres m'avaient suivis jusqu'ici... À ce moment là, si quelque chose avait bougé dans la chambre, j'étais bon pour l'infarctus. Non, tu n'étais pas cette nuit là au lit à côté de moi mon amour, ce qui t'a sans doute valu d'avoir la vie sauve.

 

 

 


13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 23:58

 

 

 

Alors là, j'en reste comme deux ronds de flan. Je te raconte. Au Salon de la revue, je fais la connaissance d' Yves Ferdinand Bouvier, auteur venu faire son tour et découvrant Scribulations au détour d’une allée. On papote, il me félicite du bon niveau de qualité de la revue. On fait du troc : il me laisse un exemplaire de son « Voyage au centre du monde (101 histoires pour les nuits sans télé)» que je lui échange contre un exemplaire de notre bon gros 01/13. Depuis, on reste en contact autour de l'idée qu'il puisse proposer des textes pour le 01/14. Il m'en envoie un, écrit à partir du tableau d'Olivier Lamboray, je lui renvoie des commentaires, il intègre certaines remarques, d'autres pas et bref : on correspond. 

 

Mais comme par ailleurs Yves-Ferdinand Bouvier est quelqu'un de curieux (dans tous les sens du mot d'ailleurs) et multi-cartes (il est également auteur interprète) il a fait ce que tu as également fait un jour ou l'autre - ne dis pas le contraire - à savoir taper "Jean-Marie DUTEY" dans Google pour voir ce qui tombait en secouant l'arborescence. 

 

Y'a plein de truc sur moi sur Internet - j'y pourvoie - mais tout le monde ne tilte pas sur les mêmes. J'ai eu des "Dis donc ! Je ne savais pas que tu faisais autant de trucs ! " (En fait, je ne fais pas grand chose, mais j'en parle beaucoup, ce qui me permet justement de continuer à ne pas faire grand-chose.) On peut également tomber assez facilement sur d'obscure références à ma pomme en matière de poésie numérique, secteur dans lequel j'ai sévi avec mon ami Philippe Bootz dans les années 90, et comme lui continue et ne manque pas de me citer à l'occasion... On peut également trouver trace des deux livres, je dis bien deux, parus sous mon nom. 

 

C'est cette entrée là qu'a franchie Yves-Ferdinand : « Dis donc ! Je vois que tu as été publié chez un grand éditeur ! » Ben oui. Jane Sautière et moi-même avons eu l'honneur de la Série Noire chez Gallimard, pour notre "Zones d'ombre". C'était en 1998 et il faut croire qu'il est encore disponible puisque Yves-Ferdinand l'a acheté. 

 

C'est là que l'histoire commence vraiment. Il l'a acheté d'occasion, ce qui peut paraître un peu rat pour un livre valant neuf moins de six euros et moins de cinq d'ocaz, mais là n'est pas mon propos. Il reçoit son « Zones d'ombre » d'occasion. C'est un exemplaire par moi dédicacé : « À Geneviève, à qui ce livre doit beaucoup (quoi qu'elle en pense) ne serait-ce que par la tranquillité d'un certain 7e étage... signé Dutey J. »

 

Ça m'a fait bizaaaaaare ! Je vois parfaitement de quelle Geneviève il s'agit. C'est une amie de la famille, qui m'hébergeait à Paris quand je montais y travailler pour mon mi-temps syndical. Une semaine lundi et mardi, la semaine d'après, du lundi au mercredi. On petit déjeunait ensemble, une fois la semaine, deux fois la semaine suivante. Ça a duré quelque chose comme trois ans et c'était précisément à cette période qu'on écrivait « Zones d'ombre » avec Jane. Le 7ème, c'était la chambre de bonne qu'elle me prêtait gracieusement et c'est vrai que là haut, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire que rêvasser en essayant de goupiller l'intrigue de ce roman. 

 

Mais depuis, Geneviève est morte, d'ailleurs assez rapidement après avoir déclaré ses premiers soucis de santé. C'était il y a deux ans je crois et si je comprends bien, ses livres ont été dispersés et parmi eux, celui que je lui avais adressé, qui coucou me revoilà chez Yves.

 

Est-ce un signe ? De quoi ? De qui ? Je ne sais… Mais si vous y êtes pour quelque chose, chère Geneviève, sachez que votre souvenir m’accompagne souvent. Vous aviez une énergie inépuisable, généreuse et drôle et oui, décidément, ce que j’essaye d’écrire vous doit beaucoup.

