La très belle et très graphique couverture entièrement réalisée par Mister Zion à partir d'une de ses toiles
Le sommaire du numéro 01/13, avec un dessin de Titwane dans le fond. Si tu t'en souviens, c'est lui qui avait réalisé l'illustration nous ayant servi pour "Photomaton".
Xpress - Un jour, il faudra que j’arrête de changer de logiciel de mise en page quasi à chaque numéro de Scribulations. C’est déjà le quatrième. J’espère qu’Xpress marquera une pause d’au moins deux ou trois numéros. Très bien Xpress, quasi parfait, à part ses initiatives malheureuses pour ajouter des pages et en faire disparaître d’autres. On va dire que j’ai encore besoin de le prendre en main. Mais au final, j’ai réussi à mettre en page Scribulations 01/13 avec, et c’est tout ce qui compte, non ? Gros boulot quand même, une centaine d’heure, je dirais et je ne compte que les miennes : MiKla est passée derrière !
« M, comme « Mer…credi ! » - À l’arrivée, quand tu auras ton épais exemplaire de Scribulations 01/13 en main, cher lecteur, toute trace du travail technique aura disparu. C’est le charme paradoxal de la mise en page : elle vise sa disparition. Elle est totalement au service du contenu, de la lecture et du lecteur. Présente sur chacune des pages, mieux elle est, moins on la remarque. Mais pour moi, pauvre soutier, certaines questions ont été des casse-têtes. Tiens, par exemple : je décide d’ouvrir les textes par des lettrines. Très bien. Chic et de bon goût. Mais les lettrines proposées par Xpress consistent à agrandir bêtement sur trois lignes la première lettre, dans la même police que le reste du texte, du Callisto. Bof bof. Je voyais plus grand, avec des polices plus calligraphiques, comme Bearer Font, par exemple, déjà utilisée pour le 01/12. En avant pour Bearer font et tiens, pendant qu’on y est, on se la fait dépasser un peu en haut et dans la marge, en mode rebelle.
Et on fait quoi, quand la première lettre d’un texte n’est pas une lettre ? Mais à cette question là, déjà rencontrée, j’avais déjà trouvé une réponse. Si ça commence par un guillemet (c’est le cas le plus fréquent) tu traites en lettrine les DEUX premiers caractères, d’où le « M.
Oui mais la police Bearer Font n’a pas de guillemet. Putain, mais qu’est-ce que j’ai fait au ciel ? Rien. Ah ben justement, ça doit être ça. Du coup, j’ai dû chercher (et trouver) une police approchante, qui proposait des guillemets, truquer et machiner le guillemet dans Photoshop, le coller au M resté lui en Bearer Font, et roule. C’est page 50. T’a rien vu de bizarre ? C’est réussi.
Volume - Après avoir dit et répété qu’il ne fallait pas que ce numéro dépasse 200 pages, boum, il en fait 250. Ça tombe à la fois bien et mal. Mal, parce qu’il pèsera du coup 329 g, bien trop pour les emballages pré-payés bonmarché, dont le poids total roulant en charge est limité à 250g. Mais ça tombe également bien, puisqu’ayant décidé d’en tirer 300 ex, autant que ce soit un numéro copieux, représentatif, présentant un max de textes et d’illustrations. Dans un coin de ma tête, je m’étais lancé le défi d’inviter le plus possible de contributeurs. À l’arrivée, ils sont 34. Ils étaient quinze pour le premier numéro. On mesure le chemin parcouru. Sur les quinze scribulateurs historiques, neuf sont toujours présents au générique cinq ans après : belle fidélité !
Une calligraphie de Denise Lach, à l'appui du texte "Le Calligramme" de Xaba. On ne pouvait rêver mariage plus réussi.
Illustrations - Comme nous n’avons pas les moyens de rémunérer des illustrateurs pour dessiner, peindre, graver, sculpter, photographier à la commande, je fais mon marché chez les potes, et sur Internet en lançant de temps en temps des recherches sur, par exemple : « dessins en noir et blanc ». Par ailleurs j’avais très envie de publier le travail de Denise Lach, calligraphe et depuis ma rencontre avec elle, comme elle était d’accord, c’était pour ce numéro. Du coup, j’ai eu très envie qu’un bon gros fil rouge traverse tout le numéro, celui du « geste d’écrire ». Par chance, à l’arrivée, Xaba donnait l’excellent texte « Le calligramme », Paul Laurendeau « Une série de clics irréguliers, puis…» dans lequel il est question d’une machine a écrire et Pierre-Jean Dutey « Les encres », une fiction à base d’imprimantes. Il y avait là bien assez pour accrocher aux pages tout ce que je voulais ayant de près ou de loin quelque chose à voir avec la calligraphie, y compris des phrases manuscrites demandées à certains auteurs.
