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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 11:40
 

D-Co-sejour--animatrice-et-logo.jpg

 

Lettrine (J D&Co)

 e ne veux pas croire qu’il subsiste chez toi, ô foule de lecteurs et teuses massée devant cet écran, des malheureux et reuses ne connaissant pas encore l’émission D&Co. Mais pour ces rares, et ceux frappés de troubles de leur mémoire immédiate, j'en rappelle brièvement le principe : une famille ayant à la fois un toit et des fins de mois difficiles, si possible à la suite d’emmerdes susceptibles de tirer un peu les larmes, fait appel à D&Co pour apporter en une semaine de substantielles modification à leur chaumière. En mieux si possible. Bref, tu vois le taudis là ? Dans huit jours il fait la une de « Art et décoration ».  

 

La famille du jour remplissait tous les critère. La mère s’était fait ruiner par un escroc, les deux filles avaient planté leur couple et revenaient vivre chez maman avec trois enfants, dans une maison en longueur, achetée en raclant les fond de tiroirs, ce qui ne laissait rien pour l’aménager. Dernier critère et non des moindres : les uns et les autres n’étaient pas trop désagréables à regarder. Les gens qui font peur, c’était après, dans « C’est du propre », à commencer par les deux furieuses du gant Mappa. Mais là, non. Madame, la soixantaine soignée et sportive, restée digne dans la dèche, les filles avenantes et la plus jeune carrément jolie, les gamins pas trop tête-à-claque et les dent plantées raisonnablement droit.

 

On demande à la famille de vider le contenu de sa maison dans une benne, chaque kilogramme leur donnant droit à 100€ de budget. Là, 950 kg de merdouilles entassées : 95 000 euros de fric à dépenser. Tu dis ? Non, pas ta belle-mère, ils ne prennent pas les déchets ultimes.

 

Après, une nuée d’artisans s’abat sur le pauvre domicile comme l’abstention sur l’électorat, le suicide sur les prisons, le chômage sur les petites gens, l’acné sur les ados et la cellulite sur tes angles morts. Le principe est toujours un peu le même : mettre du plancher là où y’avait du carrelage et vice versa, abattre un max de murs pour en monter d’autres, et surtout, surtout arriver à une ambiance colorée générale faisant penser que quelqu’un, quelque part dans le car régie, s’est endormi sur la touche « moins » de la saturation des couleurs. Faut s’y faire pour quelques années encore, mais dans nos chez-nous, la mode est au terne (sauf en cuisine ou le rouge sang est de rigueur). Attention : à terme, c’est terne, mais c’est de la grisaille étudiée, du terne dégradé, en camaïeu, c’est du fade repeint d’appellations éclatantes, perle n’est plus assez, taupe est trop vague, c’est zéphyr d’ivoire, lune cendrée, vent de sable, ciel de parme, beige flanelle, gris horizon, steppe...* On dirait que la mode, en déco, veut qu’on aille doucement vers la neutralité absolue, en passant par le maronnasse, pour remonter plus ou moins vite vers la couleur qui pète, et terminer fluo au terme d’un cycle d’une vingtaine d’année.

 

En plus du côté « on casse tout et on recommence » l’intérêt de l’émission doit beaucoup à son animatrice, la sculpturale, abondante, généreuse Valérie Damidot, oui oui, celle-là même arrondissant ses fins de mois chez qui qui ? Chez Gifi. Dans D&Co au moins ses motivations sont claires : elle est là pour se faire sauter au cou, à la fin. Elle est comme ça notre Valérie, elle aime qu’on l’embrasse. Les câlins, les bisous, elle kiffe. Tu dis ? On comprend pourquoi elle choisi des familles nombreuses, c’est par ce qu’il faut se mettre à plusieurs pour en faire le tour ? Possible, mais on est content avec elle d’offrir autant de surface à autant d’humide gratitude se jetant sur elle en tas, lèvres en avant, pour la bisouter. C’est con qu’elle refasse pas les blogs. Ici, rien qu’en jetant à la benne certains commentaires de Mélanie (de Tours) on aurait des millions d’euros...

 

Jimidi - 25/09/10

 

 

 

* ces nom ont été relevés chez Delux Valentine

 

 

 

 

 

 

D&co copie.jpg

 

lettrine (J' déco).jpgai l’impression que la très plantureuse Valérie Damidot, de D&Co, a jeté son dévolu sur M6, bien décidée à en occuper le plus de surface possible non ? Je la quitte hier samedi en fin de soirée après deux épisodes de « Une semaine pour tout changer » pour la retrouver ce matin aux aurores en train de réaménager un appartement. Elle a dormi sur place ou quoi ? J’ai même cru la voir, il y a quelques temps, en mode pitbull dans la bande annonce d’une fiction en milieu scolaire…

 

Mais avant de réduire les deux épisodes d’hier soir en tas de gravas, des précautions s’imposent : j’aime beaucoup « D&Co, une semaine pour toutouyoutout changer » et j’aime également beaucoup l’animatrice de cette émission. Je trouve ça généreux d’investir quelques dizaines de milliers d’euros pour réaliser les rêves d’intérieur d’une famille et Mme Damidot campe un personnage lui-même très généreux, dont je veux croire qu’il n’est pas très éloigné de la nature profonde de son interprète, que je soupçonne de faire tout ça en grande partie pour avoir le plaisir de papouiller, bizouiller et houspiller un max de gens. Je ne serais qu’à moitié surpris d’apprendre que les familles retenues le sont sur ces deux seuls critères : agréables à pétrir et versant facilement des larmes émues à la fin.