 

 

 


12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 08:24

 

Je réédite cet article du 28 décembre 2010 bien avant les fête. On ne sait jamais, si le Père Noël en prenait ombrage... 


 

Lettrine (O boule de noël)

 

 

n a remis les meubles en place, mais le sapin est encore là. Reste dessous quelques cadeaux, destinés à des absents, mais auxquels on pense quand même. Règne dans l'appartement une atmosphère endormie et ce joyeux désordre de lendemain de fête. Les objets et les habitudes rejoignent petit à petit leur destination. Je suis beaucoup trop en congé pour en éprouver la moindre nostalgie. D’autant que ça a été un super Noël, recomposé, comme il se doit dans nos familles éclatées, à partir de trois autres, du 18 au 26, mais cet assemblage ayant donné un excellent cru.

 

J'aime cette heure des lendemains, où l'on peut repenser et savourer tranquillement la veille. Ce doit être mon côté ruminant. Je peux maintenant ressortir de ma poche cette idée apparue au beau milieu de la fête, mais alors mise de côté - j'avais à boire et d’autres chats à fouetter :  Noël et le mariage ont peut-être en commun de nous faire passer une journée au-dessus de notre condition.

 

Oui, je sais : voilà plutôt un sujet pour Ysengrimus et je lui offre très volontiers, enrubanné. Il faudrait bien ça de culture et de science pour ne pas naviguer comme moi à vue sur cette idée. Bah, on verra bien ce à quoi arriveront ma plume et ma cervelle barbouillée...

 

Même pour un non pratiquant comme moi, le mariage parait offrir à profusion le ban et même l’arrière ban nécessaire pour étayer l’idée que certaines fêtes nous veulent «  pour un jour, un jour seulement, un jour, un jour quelquefois, beaux, beaux et riches à la fois » pour paraphraser scandaleusement « La chanson de Jacky » de J. Brel. Mais tiens ? j'aperçois sur notre route hasardeuse un écueil à éviter. Bougez pas, je contourne : La fête, vous me direz, n'importe quelle fête, comporte nécessairement des éléments transgressifs, puisqu'elle sert aussi à ça. Le carnaval en donne le meilleur mauvais exemple en proposant comme règle du jeu de chambouler l'ordre et les conventions sociales cul par dessus tête. On y change en apparence de sexe, de condition, d'emploi, de personnage, on s'approprie l'espace public, on défile, on fout le bordel et finalement le feu au bonhomme carnaval. Bref, quand on « fait la fête » c’est bien pour sortir de l’ordinaire. Pourquoi le mariage y échapperait-il ?

 

Certes, mais nous aurons alors constaté ensemble que la fête nous entraîne volontiers en dehors de notre condition. Mais pourquoi, parmi ces ailleurs un moment accessibles, privilégier l’ailleurs particulier, l’au-dessus de la classe sociale supérieure ? Parce que la robe blanche à traîne, le château de la réception, la limousine convoyant les mariés, la virée à Venise, j’entends bien leur côté féerique et merveilleux, mais je vois surtout leur façade aristo. De ce point de vue images du monde là, le plus beau jour de notre vie serait celui où nous singeons la noblesse.

 

Bon, le mariage : c’est fait. Reste à baliser le chenal jusqu’à Noël. L’aristocratie dont j’ai rhabillé le mariage n’est qu’une image. Un film monté à partir de ce que le bon peuple imagine des fastes et des ors de la vie de château, moitié Versailles, moitié Disney. Du coup, à regarder Noël par ce bout d’une lorgnette qu’en dépit de messages subliminaux réitérés, personne ne se décide à m’offrir, qu’est ce qu’on voit ?

 

Un banquet - Le repas de Noël rassemble un nombre inaccoutumé de convives autour de mets inhabituels et coûteux. Il faudrait étudier de près les plans de table pour confirmer dans quelle mesure ces derniers mettent en oeuvre des liens d’allégeance, mais en rassemblant ses membres autour d’un repas, c’est bien l’idée même de famille qu’on voudrait restaurer, cet ensemble de liens du sang et d’unions maritales ou presque. Comme s’il s’agissait de réaffirmer une fois l’an sa force, sa cohésion, en sacrifiant au rite du banquet, dont on pourrait se demander, au départ, s’il n’était pas une sorte de représentation à usage interne pour rappeler à chaque convive quelle était exactement son rang dans le partage du patrimoine. Du coup, on comprend mieux que les amis ne soient pas invités à Noël. S’il ne s’agissait que de partager la joie d’un bon repas, ils y seraient, et on irait au resto, comme au nouvel an. Mais là non : il s’agit bien d’une réunion de famille dans la grande salle du château pour partager symboliquement entre actionnaires les abondants dividendes affectifs que figurent assez bien le foie gras et la dinde aux marrons.