Ce numéro est hanté. Il l'est notamment par Arthur Musy et sa calligraphie d'un autre temps.
Les oeuvres de Mister Zion s'insèrent parfaitement entre l'écrit et le dessin. Comme les lettrines de MacFlycon, elles illustrent parfaitement cette idée du "geste d'écrire" qui sert de fil rouge à ce numéro.
Mister Zion - C’est à l’occasion d’un chalutage sur le Net que je suis tombé sur les dessins de Sylvain Gurtler, alias Mister Zion. C’était au trait noir sur blanc, donc parfait pour l’impression, dynamique, imaginatif et frais. Ses dessins le situe, pour moi, exactement entre la calligraphie et l’illustration. Son travail de peintre laissait de plus espérer qu’il puisse proposer quelque chose pour la couverture. J’ai pris contact et nous avons travaillé ensemble. Du coup, j’en ai mis partout : dessins pleine page, lettrine, culs de lampe, couverture. Ce numéro lui doit beaucoup.
Je voulais absolument publier cette photo de Christian Séguié, qui nous avait donné un sérieux coup de main pour la couverture du numéro précédent. Ces ceps de vigne se reflêtant dans l'eau me paraissaient à la fois dansants et calligraphiques. La parentée avec les lettrines de MacFlycon est un de ces miracles dont Scribulations n'est pas avare, mais qui me réjouissent toujours autant !
McFlycon - Une fois bien cramponné à cette idée du « geste d’écrire » j’ai assez logiquement voulu montrer des graffs, autre exemple de calligraphie contemporaine. En furetant ça et là, il m’a semblé que le travail de Benoît Gilbert, alias McFlycon, pouvait très dignement représenter cette branche de la calligraphie. C’est un tout jeune homme, lycéen en terminale lors de nos premiers contacts. J’ai tout particulièrement apprécié le souci qu’il avait de transmettre son savoir faire sur sa chaîne Youtube. Ce goût du partage me semblait avoir toute sa place dans notre revue collaborative. On a choisi ensemble trois graffs ; je n’ai trouvé de la place que pour deux, mais ça ne m’étonnerait pas qu’on le revoit.
Un exemple signé Lou des différentes calligraphies mises en oeuvres dans ce numéro. D'ailleurs il en signe deux.
Tmor, avec ses collages fait partie des contributeurs que je retrouve toujours avec plaisir...
... Comme Sylvain Cnudde, alias Iss'N'Kor, présent dès le premier numéro.
Les anciens, les nouveaux - Je ne sais pas toi, cher lecteur de Scribulations, mais perso, j’aime bien retrouver d’un numéro à l’autre, des têtes connues. C’est valable pour les auteurs, bien sûr et bon nombre présents dans ce numéro l’étaient déjà dans le précédent, voire même dans tous les précédents pour certains. C’est valable pour les illustrateurs également. Mais c’est également valable pour certains « trucs » de mise en page : l’importance particulière donnée aux lettrines (j’ai largement usé des alphabets de McFlycon), les phrases manuscrites, annoncées dans le numéro précédent, très présentes dans celui-là, la fidélité à la mise en page établie il y a trois ans par Timothée Gogely.
Clin d’œil - Tiens, la mise en page du sommaire, par exemple. C’est un bon exemple de « clin d’œil ». Jusqu’au numéro 01/11, la tradition voulait que figure un véhicule sur cette page. Moto pour le 01/10, triporteur pour le 01/11. Personne ne m’a jamais demandé pourquoi, mais je vais te le dire. L’idée, c’était que le sommaire était une sorte de devanture, qu’on n’était pas encore à l’intérieur du numéro, plutôt en façade, que tu étais planté devant, comme dans la rue, face à la carte d’un resto, l’affiche d’un film et bref, encore sur le trottoir, dehors, d’où les véhicules garés. Avec en plus l’idée de livraison pour le triporteur. L’idée a évolué avec le 01/12. Je suis resté sur cette intention de « jeter un œil sur le programme », mais en utilisant un visage. L’idée, c’est toujours de faire figurer le « programme », le « menu » (après tout, un sommaire sert à ça) mais en faisant également figurer quelqu’un qui le regarde. Là où ça devient un chouïa complexe, c’est qu’en fait, le visage en question regarde aussi lecteur. C’est une façon de l’interpeller.
Alors que Scribulations 01/13 n’était pas encore sorti des limbes, je suis tombé chez Titwane sur son « portrait de Martin », retrouvant dans son dessin, par une coïncidence dont l’art n’est pas avare, sur son modèle, la même expression mi-interrogative, mi-perdue que sur le visage dessiné par Bruno Walpoth dans le numéro précédent. J’ai trouvé que ce serait une belle continuité de pouvoir en disposer. Tiwane a bien voulu me donner l’image : qu’il en soit mille fois remercié !
