Si tu as passé, comme moi, une bonne partie de cette quinzaine rivé aux retransmissions télé des jeux olympiques, tu n’as pas pu échapper à La Marseillaise, heureusement diffusée dans une version orchestrale. Non parce que les paroles, d’habitude ça craint, mais là tout particulièrement :
Allons enfants, oui, très bien, d’une part les athlètes étant très jeunes, je ne pense pas qu’ils se formalisent d’être traités de gamins, puisqu’ils en sont et l’incitation à « y aller » me parait encourageante, même si elle arrive un peu tard au moment de la cérémonie de remise des médailles.
De la patrie, alors là, je crains que l’idée de patrie n’évoque plus grand-chose actuellement, et c’est tant mieux. S’il s’agit de la terre des pères, vu la valse des naturalisations ayant présidé à l’arrivée dans les équipes nationales d’athlètes ayant vu le jour très très loin de leur stade d’accueil, ça n’a pas grand sens. Ça n’en n’a sans doute pas plus pour les athlètes issus d’une immigration ou d’une autre, récente ou plus ancienne. La nation, oui, d’ailleurs il s’agissait bien de se lever pour l’hymne national, mais la patrie, sans parler même de ses relents pétainistes, bof bof.
Le jour de gloire est arrivé, parfait, ça tombe pile poil.
Contre nous de la tyrannie l’étendard sanglant est levé, eh, oh, on se calme : les drapeaux se levant en même temps que le drapeau français sont ceux des pays dont les athlètes ont gagné les autres médailles. Ils ne sont ni systématiquement gouvernés par un tyran, ni exclusivement rouges. L’étanda-ard sanglant est levé, oui, on avait bien compris la première fois, mais non.
Entendez-vous dans les campagnes mugir ces féroces soldats ? Attends, ferme-la une seconde... non. Je n’entends pas grand-chose mugir dans les campagnes, qui étaient d’ailleurs assez loin des installations olympiques.
Ils viennent jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes, ben déjà, tu devrais les lâcher un peu, histoire d’épauler plus efficacement ta kalachnikov, et sur place, je veux dire à Londres, dans « nos » bras, il n’y avait heureusement que d’autres athlètes gagnés comme nous d’avoir contents, et leur entourage. Pas vu de soldat, ni féroces, ni d’une autre couleur.
Aux armes citoyens, parfait pour les épreuves de tir, il y en avait, ou pour les starters donnant le départ des courses, mais tout à fait inadapté pour la plupart des autres disciplines.
Formez vos bataillons, si vous voulez, surtout en sport-co, mais perso, « A vos marques, prêts ? Partez ! » me semble plus indiqué.
Marchons, marchons, oui, s’il s’agit bien d’une épreuve de marche, sinon, courir me parait plus adapté, vite si possible.
Qu’un sang impure abreuve nos sillons, ben voyons et pourquoi pas « sang de bourbe » pendant que tu y es ? Non mais cette histoire de sang impur me parait tellement ouvertement raciste qu’on se demande ce qu’elle fout dans l’hymne d’un pays pour lequel les hommes naissent tous libres et égaux en droit ?
Bref, on le sait, je me débarrasserais volontiers de La Marseillaise, au profit de « Douce France » de Charles Trenet, ce qui aurait au moins le mérite d’introduire un peu de swing dans l’univers musical des JO. Parce qu’alors là, c’était accablant : tous les hymnes font dans le pompeux grandiloquent et comme autre musique d’accompagnement, il n’y avait que le début de la B.O. du film « Les chariot de feu » qu’on a entendu jusqu’à la nausée.
Marseillaise toujours, j’en ai une bien bonne à ce propos : les paroles de L’Internationale vont très bien dessus et vice versa (du moins pour le début). Tu peux faire l’expérience chez toi. Tu gardes bien en tête l’air de la Marseillaise, mais tu chantes :
Debout les damnés de la te-erre
Debout les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère
C’est l'érup-tion de la fin
C’est l'éru-uption de la fin.
L’inverse se vérifie également, c’est à dire que le premier couplet de La Marseillaise se chante très bien sur l’air de L’Internationale.
Étonnant, non ?