 

Non vraiment, D&co : tout bien. On crie d’horreur avec l’animatrice devant les intérieurs au départ, on siffle (la plupart du temps) d’admiration devant le résultat : je marche à fond. Je me prends à rêver, comme des millions d’autres crétins, à ce que je balancerais d’ici à la benne pour avoir un budget travaux confortable (1kg=100€) : ma toute nouvelle collection d’enclumes, la cuisinière en fonte chinée le dimanche d’avant, les deux aquariums encore pleins, les plantes vertes et leurs pots sans cache-pot, la télé préhistorique à écran creux, les deux canapés que je n’ai même pas fini de payer, les meubles de cuisine IKEA, les deux table en verre (au moins cinquante kilos chacune) puis, comme il n’y a que le premier pas qui coûte, tous les livres, enfin presque, du moins ceux que je suis sûr de pouvoir racheter. D&Co viendrait, on me mettrait du parquet là où j’ai du carrelage et vice versa, je dégagerais les angles au pinceau avant de passer le rouleau, on échangerait des vannes pourries avec Valérie Damidot pendant qu’elle me masserait le bras et les ailes et le bec, alouette, aaaaaaaaaaaa. Le dernier jours, on entrerait dans notre nouveau chez nous en fermant les yeux et à trois, on les ouvrirait en essayant de se rappeler que la production nous a demandé de ne pas jurer comme de charetiers et là, devant tant d’éblouissante beauté, je verserais des larmes de joie sans beaucoup me forcer, surtout si j’ai bu trois bière avant de venir.

 

Sauf qu’hier soir, c’était pas vraiment ça. Le premier épisode avait l’air d’un crash test, ou d’un très très vieux tournage, du temps où il n’y avait pas encore dix artisans au mètre carré sur les chantiers D&Co, où l’animatrice avait encore un minimum de retenue : chiant. Mais le deuxième : catastrophique. On était dans une maison pour une fois un peu originale, garde-corps en fer forgé longeant la volute de quelques marches montant à l’entrée, imposant escalier intérieur en bois desservant l’étage, balustres délimitant les demi-niveaux du rez-de-chaussée, carrelage de marbre noir et blanc dans la cuisine, grandes pièces lambrissées, 140m2 habitables.  

 

Z’ont tout pété. Je ne suis pas contre, ça commence souvent comme ça. « Y’a trop de bois » se plaignait la famille, au départ. Du coup, l’opération a consisté à enlever le bois (ou le peindre) là où y’en avait, et à en rajouter là où il n’y en avait pas encore : terrasse en teck et plancher dans la cuisine. Partout ailleurs : TISSUS. Tendus sur les murs – dont ceux d’une chambre en toile de Jouy garantissant à ses futurs occupant un début d’infarctus à chaque réveil – en tentures devant les fenêtres, en ciel de lit, en rideau de douche, en housse de chaises, en tapis… Un cauchemar. Une gamine s’est retrouvée avec une chambre rouge sang, repoussant ce qu’on entend habituellement par « chargé » au-delà de ce à quoi nous avait précédemment habitué certains agendas ministériels et les camions transsahariens. Le petit dernier avait eu le malheur de dire qu’il aimait le vert anis et le bleu turquoise. Il doit être à l’heure qu’il est en thérapie dans le noir absolu au fond d’une mine après avoir découvert sa chambre. À moins que ses yeux aient spontanément implosé. Bref, c’était complètement raté, ce que je trouve finalement assez rassurant : même avec du fric et du goût, on peut se planter dans la déco. Tu dis ? Je n’ai ni l’un ni l’autre et le résultat est le même ? Méfie-toi de la toile de Jouy.