 

Un décor - Faire riche est bien le mot d’ordre. On sort le limoge et le baccara des grands jours et qu’importe si les plats de service sont en carton tant qu’ils sont dorés : faut que ça brille. Bougies partout, et hop, bienvenue au Moyen Âge ! Tu préfères Renaissance ou XVIIème ? Pas de problème, tant que ça reste une époque où l’on n’avait pas l’électricité, où s’éclairer d’une profusion de bougies changeait de la maigre chandelle et signait à coup sûr le grand luxe. Pour l’or, on va faire court : il signe de tous temps la richesse et le pouvoir. J’ai un peu plus de mal à faire rentrer les guirlandes, les boules et le sapin dans cette lecture gauchiste de nos agapes, mais peut-être en eux réside seulement l’idée qu’après l’hiver, la promesse de verdure, de fruits rouges et de lumière sera une nouvelle fois tenue ?  

 

Des cadeaux - Le Père Noël ne me contredira pas : certaines listes de cadeaux ressemblent à des listes de courses (ou de mariage ; mouhahaha !) On ne cherche plus seulement le petit quelque chose qui fera plaisir, Noël est également l’occasion de se cotiser pour offrir le gros truc qui manquait. Mais on est de toute façon dans un système où cheminée ou pas, tout ça tombe un peu du ciel et ne sent ni la sueur ni les larmes. En établissant un lien direct entre le vouloir et l’avoir, le cadeau de Noël nous rapproche-t-il plus de la toute puissance des enfants ou de celle des rois ? Ici, la seconde proposition m’arrangerait mieux.

 

On m’objectera - sans doute à juste titre - que Noël, c’est surtout du merveilleux, de la magie, des lumières, une trêve, du plaisir partagé en famille. Ok, ok, je suis le premier client, je vous assure ! Mais ma question demeure : comment se fait-il que l’abondance apparente et l’apparence de paix empruntent à ce point les apparences de la fortune et les signes traditionnels du pouvoir ? Comment se fait-il que nous soyons autour du 25 décembre si  fascinés par des trucs qui, à d’autres moment de l’année, nous sembleraient juste « bling-bling » et très éloigné de nos valeurs ordinaires ?  Du coup, je me demande si pour maintenir le statu quo, en plus de s’arranger pour que les pauvres se battent entre eux, il n’y aurait pas un autre moyen, annuël celui-là : nous gaver jusqu’à la nausée. Comme si d’avoir eu beaucoup trop un jour et sans devoir ni le gagner ni le mériter, devait nous retenir pour un an de revendiquer ce à quoi nous avons droit...

 

Une flûte de champagne à la main, un toast au saumon dans l’autre, mollement avachi dans un canapé, entourés des enfants et de leurs chéries, la mienne pas loin, quoique passagèrement aphone, tous impatients d’ouvrir nos cadeaux, j’étais bien loin de la lutte des classes et proche de penser que tout ça pourrait peut-être passer pour un moment idéal. Aux yeux d’un gamin peut-être...

 

 

 

Lumières de Noël dans les yeux de Jimidi - Le carnet de J

 

  (Non mais en vrai, je n'ai absolument pas les yeux de cette couleur là : je les ai trafiqués façon "Tooms" dans Photoshop.)

 

 

 


5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 19:11

 

 

 

Les cabanes j’en ai fait beaucoup, mais les seules qui aient tenu le coup, qui n’aient jamais viré de bord, mais viré de bord. (Mais qu’est ce que je raconte, moi ?) Disons que sur le terrain du « survivalisme » vers lequel j’entends bien qu’on dérape, deux me reviennent en mémoire.

