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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 20:02

 

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Lettrine (B Onyx - Plage) Le carnet de Jimidion, je ne vais pas recopier tout le recueil, non plus ! Mais peut être ces deux extraits vous donneront-ils, à votre tour, le désir de plonger dans la poésie d’Al Berto, qui manque à la culture de certains, m'a-t-on dit... Petit rappel de contexte : perso, j’ai découvert ce texte, et son auteur, au festival « Nuits de rêve » l’été dernier, dans une mise en scène tarte, mais dit en voix off par je ne sais pas qui doué d’un accent brésilien savoureux.

 

Si j’ai bien compris, le texte que je cherchais s’appelle « Salsugem », littéralement « salure », mais le mot évoque ici pour l’auteur, selon la note du traducteur, l’ensemble des débris organiques et d’épaves que charrient les marées ; « limons » flottants entre deux eaux, chargé d’algues, d’animaux morts, de vieux bois, de fragments d’os et de coquilles, que les vagues brassent, emportent et rejettent sur la grève. Ma version, française, traduite du portugais par Michel Chandeigne & Ariane Wikowski, fait précéder le titre de « VARECHS » et sans doute s’agit-il là d’une tentative de traduction. Mais « Salsugem » est également le titre du recueil, qui contient en outre :

  • Douze demeures de silence
  • Quinta de Santa Catarina
  • Cinq photographies pour Alexandre de Macédoine
  • Tu étais encore jeune
  • Varechs/Salsugem
  • L’oubli dans le Yacatan
  • Paulo Nozolino / 4 visions Two friends & une passion
  • Rumeur des feux

 

 

Soit 91 pages pour 15 €, publié par L’Escampette. Alors, alors... Les extraits : 

   

2.

il voulait être marin courir le monde

en suivant la route des oiseaux côtiers les mains ouvertes
les lèvres écorchées par la vision des voyages

il aurait emporté dans ses bagages la chanson somnolente des vents
et l'attente sans fin du pays effrayé par les eaux

il s'est penché de l'autre côté du miroir
où le corps devient diaphane jusqu'aux os

la nuit lui a rendu un autre corps qui navigue
dans l'abandon d'un secret retour.
.. ensuite

il a conservé la passion des jours lointains dans le sac de toile
et du fond nostalgique du miroir

les yeux de la mer ont soudain surgi

des bulots grandissaient sur ses paupières des algues fines
des méduses lumineuses se mouvaient à portée de voix

et sa poitrine était l'immense plage

où les légendes et les chroniques avaient oublié
squelettes énigmatiques insectes et métaux précieu
x

un filet de semence nouait son cœur envahi par le varech

son corps se séparait de l'ombre millénaire
s'immobilisait dans le sommeil antique de la terre
descendait jusqu
'à l'oubli de tout... naviguait

dans la rumeur des eaux oxydées s'accrochait à la racine des épées
allait de mât en mât scrutait l'insomnie

jetait des feux acides sur le visage incertain d'une mer

 

 

9.

il doit flotter comme une ville dans le crépuscule de la vie
pensais-je... où les femmes seraient heureuses

penchées près du rivage sur une lumière de chaux
rapiéçant le tissu des voiles... guettant la mer

et la longitude de l'amour embarqué

quelquefois

une mouette se poserait sur les flots
d
'autres ce serait le soleil aveuglant

et une traînée de sang se répandrait sur le lin de la nuit
l
es jours très lents... sans personne

on ne m'a jamais dit le nom de cet océan

et j'ai attendu assise à ma porte ... bien avant jcrivais des lettres
je me mettais à
regarder la ligne bleue au fond de la rue

mais j'ai vieilli ainsi... croyant qu'un homme de passage
s
tonnerait de ma solitude

(des années plus tard, je me souviens maintenant, une perle avait
grossi dans mon cœur, mais je suis seule, très seule, je n'ai per
-
sonne à qui la laisser.)

un Jour est venu

je n'ai jamais plus aperçu de villes crépusculaires
et les navires ont cessé de faire escale à ma porte

je m'incline à nouveau sur la trame de ce scle

je recommence à broder ou à dormir

peu m'importe

j'ai toujours douté que le bonheur vienne un jour me visiter

 


 

(ces lignes sont les quasi dernières du recueil) (...)


suspendu dans la hauteur opaque des huniers... je voyage
pour vivre là où les signes de vie ne blessent pas

là où les oiseaux sont des augures de bonheur

flottant là où se déverse le plancton nocturne

par la bouche lumineuse des galaxies

 

commentaires

M
<br /> J'aime beaucoup car ce n'est pas ronflant, pas "fausse" poésie qui joue avec des images alambiquées artificielles, les mots sont au service du sens , pas pour faire joli et on est transporté avec<br /> lui et en lui. amen.<br />
Répondre
I
<br /> pfiou ...........<br /> <br /> <br /> pour moi, ça le fait<br /> <br /> <br /> et sacrément<br />
Répondre
M
<br /> <br /> <br /> c'est peut-être celui-là finalement<br /> <br /> <br /> Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz<br /> <br /> <br /> Bon ben vous choisissez !<br />
Répondre
M
<br /> Très joli effet de ressac et de vent sec.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> vous devriez aimer <br /> <br /> <br /> <br /> Czesław Miłosz<br /> <br /> <br /> Milosz<br />
Répondre
J
<br /> <br /> On peut le lire quelque part ? (Le lien renvoie à sa bio)<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Ah oui ça le fait pas mal (nous reconnecter à l'épaisseur du monde et de l'être). Mieux que Fun Radio, mais en ce qui me concerne, moins que Radio-Classique, sauf accident. <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Je comprends. Chacun son truc. L'essentiel étant peut-être d'en avoir un (ou même plusieurs, d'ailleurs...)<br /> <br /> <br /> <br />

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