 

 

Jimidi 21/03/10

14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 13:07

 

Jouet-de-gamin-chez-Gifi---Le-carnet-de-Jimidi.jpg

 

 

 

Lettrine-F--Jouet-de-gamin--le-carnet-de-Jimidi.jpgascinant le monde de la petite enfance vu par les fabriquant de jouets. Le bébé étant lui-même une sorte de pâte à modeler un peu inutile mais animée et bruyante, ses jouets ne sauraient être que visuellement mous, animés et bruyants. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il semble entendu que le bébé étant par ailleurs un tube digestif muni d’accessoires pour le moment inutiles et uniquement occupé par la satisfaction de ses besoins primaire : se nourrir, dormir, éliminer, paniquer son entourage, il faut rester dans le primaire. Ses yeux par exemple ne semblent en mesure de distinguer que trois ou quatre couleurs de base, et encore, à condition qu’elles soient vives. Pour ce qui est de son activité motrice, faire tourner ce jouet suffira très largement. On ne sait pas encore s’il sera ouvrier ou trader mais il est important que cette larve comprenne au plus vite que la machine compte sur lui pour tourner. Il est assez probable que les anneaux roses, certainement délicieux, mais que ce putain de manège entend bien garder pour lui, finissent par énerver notre très jeune consommateur. Hop, c’est parti pour l’éveil à la frustration, au moins jusqu’à ce qu’il mette la main sur la pince coupe-boulons de son frère aîné. Au-dessus, on ne la voit pas, mais j’en suis quasi sûr, la boule bicolore orange et jaune recèle une bille dont l’irritante inaccessibilité doit elle aussi, à la longue, éveiller la fureur meurtrière. Enfin, la dernière chose que doit éveiller ce jouet, c’est les soupçons. Parce qu’à moins de cinq euros, c’était déjà pas cher mais à 2,49, on peut avoir un doute légitimes sur les conditions de travail et les salaires de ceux qui l’ont fabriqué.  

 


29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 13:28

 

 

 

Lettrine--E-Carl-Kleiner-.jpg

 

 

 

 

 

 

 

ngagé depuis quelques temps déjà dans un programme d’austérité domestique consistant à traquer la dépense inutile dans les recoins d’un budget exsangue, j’ai résilié mon contrat avec France Loisir. Je reçois en retour une lettre signé Anne Perez, Directrice relation client, qui commence en ces termes :

 

Cher Monsieur,

 

J’apprends que vous souhaitez quitter le club et j’en suis sincèrement désolée. Je me sens personnellement responsable lorsqu’un adhérent décide de partir et je me demande toujours ce que nous aurions pu faire pour mieux répondre à ses attentes. Oui, vous allez nous manquer. Nous avions beaucoup de plaisir à vous compter parmi nos meilleurs adhérents... et nous n’avons qu’une envie : vous convaincre de rester une année encore parmi nous. (...)

 

Suit, une proposition commerciale intitulée « Nouvelle formule club » consistant à devoir acheter quatre livres par an au lieu d’un par trimestre.  Tu dis ? C’est pareil ? Pas du tout, du tout, parce que là, grâce à un privilège auquel Mme Perez espère que je soit sensible, je pourrais ne rien acheter du 1er janvier au 30 décembre et me rattraper en prenant quatre bouquins à la fois le 31 avant minuit.

 

Ce que Mme Perez ne sait pas, c’est qu’en sus de la rigueur budgétaire domestique dont je parlais, j’avais de plus en plus de mal à trouver un livre, un vrai, dans l’océan de niaiseries publiées par son club. Je ne suis donc pas surpris de retrouver dans sa lettre le « pathos » dans lequel s’embourbe ses ouvrages, mais il m’incline à penser que loin de s’adresser à moi, malgré ses apparences, sa lettre parle plutôt d’elle. Du coup, on pourrait en imaginer d’autres...

 

 

 

Cher Jean-Marie,

J’ai peine à croire que tout soit fini entre nous. Depuis notre rupture, j’examine à la lumière brutale de son annonce les longues années de notre liaison, à la recherche d’une faute dont je serais personnellement responsable, me demandant en quoi j’ai failli à tes attentes. Oui, tu vas terriblement me manquer et c’est dans l’ultime espoir de sauver ce qui peut l’être encore entre nous que je t’adresse la proposition ci-dessous (...)

 

 

Dis donc, mon coco,

Si tu crois que tu vas t’en tirer comme ça, tu te goures. Je ne sais pas où tu as été chercher que dans notre liaison, c’est toi qui décidais, mais voilà une initiative qui mérite une sévère punition. Tu vas me faire le plaisir d’accepter la proposition ci-dessous, et vite ! mais tu ne couperas pas à quelques coups de fouet, vilain, vilain garçon (...)

 

 

Monsieur,

Alors comme ça, vous vous y mettez aussi ? Je surveillais depuis un bon moment le petit manège de vos semblables, aussi ne suis-je pas surprise de votre coup-bas : je m’y attendais. Je vous imagine savourer par avance votre victoire. Ne vous réjouissez pas trop vite. J’ai votre nom, votre adresse et je me propose de transmettre ceux-ci sans délai a des gens haut placés que je connais, qui sauront effacer définitivement votre petit sourire satisfait, à moins que vous ne souscriviez à la propositions ci-dessous. (...)

