Je sais bien que ta discrétion naturelle t’interdit de me demander comment s’est terminée la très catastrophique journée d’hier, mais en fait, plutôt bien. En sortant de ce rendez-vous où mon dentiste n’était pas, je suis passé par le distributeur de ma banque retirer 450 euros et non, je ne me suis pas fait dévaliser sur le chemin de La Poste où je suis allé recharger mon autre compte, celui sur lequel j’ai un chéquier. (Il me faut envoyer un chèque de réservation pour le prochain Salon de la Revue). Juste, y’avait une demi-heure d’attente, que j’ai passé plutôt agréablement assis au soleil dehors, constatant encore une fois qu’à Villefranche, il suffit de se poser pour voir passer des gens qu’on connaît : Mme S. la mère de J. qui en a pris pour cinq ans après une série de vols avec violences. Husseyn, dont je me suis occupé il y a quelques années, devenu très jeune homme, en partie grâce à la musculation en prison, Françoise et Chloé, mes deux collègues de boulot N°2, en tenue sportive. Elles revenaient d’une journée acrobranche passée avec les jeunes. J’attendais que le N°231 soit appelé. Tiens ? C’est exactement le numéro qu’occupe encore pour une journée ma brune à l’hôpital. Elle devait sortir hier, puis finalement c’est pour aujourd’hui. Puis le N°231 a fini par s’afficher au tableau lumineux et la liasse de billets de 20 (plus un de 10) a changé de mains.
Je suis rentré tranquille pour goûter copieusement de tartines débitées dans le bon pain aux graines acheté en face de La Poste, avant de m’endormir devant la télé. Me suis réveillé vers 20h20 et j’ai juste eu le temps de compléter le goûter avec une salade verte avant que commence « Looking for Eric » sur Arte. Une sympathique bizarrerie, ce film : un Ken Loach qui se termine bien ! Je suis resté près à dégainer la zapette, à la moindre alerte indiquant que tout ça allait tourner à la cata. Non parce qu’avec « Kes » et « Family life » (par exemple), le Ken Loach je le connais comme tout à fait capable de bien donner envie de mourir et hier soir, c’était pas le jour. Puis finalement, alors que tout pouvait basculer dans la tragédie (on passe à deux doigts), le noir vire au rose et c’est tant mieux.
De là, je suis tombé sur l’émission « Une parenthèse inattendue » de Fred Lopez. Tu connais ? C’est toujours bien et parfois, c’est vertigineusement bien. Hier et comme d’hab, trois invités : une chanteuse lyrique, une comédienne et Gérard Lenorman. Hier et comme d’hab, on passe de l’indifférence absolue envers ces peoples qu’on ne connaît pas, ou dont on n’aime pas particulièrement le travail, à une connaissance d’eux qui nous les rend tout à fait proches et sympathiques. À un moment, ils sont dans un grenier, à évoquer leur enfance et l’animateur leur tend un vieux téléphone, en leur demandant d’imaginer qu’ils ont au bout du fil l’enfant qu’ils étaient. Et là, je me suis vu répondre au petit Jimidi d’une dizaine d’année - c’est lui qui appelait - curieux de savoir ce que j’avais à dire des quatre prochaines décennies :
- Alors ?
- Alors, ça va être FORMIDABLE !