Les cabanes j’en ai fait beaucoup, mais les seules qui aient tenu le coup, qui n’aient jamais viré de bord, mais viré de bord. (Mais qu’est ce que je raconte, moi ?) Disons que sur le terrain du « survivalisme » vers lequel j’entends bien qu’on dérape, deux me reviennent en mémoire.
La première était souterraine. Mais alors là, bien. J’ai entrepris de creuser dans le jardin des parents un trou d’un bon deux mètres sur deux, dans lequel j’étais sensé pouvoir me tenir debout, ou quasi. Je te dis pas le nombre de seaux de terre que j’ai sorti de là-dedans, et comme la terre, ça foisonne (c'est-à-dire que le volume occupée par la terre remuée est plus de deux fois celui de la terre avant qu’on creuse) je te dis pas non plus le volume hymalayen du tas stocké à côté. On m’a laissé faire. D’ailleurs et pour paraphraser Sturgeon dans une nouvelle dont tu voudras bien me donner la référence si elle te reviens avant moi, mes parents, quand ils constataient que l’un de leurs enfant avaient entrepris de se peindre le ventre en bleu, étaient plutôt du genre à fournir la peinture. Ceci dit, personne ne m’a aidé. Je pense qu’en me voyant creuser, mon père se disait déjà que ça ferait de toute façon, plus tard, une bonne fosse à compost. C’est exactement comme ça que ma cabane a fini. Mais avant cette fin peu glorieuse, oui, j’ai mené mon projet à terme, j’ai couvert l’ensemble avec des portes en bois récupérées à la décharge toute proche et ménagé une trappe pour descendre là-dedans.
Je ne sais pas ce que j’espérais de cet abri antiatomique, mais en constatant, au final, qu’il était un lieu à la fois sombre et humide, il a brusquement perdu tout intérêt à mes yeux. J’ai dû y descendre trois fois en tout et pour tout. Tu dis ? Tout ça pour ça ? Ben oui.
La deuxième cabane que je voudrais évoquer était constituée d’une énorme caisse de bois, toujours récupérée à la décharge, assez grande pour que je puisse y tenir allongé et accroupis. Là, l’idée, c’était bien d’avoir tout sous la main pour un séjour prolongé. Nous y voilà. J’ai installé une réserve d’eau, constitué d’un réservoir et d’un tuyau souple, qui m’apparaissent maintenant (mais oui !) comme du matos pour les lavements. Lumière, sans doute des trucs à grignoter, paillasse, couvertures, peut-être même un poste à galène et hop, prêt pour l’apocalypse, à laquelle je ne pensais pas du tout.
On trouvera sans beaucoup les chercher d’autres tentatives très officielles d’habitat minimaliste, pour ne pas dire cellulaire. Certains dans cet ici-carnet, comme le « Roll it » ou « L’abri ovoïde »
Et ?
Et rien, juste, je comprends que certaines quêtes peuvent commencer tôt et ne jamais finir, juste changer de forme.