 

 

 

Cher, cher Monsieur,

L’annonce de votre retrait tombe vraiment mal. C’est déjà la dixième aujourd’hui, et je crains que cette goutte d’eau ne fasse déborder le vase. Je crois que je ne suis vraiment pas faite pour ce travail et peut-être même plus pour cette vie. Tous ces gens qui me fuient, c’est vraiment trop dur, je ne le supporte plus. Toute petite déjà, j’avais beaucoup de mal à voir maman s’éloigner à l’heure de la sieste, alors maintenant, vous pensez ! J’envisage sérieusement d’en finir une bonne fois. C’est donc dans l’ultime espoir que vous puissiez me raccrocher à la vie que je vous lance la proposition ci-dessous. (...)

 

 

Ah merde !

Tu fais chier ! Qu’est-ce qui te prends, bordel ? Tu crois que j’ai que ça à foutre d’essayer de raccrocher des connards qui se tirent ? Écoute moi bien, crétin : je t’adresse ci-dessous une proposition que tu as plutôt intérêt à signer, parce que tu commences à me les briser menues, menues. Alors putain, magne-toi ! (...)


 

 

Cher Monsieur,

J’apprends avec soulagement que vous souhaitez quitter le club et j’en suis sincèrement heureuse. Je me demandais depuis longtemps ce que vous attendiez. Vous allez néanmoins nous manquer. Il est vrai que vos choix littéraires erratiques étaient une inépuisable source de fous rires au bureau. Que votre pusillanimité légendaire vous conduise ou non à souscrire à la proposition ci-dessous, je vous méprise.

 

 

 

 

Aye, le taon,  

Tu m’achales en pas pour rire avec tes grands airs de faiseux. Ça m’tente-tu moé de courir après les lâcheux dans ton genre pour leu quêter leu foin d’reprise d’abonnement ? Bon, dans l’cul cibole, j’ai un deal pour toé pis c’est ça qui est ça ou mange un char de marde. Grouille toé l’beigne de lire mon tit pamphlette icitte à côté-là, pis d’me maller ta réponse. Envoye moéneau. Niaise pas. Dégosse, flagosse…

Cette version : Paul Laurendeau

 

 

 

On pourra lire également la chronique : "Rances loisirs", sur ce même carnet.

 


11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 06:57

Vitrail d'abattants de Wc - Le carnet de Jimidi

 

 

 

Lettrine (A ourgang vitrail )- le carnet de Jimidi

 

 

 

yant presque deux heures à perdre après avoir accompagné un stagiaire au CFA du Bâtiment pour qu’il passe des tests, je suis allé me promener au Castorama tout proche. Peut-être te souviens-tu de ma précédente visite, virtuelle ? Celle d’hier était bien réelle. Il y a longtemps que je n’était pas entré dans un lieu de culte. Comme dans beaucoup d’autres religions, l’adoration de la divinité passe ici par celle d’objets chargés de notre dévotion et par certains cultes mineurs, reposant peut-être sur l’idée que le Très-Haut étant débordé, il vaut mieux s’adresser sa secrétaire. On trouve donc à Castorama Dardilly - cette cathédrale consacrée au bien-être domestique - tout un ensemble de chapelles tenues par des diacres aux couleurs du magasin, prêts à vous guider dans votre quête spirituelle d’un nouvel intérieur.

 

En entrant à droite, par exemple, tu trouveras la chapelle dédiée aux rites de purification, dans laquelle j’ai retrouvé avec bonheur et en vrai les accessoires de salle de bain de ma précédente chronique. Le culte rendu dans cette chapelle-là doit jouir d’une faveur très particulière chez les fidèles puisque j’ai compté quatre vingt dix sept abattants de chiottes différents, exposés comme autant d’ex-voto.

 

Dans la lumière venue d’en haut, tout incite au recueillement et les fidèles taraudés par l’embarras du choix ne sont dérangés dans leur longue méditation que par l’intervention souriante d’un membre du clergé « Je peux vous aider ? » et par la voix de l’officiant, diffusée par des hauts parleurs invisibles, invitant à la cérémonie en cours - il s’agissait à ce moment là d’une démonstration de barbecues - et par les prières urgentes : « Les collaborateurs disponibles doivent se réunir pour le brief » ou « Un vendeur est attendu aux papiers peints. »

 

J’ai quitté les lieux par la sortie sans rachat.