 

La première était souterraine. Mais alors là, bien. J’ai entrepris de creuser dans le jardin des parents un trou d’un bon deux mètres sur deux, dans lequel j’étais sensé pouvoir me tenir debout, ou quasi. Je te dis pas le nombre de seaux de terre que j’ai sorti de là-dedans, et comme la terre, ça foisonne (c'est-à-dire que le volume occupée par la terre remuée est plus de deux fois celui de la terre avant qu’on creuse) je te dis pas non plus le volume hymalayen du tas stocké à côté. On m’a laissé faire. D’ailleurs et pour paraphraser Sturgeon dans une nouvelle dont tu voudras bien me donner la référence si elle te reviens avant moi, mes parents, quand ils constataient que l’un de leurs enfant avaient entrepris de se peindre le ventre en bleu, étaient plutôt du genre à fournir la peinture. Ceci dit, personne ne m’a aidé. Je pense qu’en me voyant creuser, mon père se disait déjà que ça ferait de toute façon, plus tard, une bonne fosse à compost. C’est exactement comme ça que ma cabane a fini. Mais avant cette fin peu glorieuse, oui, j’ai mené mon projet à terme, j’ai couvert l’ensemble avec des portes en bois récupérées à la décharge toute proche et ménagé une trappe pour descendre là-dedans.

 

Je ne sais pas ce que j’espérais de cet abri antiatomique, mais en constatant, au final, qu’il était un lieu à la fois sombre et humide, il a brusquement perdu tout intérêt à mes yeux. J’ai dû y descendre trois fois en tout et pour tout. Tu dis ? Tout ça pour ça ? Ben oui.

 

La deuxième cabane que je voudrais évoquer était constituée d’une énorme caisse de bois, toujours récupérée à la décharge, assez grande pour que je puisse y tenir allongé et accroupis. Là, l’idée, c’était bien d’avoir tout sous la main pour un séjour prolongé. Nous y voilà. J’ai installé une réserve d’eau, constitué d’un réservoir et d’un tuyau souple, qui m’apparaissent maintenant (mais oui !) comme du matos pour les lavements. Lumière, sans doute des trucs à grignoter, paillasse, couvertures, peut-être même un poste à galène et hop, prêt pour l’apocalypse, à laquelle je ne pensais pas du tout.

 

On trouvera sans beaucoup les chercher d’autres tentatives très officielles d’habitat minimaliste, pour ne pas dire cellulaire.  Certains dans cet ici-carnet, comme le « Roll it » ou « L’abri ovoïde »

 

Et ?

 

Et rien, juste, je comprends que certaines quêtes peuvent commencer tôt et ne jamais finir, juste changer de forme.

 

 

 

4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 15:35

 

 

 

 

 

Le débat est lancé. Il l'est dans les commentaires accompagnant l'article sur le réchaud « Biolite » qui te recharge l'iPhone avec indifféremment de la bouse séchée, du charbon de bois, des pommes de pin ou de la branche, selon arrivage, mais il l'est aussi, ô combien, dans les forums où se retrouvent pèle mêle les adeptes de la randonnée, les scouts mal grandis et les paranos du jour d'après.

 

Le débat s'organise (c'est le cas de le dire) autour de cette question : qu'est ce que vous mettez, ou mettriez dans votre sac ?

 

C'est une question qui se décline assez bien en littérature pour peu qu'on la formule ainsi : De quoi auriez vous besoin sur une ile déserte ? Perso, la seule réponse réaliste me paraît être : Une supérette, mais ce n'est pas ainsi que les œuvres de fictions abordent les choses. Si tu penses par exemple à Robinson Crusoé et si tu gardes alors l'oeil droit sur le livre de Defoë (1719) tout en gardant l'oeil gauche sur celui de Tournier « Vendredi ou les limbes du Pacific » (1967) tu devrais commencer de voir les deux termes du débat qui nous occupe.

 

Là où le Robinson de Defoë entreprend de gérer son ile, d'y imprimer des traces de civilisation, celui de Tournier suit le chemin inverse : abandonnant sa culture d'origine, il adopte la vie sauvage. On retrouve ces deux idéaux dans les débats des forums survivalistes ou apparentés. Les deux ne s'opposent pas forcément : tout le monde emporte un couteau. D'un côté, on a donc les régressifs, ceux pour qui l'idéal est de s'en sortir en n'ayant rien dans le sac, la nature offrant tout le nécessaire, comme nous l'enseignent les peuples premiers et de l'autre, les progressifs, ceux pour qui l'idéal est de continuer (quoi qu'il arrive et où qu'on soit) à bénéficier du confort technologique.

