yant presque deux heures à perdre après avoir accompagné un stagiaire au CFA du Bâtiment pour qu’il passe des tests, je suis allé me promener au Castorama tout proche. Peut-être te souviens-tu de ma précédente visite, virtuelle ? Celle d’hier était bien réelle. Il y a longtemps que je n’était pas entré dans un lieu de culte. Comme dans beaucoup d’autres religions, l’adoration de la divinité passe ici par celle d’objets chargés de notre dévotion et par certains cultes mineurs, reposant peut-être sur l’idée que le Très-Haut étant débordé, il vaut mieux s’adresser sa secrétaire. On trouve donc à Castorama Dardilly - cette cathédrale consacrée au bien-être domestique - tout un ensemble de chapelles tenues par des diacres aux couleurs du magasin, prêts à vous guider dans votre quête spirituelle d’un nouvel intérieur.
En entrant à droite, par exemple, tu trouveras la chapelle dédiée aux rites de purification, dans laquelle j’ai retrouvé avec bonheur et en vrai les accessoires de salle de bain de ma précédente chronique. Le culte rendu dans cette chapelle-là doit jouir d’une faveur très particulière chez les fidèles puisque j’ai compté quatre vingt dix sept abattants de chiottes différents, exposés comme autant d’ex-voto.
Dans la lumière venue d’en haut, tout incite au recueillement et les fidèles taraudés par l’embarras du choix ne sont dérangés dans leur longue méditation que par l’intervention souriante d’un membre du clergé « Je peux vous aider ? » et par la voix de l’officiant, diffusée par des hauts parleurs invisibles, invitant à la cérémonie en cours - il s’agissait à ce moment là d’une démonstration de barbecues - et par les prières urgentes : « Les collaborateurs disponibles doivent se réunir pour le brief » ou « Un vendeur est attendu aux papiers peints. »
J’ai quitté les lieux par la sortie sans rachat.