10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 07:39

 

appareil anti-ronflement

 

 

 

lettrine jecroyais naïvement que « L’objet du mois » avait le monopole des objets de torture domestique *. Las ! C’est qui qui en propose maintenant ? C’est Gifi ! Comme vous l’aurez assez vite compris, il s’agit ici d’un dispositif pour éviter les ronflements de celui qui partage votre lit – et peut-être même votre vie – en attendant que Georges Clooney se rende enfin compte de ce qu’il rate. L’argumentaire n’étant pas très lisible sur la repro, je vous le facsimilmieux ci-dessous :

 

Dites adieu aux ronflements de votre moitié, grâce à ce bracelet. Ses deux électrodes capitonnées au dos de l’unité, une fois en contact avec la peau peuvent détecter le ronflement de l’utilisateur et délivrer des impulsions électriques douces pendant quelques secondes. Votre chéri sera incité à changer sa position de sommeil sans vous réveiller. Conçue avec un bracelet de Velcro ajustable, il s’adapte à tous. Vous pourrez l’enfiler à votre poignet comme une montre. Fonctionne avec une pile CR2038 fournie.

 

Y’a du subliminal là dedans. Voire du sublibidinal. Parce que si « Dites adieu » a des relents de séparation de corps, autant dire un avant-goût de divorce, convenez avec moi que « vous pourrez l’enfiler » fleure bon la réconciliation crapuleuse non ? C’est vous dire si l’enjeu est de taille ! L’engin va rabibocher votre ménage pour trois francs six sous. Bon, Ok, un peu plus. Mais vous le valez bien. Le principe est extrêmement simple. Tu ronfles : tu te prends un coup de jus. C’est le principe de la clôture électrique. Même les bœufs comprennent assez vite : tu t’approches trop près du bord du champ, tu t’en prends une bonne. C’est vrai qu’une fois qu’il sera retombé du plafond, où il restera cramponné par les ongles et les dents quelques minutes, il y a de forte chances que votre moins bonne moitié ne se rendorme pas exactement dans sa position de lancement. Il est même assez probable qu’il finisse effectivement par ne plus ronfler du tout. Ni dormir d’ailleurs.

 

Il ne vous aura pas échappé que l’engin est muni de plusieurs boutons dont un marqué « Max ». Il parait qu’à pleine charge et à pleine puissance, la main du ronfleur se détache. Mais pas de panique : l’électricité cautérise. Vous allez trouver que j’ai l’esprit mal placé, mais je me demande si c’est vraiment au poignet que ce dispositif sera le plus efficace. On doit pouvoir attacher ça ailleurs, dans des endroits dont l’histoire récente nous apprend qu’ils ont déjà servi a bran-an-an-an-cher des trucs électriques. Les facultés antironflement pourraient s’en trouver améliorées et qui sait si ce bracelet ne pourrait se révéler, à l’usage, doté de propriétés susceptibles de faire mentir l’adage selon lequel là où y’a de la gégène, y’a pas de plaisir ?

 

 

 

* Cf. Note ci dessous

 

 

Autre objet de mon tourment 

 

medisana - photo de l'appareil

  

Comme souvent le catalogue « L’objet du mois » nous gâte. Cette fois encore, c’est une débauche d’objets improbables d’où nous isolerons le spécimen du jour. Il se présente sous des dehors sérieux, que son argumentaire ne contredit pas, bien au contraire :

 

medisana - argumentaire

 

Le nom, la marque, les arguments sont de nature à vous rassurer sur le sérieux du produit. Ça tombe bien, je crois qu’on va en avoir besoin. L’image elle aussi commence plutôt pas mal puisqu’elle nous montre une sorte de baladeur MP3 un peu ventru dont les écouteurs, curieusement reliés entre eux, ont une forme inhabituelle. La petite image de droite, un peu obscure, est là pour nous montrer le produit « en situation ». Vous n’y voyez rien ? C’est normal, c’est pour vous ménager. Non parce qu’après, c’est un peu à vous de faire le boulot, de rassembler les éléments du puzzle pour arriver à la conclusion qui s’impose, brutale. Ces écouteurs là ne se mettent pas dans les oreilles, mais dans les narines. Ils n’émettent pas des fugues de Bach mais de la lumière rouge. Ça va toujours ? Le premier choc est passé ?

 

A ce stade là vous devez vous faire à l’idée de trimballer partout une sorte de gros chargeur, votre nez figurant la prise électrique du mur.

 

Mais attends, attends, gare au deuxième choc ! Non parce que je vois déjà poindre la stratégie sournoise façon Mélanie (de Tours) : Je suis pas obligée de me trimballer la journée avec ce truc fiché dans les narines alors que je peux tranquillement m’en servir au pieu en me couchant. Tu veux dire la nuit ? Ben oui, la nuit, et alors ?

 

Et alors il n’aura échappé à personne que le principe même de l’engin, c’est d’émettre de la lumière. Rouge. Autrement dit, puisqu’il faut vous mettre les points points sur les… Hûm… Puisqu’il faut tout vous expliquer : à quoi croyez vous que vous allez ressembler dans le noir avec vos narines éclairées de l’intérieur, en rouge ? Ben oui, à une sorte de Terminator enrhumé sous perfusion ! Pour le glamour vous repasserez ! 

 

Chéri, pose ce flingue et vient te coucher !