 

Tu dis ? Où se situe Bear Grylls et son émission « Seul face à la nature » là dedans ? Entre les deux. Il fait bien appel à des techniques qu'on pourrait rattacher sans lui faire injure aux peuples premiers, qu'il adapte au besoin, en faisant preuve d'une assez réjouissante inventivité, mais au final, survivre pour lui, c'est rejoindre la civilisation. Il emporte également un couteau.

 

Avec lequel on ne tranchera pas ici entre les deux approches. Elles sont fonction de chacun et se mélangent d'ailleurs volontiers. Je peux tout à fait comprendre qu'on puisse caresser l'idée de se retirer du monde, pour une heure, une journée, une semaine, pour vivre des trucs un peu ultimes, mais pas trop. Je peux également comprendre que, dans l'hypothèse où ce soit le monde qui se retire, on veuille survivre plus d'une heure, un jour, une semaine et s'y préparer. Constatons quand même que les plus acharnés de la survie n'envisagent jamais de n'avoir absolument plus rien et heureusement, parce tailler un silex, c'est quand même une galère.

 

Alors ? Qu'est-ce qu'on a dans le sac ? On a un projet et le contenu allant avec. Ce ne sera évidemment pas le même pour le GR20, pour rejoindre Compostelle, pour un tour du monde en bus et auberges de jeunesse, pour une fin de semaine en forêt ou pour affronter un premier jour de soldes d'été. On a des idées sur le nécessaire et le superflu et on a surtout – ce n'est pas Mélanie qui me contredira – une image de ce qu'on est soi.

 

 

Et pour les cabanes : ça vient, ça vient. 

 

 

 


30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 09:40

 

 

 

 

Ça commence quand, chez les garçons, l’amour des couteaux, des cabanes dans les bois et des feux de camp ? En tout cas, si j’en crois les vidéos des survivalistes et des adeptes du « bushcraft » que je visionne pas mal en ce moment, ça peut durer bien, bien au-delà de l’enfance. D’ailleurs, il faut bien des grands pour encadrer les scouts… Perso, les cabanes, ça m’est un peu passé, mais pour les couteaux et le feu, c’est quand vous voulez. Attention, ce n’est quand même pas au point d’avoir quinze centimètres de bon acier aiguisé sur moi en permanence, et je n’ai jamais mis le feu à ma corbeille à papiers, pour une petite flambée au bureau, même quand ils ont tellement tardé à remettre le chauffage. Non, le seul « couteau » que j’ai sur moi ressemble plutôt à un coupe ongle et s’il comporte bien une lame, elle est juste bonne à tailler les crayons et ouvrir les lettres. Mais il comporte également une petite paire de ciseaux et deux tournevis bien pratiques et oui, bon, ÇA VA ! : un décapsuleur. Tout ça m’a été livré en prime, alors que je n’avais rien demandé, avec mon bon vieux Leatherman Skeletool déjà évoqué il y a peu, et lui, oui, je l’aime. J’aime aussi le couteau d’ogre et comme tu pourras le constater dans cet autre article, ce vieux sécateur, les deux pour la même raison, qu’on pourra résumer par une formule, oh combien ! entendue dans les vidéos évoquées : « Ils font le travail. » Couteaux toujours, je me souviens avoir frétillé d’aise en ouvrant une mallette de couteaux qu’on nous avait offerte, avec là-dedans, toute la panoplie du meurtrier en série. Pour autant, je crois pouvoir affirmer que je ne suis raide dingue ni de couteaux ni d’outillage ; les deux me paraissent tenir de la même disposition d’esprit. Mais j’en connais. Mon jeune frère, l’ébéniste, est lui clairement raide dingue de couteaux et d’outillage, mais avec cette excuse qu’il utilise les uns pour fabriquer les autres. Cette même excuse du bon outil pour le bon travail doit servir aux cuisiniers des mallettes et, si ça se trouve, aux tueurs en série. Mais moi qui comprends, parce que je suis compris dans le nombre, on ne me la fait pas, je sais : le travail à bon dos, ce qu’on aime, c’est les couteaux.

