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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 07:53

 

Salon-de-la-revue-2012---vue-generale.jpg

 

Le 17 avril 2008 (un mardi ?) j’avais sous ma douche l’idée de créer une revue littéraire au format livre. On sait les pièces d’eau propices aux bonnes idée : c’est dans son bain qu’Archimède eu l’intuition qu’un corps plongé dans un liquide reçoit une poussée égale au poids du volume d’eau qu’il déplace. A l’époque, il était sorti à poil dans la rue en criant « Euréka ! ». Perso, je me suis abstenu d’en faire de même en criant « Scribulations ! » ça aurait un peu paniqué l’entourage et de toute façon, le titre n’a été trouvé que plus tard.

 

En novembre 2008 sortait le premier numéro de Scribulations au générique duquel figurent pas mal de signatures qu’on retrouve cinq ans plus tard dans notre numéro 01/12, celui-là même qui nous réunissait les 14 et 15 octobre dernier au Salon de la revue.

 

En 2008, le format livre m’était apparu comme une idée fondamentale, manifestant par ses dimensions matérielles la volonté éditoriale de proposer un contenu littéraire non périssable, dégagé de toute actualité. Scribulations était donc pensée pour tenir debout dans une bibliothèque, bien campée sur ses deux cent pages plutôt qu’à plat dans les vieux papiers. Je voulais que l’ayant lue, on puisse la relire, des mois, des années plus tard et ne rien y trouver qui ait été démodé, aigri par le temps. Au moment de la création de Scribulations, je n’avais en tête que deux autres revues littéraires ayant adopté ce même parti pris du format livre : Celle de Léo Scheer, justement titrée « La revue littéraire » et la revue de science fiction « Univers » aux éditions J’ai lu.  Il devait y en avoir plein d’autres, mais faute de les connaître, j’étais assez fier de notre format original.

 

En 2008, je ne sais pas, mais une visite, même rapide, au salon du livre 2012, montre que pour les revues, le format livre est devenu l’un des standards. J’avais à peine franchi la porte de l’espace des Blancs Manteaux que boum, sur ma gauche, j’avais l’oeil attiré par la couverture de la revue «  Chronique du ça et là » qui se présente comme - c’est malin ! - une revue littéraire dont le petit centimètre de plus en largeur et le petit centimètre de moins en épaisseur ne suffiront pas à faire douter de sa parenté évidente avec Scribulations. Encore moins ses intentions, telles qu’annoncées par Philippe Barrot, son rédacteur en chef : « Le numéro 2 des Chroniques du ça et là (...) poursuit le mouvement initié : la fiction sous toutes ses formes. Point d’éloge ou de critique, comme nous le disions dans le numéro 1, une juxtaposition de textes, une coordination sans subordonnées... On trouvera même, à la fin, les notices des collaborateurs du numéro.

 

Il parait que chacun d’entre nous a sur la Terre un frère jumeau. J’ai eu l’impression qu’aux Blanc Manteaux, Scribulations avait trouvé le sien. C’est d’abord très troublant, mais cette impression (si j’ose dire) invite à plusieurs choses. La première, qui ne te sera épargnée que très provisoirement, est bien sûr de présenter en bonne et due forme ce rejeton de la famille littéraire. Je consacrerai donc un article aux « Chroniques du ça et là », ce qui te permettra d’apprécier comme moi son excellente tenue. La deuxième est également faite d’affiliation, puisqu’elle conduit à s’interroger sur ce qu’on croit original et qui vous fait ressembler à d’autres. On est déjà passé par là : tu claques des portes, tu fais ta vie et un jour, tu ressembles à ta mère dans le miroir de la salle de bain. Mais pour Scribulations au moins, pas besoins de dénouer les fils de ta pénible existence pour repérer ce qui a bien pu l’inscrire, durablement j’espère, dans les rangs des objets qui peuplent ta bibliothèque et qui peuplaient également les stands du salon du livre.

 

Pour aller du particulier au général, on pourrait se rappeler que Scribulations a été précédé en décembre 2006 de « Photomaton », qui apparaît bien, a posteriori, comme une préfiguration. Pour ceux qui ont raté l’épisode,  ce recueil publiait un choix de soixante fictions écrites à partir du même prétexte : Un personnage entre dans un photomaton ; ses photos sortent blanches. Le nombre, la qualité des textes, le souhait de les valoriser imposaient un format livre.

 

Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas percevoir, au salon du livre, l’ambition d’une grande majorité des milles revues représentées* d’échapper à l’actualité pour s’inscrire dans la durée. Toutes n’ont pas choisi le format livre comme étendard de cette volonté. Certaines privilégient par exemple la qualité d’édition, (reliure, couverture, papier...) comptant sur « le bel objet » pour traverser le temps sans encombre. D’autres parient sur la collection, chaque numéro s’ajoutant plutôt que de renvoyer le précédent aux oubliettes. Toutes n’ont pas non plus fait le choix de la fiction pour leur contenu - on trouvera beaucoup d’essais et beaucoup de poésie - ni même celui de la littérature : certaines privilégient les images par rapport au texte. Scribulations rassemble beaucoup de ces caractéristiques.

 

Enfin, , je crois que le format des revues est également fortement contraint par des données matérielles et pratiques. Si des revues comme « Psychologies » et des magazines féminins sont proposés en petit format, c’est pour tenir dans le sac. Trivial également, le faible coût de l’impression numérique, à condition de s’en tenir à des formats très standards.

 

Bref, les souhaits se confrontant aux réalités et les compromis résultants devant s’inscrire dans des budgets, chaque revue du salon - au premier rang desquelles, la nôtre - parait résulter comme toi et moi d’un miracle fait de hasards et de nécessités. Tu dis ? Pour moi, on ne voit pas bien la nécessité ? Merci, c’est gentil. On a déjà vu tout ça à l’oeuvre ailleurs et produire, au salon comme pour l’évolution des espèces, des résultats surprenant de ressemblance. Je ne m’étonne donc pas que Scribulations entretienne autant de parentés avec ses voisins et ses voisines, je m’en réjouis : on est de la même famille.

 

 * "1000 revues représentées", c'est la formule des organisateurs. Ça me parait un peu exagéré. Je me demande s'ils ne comptent pas là dedans la totalité des exemplaires...

 

commentaires

L
<br /> Tu as les yeux de l'amour pour Scribulations, tu es une mère pour elle. C'est touchant. Et maintenant des airs de familles...Je n'ai pas vu ces "chroniques de ça et là", je lirai ton article avec<br /> interet.<br /> <br /> <br /> Notre cher Aymeric qui n'a voulu qu'un exemplaire me laisse aussi sur les fesses. ( mais je peux comprendre)....On est si moche que ça ? Même moi qui sort à peine de l'ombre pour aller vers les<br /> miens, je n'ai pas peur de l'offrir à droite et gauche...Hier un Scribu est parti en Californie !! J'espère que le bébé ne va pas couler dans l'Atlantique.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Scribulations est insubmersible, il parait. <br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Pas encore lu les revues reçues, en particulier parce que j'aime en général laisser "murir" une lecture à venir, enfin pour les livres et elles ressemblent en effet à des livres, ce que je trouve<br /> très bien ! Mais bigre, 1000 revues, il faut plusieurs vies ! Bon week-end<br />
Répondre
J
<br /> <br /> J'ai recompté dans le programme : il n'y avait qu'un peu plus de 200 exposants. (Mais un diffuseur avait par exemple un stand assez grand où il présentait des dizaines de revues.) <br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Chouette des Couzins !<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Pi pas qu'un peu ! <br /> <br /> <br /> <br />

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