 

 

 

 

1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 21:03

 

 

CARELMAN Jacques - Catalogue d'objets introuvable - premiè

 

 

 

Lettrine (C boulonné) Le carnet de Jimidiomme tu le sais déjà, j’ai trouvé sans vraiment la chercher une petite édition du Catalogue d’objets introuvables de Jacques Carelman à la foire aux vieux livres organisée par Amesty cette fin septembre dans ma petite ville. Du coup, puisqu’on est dans l’exhumation, je ressort mon article sur Carelman, mais, mais, mais, agrémenté de nouvelles illustrations tirées de ma récente acquisition.

 

 

CARELMAN Jacques - Catalogue d'objets introuvables - Échel

 

 

J'ai un peu, beaucoup, passionnément pensé à Mélanie (de Tours) en tombant sur cette page : 

 

CARELMAN Jacques - Catalogue d'objets introuvables - Effeui

 

 

 

Ici commence l'ancien article. 

 

 

Carelman 1-copie-1

 

 

carelman 2

 

Je suis un peu embêté avec cette note sur Jacques Carelman, l’auteur du « Catalogue d’objets introuvables » (Livre de poche - 1975 et 1989. Le cherche midi - 1997. France Loisir 1982. Balland - 1969, 1976 et 1984). Je suis un peu embêté parce qu’on pourrait ne pas comprendre que je n’en parle pas, ce carnet regorgeant de catalogues et d’objet à peine moins ahurissants, mais d’un autre côté, présenter le travail de J. Carelman dans la continuité des autres ne me paraîtrait pas rendre justice à la démarche de l’artiste.  Donc, qu’on soit bien d’accord : même s’ils se ressemblent, ce qui différencie pour moi essentiellement, Le catalogue d’objets introuvables (et donc ces objets eux-mêmes) de… disons du catalogue Vitrine magique, ou du défunt catalogue Manufrance dont Jacques Carelman s’est inspiré, c’est la démarche. L’un soutien un propos là ou l’autre veut réaliser une vente.

Leurs points de départ ne sont peut-être pas aussi éloignés non plus l’un de l’autre. Sans doute le catalogue d’objets introuvables et les vendeurs de gadgets puisent-ils leurs trouvailles dans notre inépuisable quête d’objets. Mais l’un ironise superbement où l’autre cherche juste à profiter de l’égarement de nos désirs.

 

On trouve au moins un exemple d’objet qui, ayant été imaginé par Jacques Carelman comme une absurdité rigolote, a rencontré des entreprises pour le fabriquer : la baignoire à porte. On pourrait aussi se demander si son vélo à pratiquer en position couchée n’a pas inspiré ceux qu’on croise parfois avec étonnement sur nos routes. Mais c’est un peu l’exception qui confirme la règle. Hormis pour figurer « en vrai » dans certaines expositions, les objets introuvables de Jacques Carelman n’ont pas pour vocation d’être fabriqués, leur image suffisant très généralement à soutenir leur propos, fait de critique sociale (heureusement peu appuyée), d’humour, mais essentiellement de poésie.

Et c’est sans doute grâce à cette inépuisable capacité à nous faire décoller, à nous montrer des ouvertures sur ailleurs, à nous entraîner à leur suite, au-delà des apparences familières, vers l’inconnu que ces objets ont toute leur place sur ce carnet.

Y’a un autre truc qui me gênait pour cette note, c’est d’avoir l’air de réduire l’œuvre de Jacques Carelman à son opus le plus connu. C’est terrible l’écrasant succès. Je plein sincèrement les chanteurs d’un seul tube, les écrivains d’un seul best-seller. Comment continuer, quand on ne fait plus qu’un avec son seul titre de gloire ? Tout porte à croire de Jacques Carelman a réalisé bien d’autres choses que ces fameux catalogues (il y en a deux tomes), mais pour trouver précisément quoi, faut déjà y passer du temps. C’est néanmoins l’effort réalisé par Mitchul sur son blog et nous l’en remercions, mais sur « Le catalogue des timbres-poste introuvables » par exemple, Google image renvoie une Vénus de Milo des postes du Vatican, pudiquement vêtue d’un soutien-gorge, et c’est tout. On trouve aussi assez vite que l’artiste a revendiqué vingt ans après être l’auteur de l’affiche de mai 68 « CRS - SS », mais c’est tout. A partir des références cités ci-dessous par le site du Centre International de la Poésie de Marseille, perso, je n’ai trouvé aucune doc.

Si vous m’avez lu jusque là, vous aurez constaté que j’ai fait fi de mes réticences, de mes atermoiements et même de mes hésitations, mais pas de cette sale manie de répéter trois fois la même chose, pour vous livrer cette note estivale sur Jacques Carelman. Puisse ses objets introuvables vous faire rêver.

  

 carelman 3

 

 

Un site sur lequel vous trouverez pas mal de photos d’objets réalisés, en particulier cette « Enclume de voyage » qui perso, me fait bien planer.

