'argument de la série « Misfits » a tout pour me faire bailler d'ennui : cinq jeunes délinquants ne se connaissant pas, se retrouvent en banlieue dans un « centre communautaire », pour effectuer deux semaines de travail d'intérêt général. À la suite d'un orage bizarre, chacun se trouve doté d'un super pouvoir.
Non, parce que les jeunes délinquants, c'est déjà mon fond de commerce en journée ; je n'ai donc aucune raison de m'y remettre à la maison devant la télé ! Mais je suis tombé par hasard sur mon disque dur externe sur cette série, probablement téléchargée illégalement et transmise par mon fils aîné, légitime celui-là, et comme « X File » plantait : hop !
Extraordinaire série ! C’est intelligent et loufoque, culotté et pas mal déculotté, drôle et tragique, pudique et gore, invraisemblable et très juste. Le miracle tient bien sûr aux acteurs eux-mêmes, au premier rang desquels celui qui joue « Nathan », le « tchatcheur » du groupe, mais les quatre autres sont également d’une crédibilité impressionnante. Bravo également aux scénaristes, qui réussissent à nous intéresser à la fois au substantiel : les événements, les circonstances, l’histoire, les rebondissements, le suspens etc. mais également à l’essentiel : les liens entre les cinq, leur personnalité individuelle et collective, leur bagage, leur façon de se débattre dans les emmerdes en essayant de faire bonne figure tout en gardant une irréductible et très contagieuse vitalité.
Les pouvoirs dont chacun se trouve doté - ils apprendront à leur dépends qu’ils n’ont pas été les seuls affectés par cet orage - méritent qu’on s’y arrête un moment. C’est un pouvoir directement lié à leur situation. Ainsi, Kelly, jeune femme au physique un peu ingrat, au look assez vulgaire, se défendant d’être une « pute », cherchant à nouer des relations qui ne soient pas seulement basées sur l’envie de coucher avec elle - mais comment le savoir ? - se trouvera-t-elle doté du pouvoir de lire les pensées de ses proches. Simon, très en difficultés dans ses relations interpersonnelles, à qui personne ne fait jamais attention, aura le pouvoir de se rendre VRAIMENT invisible. Alisha, très jolie, séduisante et séductrice, se trouvera affligé du pouvoir de déclancher une frénésie sexuelle chez ceux qu’elle touche. On aura compris que le pouvoir de chacun, en accentuant à l’extrême une composante préexistante de leur caractère ou de leur vie, donne une bien intéressante acuité à leur recherche identitaire et à leur relations amicales et sociales.
La saison deux se clos sur l’épisode « Christmas » dont la dernière scène est ce que j’ai vu de plus drôle depuis longtemps. Attention, en même temps, c’est assez gore !