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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 12:11

 

Je ne crois pas avoir déjà repris cet article ici. Il a été écrit il y a quelques temps, après avoir lu la réflexion un peu découragée d’une blogueuse traversant un moment de doute, ce doute qui peut saisir chacun, confronté à la possible vanité de toutes ses entreprises. Certes, il est un peu long. Et alors ? Il n’y a pas que le Schmilblick dans la vie !


Lettrine--A-stradivarius--Le-carnet-de-Jimidi.jpgttention, les réflexions qui suivent s’inscrivent dans le cadre stricte de ce premier constat : pour certains – dont je suis – écrire est aussi inévitable que sécréter du calcaire pour un coquillage. Oui, ça marche aussi avec les escargots et tiens ? ça me ressemble plus. C’est-à-dire que pour ces âmes damnées, écrire procède d’un mouvement comparable à la pousse des cheveux et des ongles. Faut que ça se fasse. Ceux là écriraient avec un bâton sur le sable de leur île déserte s’ils n’avaient plus que ça et je soupçonne certains de chiper en douce – tac – une rémige des anges du paradis pour continuer après leur mort.

 


On a pu voir là une nécessité vitale – c’en est une – mais dont on mourrait si on en était privée. Heu… C’est envisager la question à l’envers. Si la mort empêche d’écrire (elle n’empêche pas d’être publié !) je doute qu’on puisse empêcher un vivant d’écrire (Cf. « Le scaphandre et le papillon). Ou alors c’est que d’autres nécessités seraient devenues bien plus prioritaires, ou certaines fonctions vitales trop amoindries. L’écriture n’aurait alors – comme tout le reste peut-être – plus beaucoup d’importance.


Bref, pour nous les damnés, ceux pour qui l’écriture est une sorte de cicatrice qui démange – alors on gratte – elle reste une inépuisable source d’interrogation dont les blogs ne sont pas indemnes, mais qui ne doit pas masquer les questions spécifiques qu’ils posent.


 « Un blog : à quoi bon ?» doit être alors compris, pour moi, non comme « Pourquoi un blog plutôt que le macramé ? » mais bien comme « Pourquoi un blog plutôt qu’un journal intime, un recueil de souvenirs, une autobiographie, une revue littéraire, des nouvelles etc. ?»


 On contournera ici, des questions comme « Pourquoi écrit-on, Tonton ? M’as-tu lu, Lulu ? Il n’est pas impossible que dans le même mouvement ample et lâche, cet article passe également à côté des figures libres ou imposées de l’écriture sur blog, comme la chronique des petits riens. Tout ça pour dire que du point de vue que j’entends défendre, le principal défaut du blog pour ceux qui écrivaient-écrivent-écriront, c’est le flou de sa représentation mentale : est-ce que j’écris vraiment si j’écris sur mon blog ? Or cette question ne se pose pas si on est lancé dans un texte destinée à une édition papier, par exemple.



Le papier, encore.


C’est peu dire que livre, et plus généralement l’édition papier, culturellement, on l’a dans la tête. Ça n’a pas toujours été, mais ça fait quand même un certain nombre de milliers d’année que ça dure. Ce n’est pourtant pas universel : nous avons tous des voisins, des parents, des enfants, pour qui le livre ne représente pas grand-chose. Mais, virgule, pour les autres, ceux pour qui la culture et l’écrit font bon ménage, le livre représente un symbole au moins aussi fort et tout aussi irrationnel que - je ne sais pas moi - la croix du Christ en religion ? Le livre, on l’a dans la tête à côté d’autres objets irrationnels, déraisonnables et indispensables.


 Encore une fois, je sais bien qu’il s’agit là d’un moment inscrit dans l’histoire. Il y a eu un avant livres, il y aura un après. Mais nous sommes dans un entre-deux et dans cet entre-deux : nos carnet électroniques. On les décrit comme des journaux intimes, mais publics, comme des fanzines en ligne, comme des revues de presse, comme des albums de voyage en temps réel, comme des catalogues éphémères… Bref, on fait appel, pour se les représenter, pour dire ce qu’ils sont, dire ce qu’on voudrait qu’ils soient, à des modèles préexistants. On cherche des parentés pour situer des différences et des racines d’où pousseraient des branches auxquelles se raccrocher. Cette incertitude, ce flou donnent à certaines questions une acuité qu’elles n’ont pas ailleurs, comme la question de savoir par qui, par combien nous sommes lus. Parce qu’enfin, soyons honnêtes, quand on publie un livre, nous n’avons pas de contact avec nos lecteurs, peu d’info sur leur nombre et en gros : on s’en fout. Pourquoi, passant d’un modèle éditorial à un autre cette question change-t-elle à ce point de visage ? Parce que justement nous sommes alors dans l’incertitude des termes dans lesquelles les poser, dans lesquels y répondre et au final de leur importance.


