Ma chère Coline,
ce petit mot pour te dire que je pense à toi. Je pense à toi quand je mange du fromage, je pense à toi devant le paquet de céréales fourrées, je pense à toi aussi en croquant de cornichons, je pense à toi en cuisant du riz sauvage.
Je pense à toi à la porte de ma chambre devant l’affichette « ne pas déranger », je pense à toi quand je vois tes pantoufles oubliées dans les coins, quand je vois le plateau et le verre d’eau sur la table ronde, ta photo au mur de l’entrée, au tableau de la cuisine, dans le tiroir de mon bureau et dans mon portefeuille.
Je pense à toi en passant devant la piscine et sous le petit pont vers l’aérodrome où tu t’étais épluchée sur le goudron en tombant en vélo, je pense à toi aussi quand je passe devant le bâtiment qui te rappelle l’auditorium de Crupies.
Je pense à toi quand ton linge traîne ou qu’il sèche, je pense à toi en prenant mon savon vert à côté du ton savon rose pour me laver les mains, je pense à toi en prenant ma brosse à dents dans le pot où est rangée la tienne, je pense à toi en posant le livre que je lis avant de dormir sur la pile d’histoires de la chaise bleue.
Je pense à toi en m’asseyant sur la banquette où tu dors, je pense à toi en allumant la télé, je pense à toi en fumant puisque je ne fume pas quand tu es là, je pense à toi quand Monty me regarde, je pense à toi quand j’écris cette page.
Je pense à toi devant le Mont du Pouilly, je pense à toi quand je fais les courses à ED et que je passe devant le Mac Do, je pense à toi quand je retrouve les petits jouets de plastique accumulés dans le tiroir.
Je pense à toi quand le ciel est dégagé et qu’on aperçoit le Mont-blanc, je pense aussi à toi quand on ne le voit pas, qu’il est caché par des nuages.
Je pense à toi en jouant de la guitare. Un jour, à côté de moi sur la banquette tu m’avais dit : « Tu vas me casser les oreilles encore longtemps ? » Je pense à toi quand vendredi approche ou que dimanche se termine.
Je t’aime et t’embrasse très fort.
Papa
Elle m’avait répondu, bien sûr et sa lettre commençait par : « Cher Papa, je pense aussi très fort à toi quand je vais à l’école, parce que, quand je suis avec toi, je n’y vais pas. » et qui se terminait par : « Tu ne trouves pas que Béryl et Orion sont des chiens, non ? »