Mon tout tout premier appareil photo, je ne l’ai pas gagné à la sueur de mon front, mais grâce à un concours de déguisements. Je devais avoir une ou deux poignées d’années et le thème du jour, à cette fête, était le moyen-âge. Simone nous avait confectionné à mon petit frère et à moi de superbes costumes, lui en petit page vert, moi en serf à capuchon rouge. On est arrivé ex aequo. Appareil photo pour les deux. Mais ne va pas imaginer je ne sais quel engin bourré de talents et d’électronique, non. Autant que je me souvienne, il était format quasi boite à sucre, tout en plastique noir et réglages néant. Le déclencheur ressemblait à une pédale de poubelle à pied. Mais quand même, c’était le premier. Qu’est ce qu’on mettait comme pellicule là dedans ? Aucune idée, mais c’était des rouleaux.
Le deuxième, dont je me suis beaucoup servi, n’était pas à moi. À l’occasion de mon exil au Pérou, on avait emprunté à des amis de la famille, pour me le confier, un Instamatic Kodak tout mimi dans sa housse de cuir. Ce n’était pas du tout un « reflex » et le viseur dans le coin ne donnait qu’une idée très approximative de ce qu’on photographiait vraiment. D’ailleurs, j’ai passé beaucoup de temps à immortaliser, en gros plan flou, le bouton pression de cette putain de housse cuir, dont un rabat remontait devant l’objectif si on n’y prenait par garde. On remplissait l’appareil avec des chargeurs 110, un format beaucoup trop petit pour prendre autre chose que des photos souvenirs vite fait.
Celui d’après, alors là, oui ! Je l’ai infiniment désiré et j’ai du patienter longtemps avant de réunir la somme astronomique nécessaire à son achat. C’était un Canon A1. Mon précieux ! J’ai dû me l’acheter avec mes premières payes, je touchais 2000 francs par mois à l’époque, il en coûtait six mille. Un reflex à objectifs interchangeables. J’avais acheté le boîtier nu, complété d’un grand angle et d’un petit téléobjectif 135mm, mais d’une marque moins chère. C’était le top. Un des premiers appareil avec d’électronique embarquée, dont les indications s’affichaient en petites diodes rouges dans le viseur. Il m’a accompagné des années. Des dizaines d’années. Puis il a pris l’eau et refusé tout service. On le chargeait avec des films 135 mm et les photos étaient superbes.
Je l’ai remplacé par un Canon AE1, plus simple, mais qui me permettait de réutiliser mes objectifs. Il n’a pas duré longtemps, celui-là, emporté comme beaucoup d’autres objets quotidien par la vague du numérique.
Car le suivant était un appareil photo numérique, un des premiers, emprunté en douce par ma brune à son boulot d’alors. Son boss l’avait acheté pour prendre deux trois photos à mettre en ligne et oublié ensuite. Comme elle était responsable du parc informatique, hop, direction la maison pour une location longue durée sans loyer. On s’en est beaucoup, mais alors là, beaucoup servi, jusqu’à ce qu’elle doive le rendre quand elle a perdu son travail. C’était un Sony et il avait une sale gueule mais s’est montré très endurant, supportant tout, acceptant n’importe quelle condition de prise de vue, y compris la nuit.
Du coup, j’ai dû en acheter un et ce fut un Kodak Z710 qui, lui aussi, a fait beaucoup d’usage, jusqu’à cette exquise politesse de tomber en panne l’avant-veille du mariage de Coline. Tu dis ? Tu ne vois pas où est l’exquise politesse ? Ben… il aurait pu décéder en plein milieu de la cérémonie. Tu vois le drame ? Une très brave bête ce Kodak. Je l’avais choisi en 2006 pour la qualité de son objectif Schneider et son zoom x10. Sept ans de bons et loyaux services. Sept ans, ça va, c’est le bel âge pour une machine.
Maintenant qu’il est mort, je peux le dire : je songeais à le remplacer pour un appareil plus « logeable » à glisser dans ma poche. Non parce que le Z710, très bien, mais il avait quasi le gabarit d’un reflex, sans un être un. Sur la foi de vague souvenirs d’un test dans « Que Choisir » qui désignait les Nikon comme les meilleurs appareils numériques compacts, je suis allé dans une grande surface acheter mon Nikon Coolpix S9300 d’où je te parle actuellement.. Tu pourras lire les péripéties dans la chronique du jour 7. Sous un encombrement bien moindre que le précédent (et 127 g plus léger) son zoom X18 est encore meilleur et je lui trouve de nouvelles possibilités quasi tous les jours. J’avais l’espoir secret qu’il puisse, contrairement au Kodak, faire des photos par très faible lumière (comme le Sony) : c’est le cas. J’en suis déjà très fan, mais en matière d’appareil photo, c’est un peu comme pour les chats, chiens et gamins : c’est toujours le sien le meilleur, non ?