omme ma brune n'était pas là ces jours-ci (mais la vérité m'oblige à dire que j'avais commencé un peu avant) je me goinfre de séries. C'est à dire que j'ai entrepris l'exploration et la consommation systématique des séries gravées sur notre disque dur externe. Ne me demandez pas d'où elles viennent : je n'en sais rien. L'hypothèse la plus probable est qu'elles ont été copiées à partir du disque dur de mon fils aîné, grand téléchargeur devant l'éternel, du moins avant qu'il n'ouvre son restaurant.
Donc je me suis englouti les saisons 1 et 2 de Misfits, j'en ai déjà dit beaucoup de bien, et là, j'ai laissé tomber « Dexter » au profit de l'infiniment meilleur « Mentalist ». À première vue, l'une et l'autre ont assez de points communs pour qu'on envisage de les comparer. Il s'agit de deux séries policières américaines, avec ce qu'il faut de tueurs en série, d'enquêtes, de plongées dans le passé tourmenté des protagonistes et de recours aux méthodes scientifiques pour trouver des coupables inattendus. Les deux rôles principaux sont tenus par deux acteurs masculin dans la bonne trentaine, les deux, châtain clairs et peut-être même roux étant petits.
Là s'arrête les points communs. Dexter, pour en rappeler l'argument, est un tueur travaillant pour la police comme expert en taches de sang. Coulures, giclures, projections bienvenues. Bien sûr, ses collègues ignorent sa nature véritable, qui se trouve perpétuellement à deux doigts d'être révélée ; où serait le ressort dramatique sinon ? Dexer met à profit ses pulsions meurtrières pour tuer des coupables injustement épargnés par le système.
« Mentalist » met en scène Mr Patrick Jane, ex-médium charlatan et ses dons d'empathie, d'observation, de déduction et d'illusionniste, qu'il emploie désormais utilement au « GBI » (prononcer « djibiaï »), énième officine policière dont l'Amérique abonde. Du moins dans les séries.
A mon avis Dexter est plombé par deux choses également insupportables à la longue : le pathos sentimentale des histoires de coeur et de cul des personnages, au premier rang desquelles figure celle de Dexter avec une dinde. Mais les innombrables tentatives de sa très pénible sœur sont aussi consternantes. Également agaçant : le jeu de l'acteur principal, s'astreignant à n'exprimer rien, puisque il est sensé ne ressentir aucune émotion. Les personnages secondaires pataugent dans un marais constitué à part égale d'absolu manque de pudeur et d'absence totale de professionnalisme. Certains s'en sortent un chouia mieux que d'autres et ça me paraît être le cas de Maria Laguerta, la chef directe de cette bande d'agités. Ça ne sauve pas l’ensemble.
Par comparaison « Mentalist » démontre qu'il n'est pas besoin d'interpeller la spectatrice au-dessous de la ceinture pour entretenir l'intérêt, ni de verser dans l'hystérie systématique. La seule histoire d'amour dont il sera question concerne deux membres de la petite équipe, mais c'est un amour impossible : le travail d'abord. La chef directe est un régal de calme et d'efficacité et le fameux « mentalist » plutôt bien de sa personne. Son charme très british (mais il roule en DS Citroën), son sourire ravageur son manque total de scrupules en font un personnage bien attachant. Les histoires policières sont crédibles, bien goupillées et finissent souvent par une pirouette tout à fait réconfortante.
Donc je résume : Dexter bof, Mentalist, oui !