es obligations personnelles ayant un peu souffert de mon manque de forme de ces dernier jours, j'ai du renoncer à la soirée prévue chez Dominique D. vendredi et au mariage d’Ibrahim samedi. C’est con, ça nous aurait fait du bon article tout ça !
Bah, je peux toujours vous parler de Dominique D. y’a la matière, même sans la soirée, qui n’est d’ailleurs que partie remise. Je connais Dominique D. depuis deux ou trois ans pas plus, ce qui devrait la distinguer aux yeux de mes biographes les plus attentifs de Dominique P. une autre amie de plus longue date, avec qui j’ai travaillé avant son départ à la retraite. Mais tiens ? C’est bien parce qu’elle aussi inaugurait sa retraite (de principale de collège) que Dominique D. ayant désormais du temps, nous a rejoint pour animer la bibliothèque de rue. Sans devoir chercher bien loin, on s’est vite trouvé plein d’atomes crochus, à commencer par les livres et l’écriture, bien sûr et plus récemment notre engagement syndical à la CFDT, mais pas que. Elle a par exemple une maison superbe. Elle s’en excuse volontiers, expliquant qu’il s’agit d’un héritage, son père ayant acheté pour une bouché de pain cette ferme en mauvais état et sans aucun confort dans les années 50, comme résidence secondaire dans un petit village du Beaujolais. Ouaip, ben cinquante ans après et sans doute autant de millions de travaux (en francs), la vieille ferme est devenue une très agréable maison, ayant gardé beaucoup de caractère, principalement grâce au goût dont témoignent ses aménagements et sa décoration. En plus, y’a un jardin, je te raconte pas, en pente douce jusqu’à l’horizon plein Ouest, planté d’arbres fruitiers et de rosiers magnifiques. Tiens ? On devrait proposer à Dominique nos services de gardiennage pour cet été... Ce qui est très agréable aussi avec Dominique D. c’est qu’elle supporte mes vannes. Dernier exemple en date : On buvait un thé chez moi après une séance de bibliothèque passée à grelotter dehors. Elle me redisait son intention de ne pas participer à la rencontre annuelle ATD prévue quelque jours plus tard, la précédente lui étant apparu particulièrement longue et pénible. Maintenant dégagée de toute obligations professionnelles, elle pouvait enfin choisir.
— J’ai de moins en moins envie d’aller perdre mon temps dans des trucs inutiles.
— Je comprends. Surtout avec le peu de temps qui te reste.
Là, bien sûr, elle m’a traité d’ordure, mais c’était plutôt affectueux.
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Illustration : Charnay, le village de Dominique D.