ans la guerre sans merci qui m’oppose à l’ensemble de l’univers connu, à commencer par mes voisins de blog parce que je les ai sous la main et qu’on est à armes égales, j’ai décidé de faire donner l’artillerie lourde. Je vais donc évoquer à la fois Arte et les documentaires animaliers. Là, tout lecteur ayant encore au moins deux neurones connectés devrait cliquer frénétiquement partout pour essayer d’échapper au pire. Trop tard. La magie du verbe a encore opéré et vous voilà coincés jusqu’à la fin de cette chronique, tel l’abruti moyen ratant sa bretelle de sortie, ou ne se réveillant pas à l’arrivée en gare de son train désormais sans arrêt jusqu’à La Motte Beuvron.
Pour ce qui est d’Arte, les statistiques sont formelles : chez les jeunes ménages regardant assidûment cette chaîne, on observe un taux anormalement élevé de mort subite du nourrisson. Les mêmes études relèvent que le taux de mortalité est également plus important dans les maisons de retraites branchées préférentiellement sur cette chaîne. Ces établissements sont nombreux. On a en effet observé que ceux-ci, plutôt que de priver leurs pensionnaires récalcitrant d’eau potable ou de dessert – c’est hélas maintenant interdit – les empêchaient de suivre Questions pour un champion ou Des chiffres et des lettres, coinçant le bouton du poste sur Arte à la super-glue et passant la télécommande au micro onde. À quoi bon vivre alors ? La canicule a bon dos ! On reste impressionné du sérieux de cette enquête en remarquant qu’il n’y a eu AUCUN CAS de mort subite du nourrisson relevé dans les maison de retraite composant le panel.
Arte occupe donc naturellement ses programmes avec des documentaires animaliers. Vous ne voyez pas en quoi ce type d’émissions peut encore accroître la mortalité des personnes les plus fragiles ? Bougez pas, ça vient. À une époque pas si lointaine, disons quand les bisounours passaient encore sur les chaînes publiques, les émissions animalières participaient à l’entretien de l’euphorie politiquement correcte d’alors. On y voyait toutes sortes de bestioles dodues et fourrées, baignant dans l’amour maternel, passant l’essentiel de leur temps à jouer sous nos yeux attendris dans des endroits où l’on se savait même pas écrire Tchernobyl. A cette époque, bénie des dieux et des publicitaires, jamais, JAMAIS on ne nous aurait montré de créatures aussi désavantagées par la nature qu’un rédacteur de blog, ou, pour faire un peu moins peur, qu’une famille de hyène.
Parce que la hyène, y’a un problème là, quand même, non ? Je veux bien que l’animal ait été conçu et réalisé le même jour que tous les autres, mais ça devait être juste après la pause déjeuner. Ou alors Dieu avait fait appel à son stagiaire ? La hyène, même les petits ont l’air chafouin. Sont pas attendrissants pour un sou. T’a même plutôt envie de profiter de leur taille raisonnable pour leur latter la gueule sans trop risquer d’y perdre une guibole. Mais la hyène est pour moi l’animal le plus emblématique du nouveau documentaire animalier, celui qui s’est pris le rouleau compresseur de l’écologie en choc frontal. Car c’est bien ça qui a changé entre l’époque imbécile d’avant et notre maintenant de mortification : l’écologie est passée par là. Terminé les peluches s’endormant en tas dans les dernier rayon d’un coucher de soleil promettant des lendemains qui chantent, tes bestioles, elles pointent dans leur chaîne alimentaire mon p’tit gars, elles vont se faire bouffer dans la nuit et celles qui en réchapperont ne devront leur subsistance qu’aux meurtres avec préméditation perpétrés sur des espèces plus faibles et moins rapides et si tu n’as pas compris, pauvre primate constitué essentiellement d’hydrates de carbone, que c’était exactement la même chose pour toi, retourne sur TF1 !
Vous allez dire que j’exagère. Ouaip, ben c’est que vous n’avez pas vu sur Arte ce documentaire mettant en scène le meurtre par son énorme père d’un hippopotame nouveau-né, avec poursuite, acharnement, mère ne sachant pas quoi faire pour ranimer son rejeton et finalement cadavre dérivant dans la Vologne. Après ça, tu te reprendrais bien une petite ciguë.
J’en aurais tout à fait terminé avec cette chronique, avec Arte, avec les docus animaliers, avec les hyènes, Télérama et même les hippopotames après avoir dit que l’écologiquement correct du jour n’est jamais qu’un ordre moral - il parait qu’il en faut un - mais fondé sur la faute et la mortification : Honte sur nous qui gaspillons la planête. Ce n’est pas exactement nouveau et m’a toujours fait gerber. Les bien-pensants sont trop souvent des gens qui pensent notre bien à notre place.
Jimidi