Les absents - Il n’y a jamais eu autant de noms au générique de Scribulations et cependant, certains me manquent cruellement. C’est la première fois depuis plus de cinq ans que ne figure aucun dessin de mad meg dans Scribulations. J’ai envoyé des mails amicaux, puis amicaux et inquiets : aucune réponse. A-t-elle changé d’adresse, de pays, d’activité ? Aucune idée. Pour Karen Guillorel, dont j’aurais tellement aimé te faire lire certains poèmes, son absence résulte plutôt d’une bonne nouvelle : elle les édite en recueil. Pour Marie Chataigner, elle est actuellement en voyage au Burkina Faso. Patrick Pakwood est passé de l’écriture à la photo, Laïla Cherrat a été très mobilisée par des questions personnelles et si elle n’a pas trouvé la disponibilité d’écrire, elle a quand même assuré magnifiquement sa part de correction.
Fantômes - Je ne sais pas comment le thème de cette rubrique s’est imposée. Il a dû être lancé par quelqu’un et rencontrer l’inspirations d’autres, mais nous avons assez vite eu un bon bataillon de fantômes, certains entrants par des illustrations et celui de Laure, Arthur Musy, par le biais d’une lettre manuscrite qu’elle avait retrouvée. Arthur traverse les pages et les rubriques de ce numéro. On retrouve des traces de sa calligraphie « à l’ancienne » dans tout Scribulations, entraînant à sa suite d’autres « pattes de mouche » transmises par Lou, Cécile, Jean-Marc et j’en oublie certainement. J’ai l’impression que les fantômes sont à la mode, mais peut-être faut-il voir là une acuité de cette question existentielle qui nous hante depuis belle lurette : Qu’en est-il de notre âme, de notre esprit ?
Quand Mister Zion arrive à l'écriture par le dessin, Denise Lach arrive au graphisme quasi abstrait par l'écriture. Je suis particulièrement fier de les voir réunis dans ce numéro.
Écritures – J’ai déjà évoqué cette rubrique à demi-mot, si j’ose dire, mais je vois comme un heureux hasard qu’elle comporte trois textes, les deux premiers assez longs. Ces trois textes évoquent chacun trois époques successives des moyens d’écrire. « Le Calligramme » de Xaba nous transporte au Moyen-Âge des moines copistes ; « Une série continue de déclics irrégulier, puis… » de Paul Laurendeau met en scène une machine à écrire manuelle ; enfin, « Encres » de Pierre-Jean Dutey envisage de bien intéressants perfectionnements pour nos imprimantes informatiques. C’est bien sûr cette rubrique, centrale dans la revue, que j’ai illustrée avec des travaux de Denise Lach, calligraphe. J’aime énormément le travail de Denise. J’ai rencontré ses œuvres par hasard, au détour d’une expo au Château de Voguë, qu’on allait visiter lors d’un séjour estival en Ardèche. J’avais essayé depuis de la convaincre de m’autoriser à les reproduire dans la revue, mais sans succès, jusqu’à ce que nous fassions connaissance à l’occasion de son exposition à Bulle, en Suisse. Magnifique expo. Nous avons fait connaissance. Scribulations ? Elle voyait très bien. Elle m’a donné carte blanche pour publier tout ce que je voulais et m’a même envoyé quelques fichiers. Du coup, pour ce numéro, j’avais en tête la démarche de Denise, du moins quand elle s’inspire de certaines formes naturelle, ou que son geste d’écrire la conduit à trouver une graphie ressemblant à des branchages, des herbes, des cristaux. Et du coucou, j’ai inséré quelques images que je qualifieraient de « pré-calligraphiques », au premier rang desquelles, page 36, une collection de nœuds dans le bois rassemblée par Brice Coutagne, dans une disposition qui, de plus, peut évoquer une sorte de classement, presque d’alphabet. C’est également à ce titre que j’ai publié page 85 ce très étrange dessin de Mariaunet titré « vers ». Rien à voir avec la poésie, juste des vers qui se tortillent. À quoi pensait-elle ? Je ne sais pas, mais à l’arrivée, dans ce grouillement, on voit presque des lettres. Même intention avec la photo du Cratère Victoria page 237 : par un hasard géologique dont les planètes extraterrestres ne sont pas avares, ce cratère de Mars est tapissé, au fond, de dunes évoquant une sorte d’idéogramme géant et mystérieux.
Ah, tu vois qu'elle y est bien !
Remerciements - Merci10 aux 34 scribulateurs, mais si je devais adresser un coup de chapeau à l’un d’entre eux et un seulement, ce serait à Yowan/Jean-Paul Lefebvre. Yowan nous a rejoint récemment mais il a immédiatement et complètement joué le jeu, proposant des textes, des brèves, des illustrations, des commentaires, des suggestions. Merci JP ! Puisse le prochain numéro bénéficier lui aussi de ta belle énergie !