 

A suivre : Les cabanes

 

 

 

9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 09:54

 

 Nake---Famous---apres-un-an.jpg

 

Une conséquence inattendue (mais peut-être secrètement espérée ?) du port de mon nouveau jean, est qu’une porte jusque là hermétiquement fermée s’entrouvre enfin pour moi sur ta motivation pour les soldes et celles des gamins pour les marques. Au cas où tu aurais échappé à l’épisode précédent, petit rappel : je me suis offert un blue-jean pas du tout blue puisqu’il est gris, mais de marque. Un « Naked & Famous » à plus de 150$. Oui, je te la fais en dollars, ça fait encore plus riche. Je n’ai jamais rien eu de vraiment luxueux et d’ailleurs ce jean ne l’est pas vraiment, c’est juste un bon article d’une bonne marque. Ce que j’ai acheté de plus cher de toute ma vie, c’était une Kangoo neuve, belle et sympathique, tout à fait blue, elle, mais on restait très loin de la Lamborghini. Mon Canon A1 et les plus de trois mois de salaire qu’il m’a coûté, à l’époque, au début des années 80 ? Ça ne compte pas : pour éprouver ce sentiment très nouveau pour moi, non par sa nature, mais par son origine, ce sentiment fait de sourire intérieur, de réassurance, de confiance en soi et de rien de fâcheux ne peut m’arriver puisque j’ai mon nouveau jean, il faut que tout le monde porte un jean ; supposé plus ordinaire. Mon appareil photo ne m’aurait apporté un sentiment comparable qu’au sein d’une foule de photographe mieux, également ou moins bien équipés.

 

Du coup, je goûte au plaisir nouveau d’apparaître comme tout le monde en jean, mais avec un jean qui n’est pas celui de tout le monde. On voit bien ce tout ça a d’illusoire : je croiserais quelqu’un avec un jean à 30 000 roupies (Ah ! Tu vois qu’en roupies, ça ne fait pas le même effet !) je ne m’en rendrais pas compte. Par ailleurs, un autre élément est en prendre en compte pour étayer l’hypothèse que cette alchimie est essentiellement intérieure : il ne s’agit pas pour moi d’afficher un vêtement qui aurait l’air de coûter trois fois son prix réel - revoilà les soldes et les Lacostes tombés du camion - mais le contraire. Mon jean à l’air d’autant plus banal qu’il est exactement de la même couleur que le précédent. Trente neuf euros quatre vingt dix neuf chez Célio*. Et tiens ? Peut-être y a-t-il là une ligne de démarcation importante entre les modes vestimentaires des uns et des autres, entre s’afficher délibérément plus, ou moins riche qu’on ne l’est.

 

 

Je n’ai eu aucune remarque sur mon jean. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été scanné des pieds à la tête par mes collègues, majoritairement femmes : chaque journée au bureau commence par ces inspections discrètes et croisées. Sans doute ce nouveau jean ne marque-t-il pas de rupture sensible dans mon style habituel. Mais moi, je sais. 

 

 

* Non, mais l'astérisque, elle est dans le logo de Célio ! (Pffff, les gens !) 

 

 


30 octobre 2013 3 30 /10 /octobre /2013 10:36

 

 

 

 

De cette première journée de grand-père, je retiendrai que c'était également la première journée où j'ai sorti mon nouveau jean gris dans le vaste monde, ce qui m'a valu de le retrouver avec une tache de chocolat sur la cuisse, probablement à cause d'une chaise sur laquelle je me suis assis lors de ma visite famille du matin. Je retiendrai également que ce même jour, je me suis occupé de mes deux « violeurs », un le matin, l'autre le soir (oui, bon, celui du matin n'a pas vraiment violé sa soeur, juste un peu fait des trucs avec elle. En revanche, celui de l'après-midi sur son petit frère, alors là oui.) Je retiendrai également qu'il faisait très beau pour une fin octobre et que cette année, l'automne s'installe très doucement, mais en beauté et qu'avec un futur, un imparfait et deux ou trois présents dans la même phrase, la vie continue.

 

 


25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 15:13

 

 

Il y a presque un an, j’avais déjà eu l’occasion d’évoquer le phénomène sur cet ici-carnet : Noël recule. C’est comme l’inexorable érosion des falaises, les glaciers, les fins de mois difficiles se rapprochant du quinze et le guichet s’éloignant, quand la file d’attente des chômeurs s’allonge, toutes choses inscrites désormais dans la fatalité. C’est donc confirmé, sachez le, Noël commence le 15 octobre. De la même année. Pour le moment.