 

JACQUES CARELMAN. Né une semaine après le Krach historique de Wall Street. S’installe à Paris en 1956 pour se consacrer à la peinture et à la sculpture (Mécaniques pour Cyrano, participation à l’exposition Les Machines célibataires, etc.), aux décors et costumes de théâtre (du Molière, du Gogol, etc.), à l’illustration de livres (Contes des mille et une nuits, romans et nouvelles de Dostoïevsky, Le Petit Supplément à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, etc.). Il est surtout connu pour son Catalogue d’objets introuvables (1969), objets auxquels il a donné corps et qu’il a exposés de par le monde. Membre fondateur de l’OuPeinPo. Régent du Collège de 'Pataphysique, titulaire de la Chaire d’Hélicologie. (in Fatrazie)

 

Trouvé sur le site du Centre International de la Poésie de Marseille :

Principalesréalisations :

 

Théâtre

Comme décorateur (décors et costumes). Plusieurs pièces de Molière, Le Journal d’un fou de Gogol, une adaptation scénique du Candide de Voltaire, deux opéras : Jenufa de Janacek et Le Roy d’Yvetot de Jacques Ibert à l’Opéra de Strasbourg, etc.

 

Sculpture

Réalisation en trois dimensions de deux des « machines » décrites dans Locus Solus de Raymond Roussel (la « hie » et le « diamant »), et de la « machine à inspirer l’amour » d’après Le Surmâle d’Alfred Jarry. Ces trois pièces faisaient partie de l’exposition « Machines célibataires » organisée par Harald Szeemann et présentée dans les principaux musées d’art moderne européens.« Mécaniques pour Cyrano », ensemble de 12 sculptures-machines inspirées par Les Empires et états de la Lune et du Soleil de Cyrano de Bergerac.

 

Édition

Illustrations de romans et nouvelles de Dostoïevski, Tourgueniev, Gogol, Pierre Benoit, Pierre Mac Orlan, Gaston Leroux, Souvestre et Allain, Marcel Aymé, Raymond Queneau (Zazie dans le métro et Exercices de style), La Fontaine (Fables en rébus).

 

Auteur complet, textes et illustrations

• Un conte en collages, Sarokala-Géante,

• Le Petit supplément à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert

• Le Catalogue des timbres-poste introuvables,

• Le Catalogue d’objets introuvables, traduit en 19 langues (dont le coréen, l’hébreux et le finnois) et qui a fait connaître l’auteur d’un vaste public.

Jacques Carelman se consacre actuellement à la peinture. Il est membre fondateur de l’Ouvroir de Peinture Potentielle (Oupeinpo) qui recherche de nouvelles structures, essentiellement à base mathématique, dans les arts plastiques. Il est également membre du Collège de Pataphysique où il est chargé de la chaire d’Hélicologie, c’est-à-dire l’étude de la Spirale, c’est-à-dire la Gidouille (du Père Ubu).

 

Jimidi 8 juillet 2010

 

27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 11:25

 

 

 

theiere-grille-pain.jpg

 

 

 

Lettrine (N gill sans - toast)otre grille-pain-théière se présente comme un objet prenant les apparences d’un autre. Nous pensons au premier coup d’œil avoir à faire à une théière, mais non, c’est un grille-pain. Débarrassons-nous tout de suite d’un tout petit problème de singulier et de pluriel. L’image nous présente trois versions du même objet. Seule leur couleur les distingue. Il doit donc bien s’agir d’une photo du fabriquant. On imagine mal que trois grille-pain-théières puissent se retrouver sur la même table chez un vrai quelqu’un, ou alors il les collectionne à l’occasion de ses rares sorties de l’hôpital psychiatrique, ou alors il a des triplés, nécessitant la production de six toast simultanés… On ne saura pas. Mais ici, nous parlerons DU grille-pain-théière, comme s’il était seul. C’est déjà assez pénible comme ça.

 

Dans le règne animal et végétal, cette stratégie consistant à prendre les apparences de ce qu’on n’est pas est d’une banalité achevée. On ne compte plus les animaux prenant des apparences de feuille, d’écorce, de branche, de fleur et l’inverse est aussi vrai. Une orchidée pousse le vice jusqu’à prendre l’apparence d’une hyménoptère sexuellement irrésistible, avec parfum et tout, pour que monsieur hyménoptère se précipite – le con ! – notre orchidée en profitant pour le tartiner de pollen, qui servira à féconder l’orchidée voisine. Il parait qu’elle demande aussi à ce lourdaud de descendre la poubelle. Dans la nature, adopter les apparences de ce qu’on n’est pas sert à se protéger ou à se reproduire. Mais comme on ne connaît pas de prédateur au grille-pain et qu’il ne se reproduit pas en captivité, il doit s’agir d’autre chose.

 

Mais quoi ?