 Je ne suis pas en train de dire que le nombre des lecteurs de nos blogs on s’en fout parce qu’on se fout du nombre de lecteurs de nos livres. Je suis juste en train de relever que pour le livre, on s’en fout parce que le plaisir qu’on a d’être publié n’est pas fonction du nombre de nos lecteurs et que ce nombre n’a une importance qu’économique pour l’éditeur.


 

Et tonk ?


On ne répondra donc pas ici à la question « Un blog : à quoi bon ?» avec un compteur de visites ou de pages lues, non, car ce que j’entends dans cette question, c’est du doute, du découragement, de la solitude, le bilan d’une énergie possiblement gaspillée, d’efforts peut-être vains, d’espoirs peut-être déçus. On peut se poser les mêmes questions en faisant du macramé, mais au moins à l’arrivé a-t-on un sac, un hamac, un objet. La « récompense » de l’écriture, quand on est publié, on l’éprouve, mais pour un blog, elle est où ? Vers quoi est-ce qu’on va avec un blog ? Qu’est-ce qu’on accumule, qu’est-ce qu’on construit ? Juste une alvéole supplémentaire de sa coquille, ou autre chose de plus ?


 Perso, je crois sincèrement que le côté « sécrétion naturelle » peut suffire à certains, à bon droit. Je le dis autrement : écrire un blog juste parce qu’écrire ou juste parce que déborder ou juste parce que ras le bol ou juste pour fleurir ou juste pour le calcaire, ça me semble tout à fait légitime et suffisant et ne pas se poser la question d’à quoi bon ? parfaitement respectable. Mais je crois aussi que ce qui fonde l’importance d’un livre, c’est qu’il est tous les livres, comme un être humain est d’une certaine façon toute l’humanité. Alors quelle est cette « blogosphère » cette « toile » dont chacun de nos blogs serait constitutif et comment se représenter enfin leur irréductible et singulière importance dans ce grand tout ? Forment-ils (métaphoriquement) les cellules d’un tissu vivant ? Ont-ils noué des liens avec les autres blogs jusqu’à constituer un filet ?  


C’est peut-être encore du livre que peut venir la réponse. Oui, parce que le livre, on s’en fout. Le livre, ce n’est jamais que la production d’un auteur dont on sait qu’ils ont le nez dans le guidon, la tête dans le sac et le tout dans un tunnel. L’important, c’est la littérature, et désolé, mais ce ne sont pas les auteurs qui font la littérature, ce sont les lecteurs. Ah, je crois que j’ai été un peu vite pour certains (de Tours). On pourrait en discuter, mais je crois que la littérature est plus un ensemble (organisé) de lectures qu’une accumulation de livres.


Dans le même ordre d’idée, je ne crois pas que les blogs tissent la toile. Ils figurent plutôt les fils de chaîne et le lecteur cette navette les traversant pour constituer de son va et vient, au final, cette toile. Tu vois pas ? Oui, ben tu n’avais qu’à prendre « tissage artisanal » plutôt que « poterie », dégage. Perso, l’image vaut ce qu’elle vaut, mais je me représente nos blogs côte à côte, tendus comme les cordes d’un piano, allant du grave à l’aigu. Avec son clavier (c’est le cas de le dire) le lecteur compose sa petite mélodie personnelle en nous parcourant si bien qu’au final, la blogosphère est plutôt un concert qu’une salle de spectacle, dans laquelle nous sommes peut-être plus les instrument que les instrumentistes.


Vous avez de la chance, ici, c’est Stradivarius tous les jours !

 


commentaires

C
<br /> <br /> Et pourtant des foires aux gras il y en a des dizaines dans la région<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Ce doit être méridional.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> On fait un blog pour sois même et après si certain y rentre , puis le partage , le plaisir ......<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> Et puis il y a sur picasa les dernières photos de la fête<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Oui ! J'ai vu ça ! La fête du gras : c'est très inattendu comme intitulé. Le gras c'est la vie ! (C'est pas de moi.)<br /> <br /> <br /> <br />

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