 

C'est-à-dire que les catalogues de jouet, les fameux, les épais au format carré, c’est fait, y compris ceux des grandes surface, mais j’ai eu la surprise ce matin en m’égarant chez « Maisons du monde » (où je n’avais d’ailleurs rien à faire) de constater que toute leur déco de Noël était également en place.

 

Donc Halloween et la Toussaint, tu oublies, de toute façon, ce n’est pas avec trois chapeaux de sorcière et deux chrysanthèmes qu’on va assurer le chiffre d’affaires. Allez, on mise tout sur la fin d’année et en attendant, on chauffe la ménagère dès le 15, histoire qu’elle commence à paniquer, et donc à stocker. 

 

 

20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 22:15

 

 

Le-tabouret-du-cirage.jpg

 

 

(Extrait de l’article « Nonosse-talgie », mais avec la photo)

 

 

Plus intéressant, le tabouret à cirage. Toujours connu, lui aussi. Il n'a de tabouret que le nom et la morphologie. La taille et l'usage : pas du tout. Le couvercle s'ouvre, dévoilant un coffre dans lequel les parents rangeaient les brosses, cirages et lacets. Encore un meuble donc. Nostalgie : un chouia. Il faut dire que la provenance de ce monstre reste tout à fait inconnue. Mais il y a un gène transmissible dans la famille : celui du meuble sur mesure. Pour la génération d'avant mes parents, je ne répond de rien, mais en ce qui les concerne, la première cuisine de leur domicile actuel avait fait l'objet de plans d'aménagements minutieux et bénéficié de meubles sur mesures. Peut être ce tabouret résultait-il d'une « commande » ? J'ai du mal à penser qu'il ait pu être fabriqué en série. À l'ocaz, je te montrerai une photo. Le gène n'a pas sauté bien loin : dessiner des meubles, ça me prends de temps en temps et mon petit frère est ébéniste.

(Indice, mais de quoi ? le lino qui couvre le tabouret est celui que nous avions dans notre chambre...) 

 


 

 


Articles RÉCents

  • Bisounours et langue de bois
    Pour l’avoir déjà dit souvent, je peux le répéter ici encore une fois : je lis tout ce qui m’arrive, quelque soit la provenance et le contenu. Les sources sont assez diverses. Classiques : je lis ce qu’on me prête, ce qu’on me donne, ce qui tombe de ma...
  • La saga de Ote - Volume II - Le dirigeable
    La nature a horreur du vide, parait-il. Ça tombe bien : moi aussi. Après avoir terminé d'écrire le premier opus de cette saga (septembre 2014-->jullet 2015), un grand vide s'est fait. Je n'avais vraiment, mais vraiment aucune idée de ce dont pourrait...
  • Vivement que tous nos logement soient accessibles...
    Vivement que tous nos logement soient accessibles aux handicapés, qu'on puisse se faire livrer les courses par des robots. Ou par des handicapés, d'ailleurs.
  • J’étais tranquillement en route pour aller chez...
    J’étais tranquillement en route pour aller chez Dut quand je me suis avisé que l’aiguille de température d’eau indiquait plus de 100° et flirtait avec la zone rouge. J’ai continué à très petite vitesse jusqu’à un endroit où m’arrêter à l’ombre, avec l’idée...
  • Louons la Vache :
    Louons la Vache : 10 novembre 1966 Jean POIRET, humoriste, chante "Une vache à mille francs", une parodie de la chanson de Jacques BREL "Une valse à mille temps".
  • Non mais, franchement...
  • Je ne m'en lasse pas :
  • "Mais puisque je vous dit que mon attestation...
    "Mais puisque je vous dit que mon attestation d'installation d'un détecteur autonome avertisseur de fumée à BRÛLÉ dans L'INCENDIE provoqué par le fonctionnement défectueux de ce putain de détecteur ! "
  • On me les a demandé : les voilà, les pigeonneaux...
    On me les a demandé : les voilà, les pigeonneaux du balcon. J'avais l'impression que les petits, quelque soit l'espèce, étaient forcément au moins aussi beaux que les parents, voire plus - surtout les miens - mais quand tu vois ce désastre... Encore,...
  • Allo ? Y'a quelqu'un là haut ? Quand je disais...
    Allo ? Y'a quelqu'un là haut ? Quand je disais "on va tous mourir !" Je PLAISANTAIS ! C'est bon ? Tu peux remettre la clim ?