out indiquait que la journée de jeudi risquait d’être longue. J’étais quand même loin du compte. J’ai commencé à 7h45 par un rendez-vous dans une école maternelle, pour négocier quelques aménagement dans la convention d’une stagiaire qu’on a mise là-bas et surtout m’assurer qu’elle avait bien repris, après son absence de l’avant veille, pour symptômes diffus, mal au ventre, nausées... Manquerait plus qu’elle soit enceinte. Elle était là et le directeur (très vieille France et arborant fièrement une décoration à son revers, peut-être les palmes académiques ?) n’a fait aucune difficulté. De là, je suis allé jusqu’à mon bureau N°2 rendre compte de cette démarche, par écrit. Tu penses bien qu’avant 8h30 y’a pas un chat.
Puis je me suis rendu doucement à mon bureau N°1 pour y être à 9 heures, horaire traditionnel de notre non moins traditionnelle réunion du jeudi matin. Comme par hasard, plusieurs collègues était pressés de terminer à midi pile, mais on a débordé jusqu’à midi vingt. Petite étape chez moi histoire de manger un morceau et retour au bureau N°1 à 12h50 pour expédier un courrier et photocopier les rapports dont je savais avoir besoin pour l’audience du Tribunal pour Enfant de l’après-midi. 13h30, atelier Code de la route au bureau N°2, ou pour une fois, je réussissait mon examen sur le score très honorable de deux fautes. Puis on m’expédiait en courses pour acheter des petites cuillères jetable, la collègue de l’atelier cuisine s’étant aperçu, à une heure de livrer son buffet pour 80 personnes qu’elle croyait en avoir, mais non. J’en profite pour faire le plein de la voiture et la garer au retour juste au pied du bureau N°2 pour qu’elle puisse la charger commodément et effectuer sa livraison. Je boucle quelques tâches administratives, parmi lesquelles venir voir ici comment vous allez et soudain, il est 16 heures 15, l’heure de monter au tribunal, « mes » gamins étant convoqués pour 16h30.
Arrivé sur place, ils sont bien là, leurs parents également, mais l’audience a pris du retard. J’en profite pour discuter avec eux, et avec le jeune M., ancien stagiaire, jugé pour une sombre histoire d’incendie de livres de messes. Il était convoqué à 14h30 et n’est pas encore passé. On l’appelle mais nous, on poireaute. Je m’isole un peu pour lire (ce coup-ci, j’avais prévu) et je suis quasi instantanément rejoint par deux collègues poireautant comme moi, et pour le même dossier (on se partage les cinq co-inculpés). Elle m’interpellent sur le thème : « Je sais pas comment tu arrives à lire ici. Perso, je ne peux pas. » L’idée me traverse de leur répondre que perso, j’y arriverais mieux si je n’était pas dérangé, mais je choisi plutôt de ranger mon bouquin et de leur faire la conversation. Je ne saurai donc pas tout de suite si la madame ayant découvert que son mari chéri est un tueur en série allongera ou non la longue liste de ses victimes.
On est finalement appelés à 18h30. C’est parti. Une affaire de baston à la batte et au démonte pneu entre deux bandes rivales de deux villages voisins. Tout le monde se rejetant la responsabilité des coups ayant ouvert le crâne et pété les dents de l’un d’entre eux, ça dure. Ça dure même tellement que le verdict ne tombe qu’à 23h passées : prison avec sursit pour tout le monde. Le temps d’expliquer tout ça aux familles et de rentrer chez moi, il était minuit moins le quart. Laisse moi compter... oui, voilà : quinze heures de boulot quasi ininterrompu.