 

Il se trouve que je n’ai pas de réponse. Personne ne pourra jamais empêcher personne de trouver marrant le mug à l’anse en forme de coup-de-poing américain ou en forme de bague avec diamant, ni le cendrier en forme de cuvette WC. Du coup, personne ne pourra jamais empêcher personne de fabriquer ce genre d’objet. Mais habituellement, on perçoit une intention, un propos. On veut amuser, surprendre, prendre rang dans une collection…

Or, même si vous chargez du protoxyde d'azote dans votre diffuseur de parfum d'ambiance à la place de votre habituelle senteur choux bouilli/tarte au maroilles, notre grille-pain n’est ni très amusant ni très surprenant, d’autant moins qu’il emprunte les apparences d’un objet de son environnement proche. On reste dans la cuisine, sur la table du petit déjeuner. Mais tiens ? Peut-être cette banalité sournoise et ce mimétisme de bon voisinage nous proposent-ils la meilleure ouverture sur le projet ultime du créateur de cet hybride.

 

Nous tuer.

 

Vous vous êtes couché la veille beaucoup trop tard, hypothéquant une nouvelle fois ce capital sommeil que vous ne reconstituerez qu’un quart d’heure avant le jugement dernier. Votre réveil hurle. Vous l’avez réglé avant de vous coucher à 7,30 sur l’échelle de Richter, ou sur "alerte aérienne". Vous ne sortez pas du sommeil : vous en êtes expulsé au tire-bouchon. Vous n’ouvrez pas les yeux, d’ailleurs au stade larvaire où vous en êtes, rien ne dit que vous en ayez encore. L’heure ? De toute façon beaucoup plus tôt que vous ne voudriez et beaucoup plus tard qu’il ne faudrait. Vous ne vous levez pas. Vous sortez du lit mu par la seule force de gravité. Vous espérez que le trajet de la chambre à la cuisine sera suffisant pour vous faire franchir les stades de l’évolution qui vont du protozoaire à l’être humain. Arrivé sur zone, raté, vous en êtes encore à la méduse. Vous ne vous en rendez pas compte, mais dans votre cuisine les objets eux non plus n’ont pas exactement l’apparence qu’ils devraient. Vous mangez la confiture à même le pot en lui trouvant une consistance un peu étrange. C’était de la bougie. Vous grignoter avec peine un biscuit rond. C’était un dessous de verre. Vous remplissez la théière électrique de flotte en trouvant ces deux fentes sur le dessus pas très pratiques. Vous branchez.

 

Adieu.

 

 

 

 

 

Un Mythe s'effondre

 

Lettrine (V gill sans - toast)ous vous souvenez certainement du grille-pain/théière. J’avais écrit sur lui une chronique (ci-dessus) qui m’a valu quelques ennuis avec le conseil de l’ordre des médecins : les gens s’étouffaient. J’ai brutalement appris aujourd’hui que notre grille-pain/théière n’était pas un grille-pain/théière. C’est une théière/grille-pain. Tu dis ? Et alors ? Et alors, mais t’es con ou quoi ? Y’a aucun risque à mettre de l’eau là-dedans, puisque c’est fait pour ça. Les toasts sont faux. Sont en céramique. Font partie du couvercle. Me suis aperçu de la supercherie en traquant la théière pour geek. J’ai trouvé son nid : un site incroyable 100% teapot. J’en ai d’ailleurs trouvé deux, mais je ne vous donne qu’une adresse, sinon c’est sûr, vont venir me chercher pour collaboration à une entreprise terroriste.

 

theiere-geek.jpg

 

Putain, tout ce boulot pour rien ! Ma réputation ruinée, la honte et l’opprobre sur moi, ma famille, mes chats. Je vais me retrouver pauvre comme Job, mais sans job. La rue m’appelle, elle m’attend. Lundi je suis SDF, mercredi au plus tard mais finalement ça m’arrangerait mieux jeudi, parce que mercredi, y’a « Nouvelle star ». Si ça se trouve, je vais être obligé de revendre la Lamborghini. Elle va en crever la pauvre ; elle m’est tellement attachée. Plus question de compter sur l’héritage familial, maintenant, tu parles. À l’heure qu’il est, mes parents doivent être en train de brûler leur livret de famille. Ils ont rassemblé quelques affaires à la hâte dans des sacs plastiques Monoprix avant que les voisins se massent dans la cour et leur jette des pierres. Ils vont prendre la route en se disant que meeerde, ça recommence ! Plus personne ne viendra me lire ici. On ne vient plus lire un blog sur lequel on confond les grille-pain/théière avec les théières/grille-pain. On coupe les liens, on croise les doigts pour que le maudit ne vienne pas déposer un commentaire chez soi. On se laisse contaminer par la grippe porcine comme bonne excuse. On reste à demeure planqué avec la concierge dans l’escalier. Ça m’apprendra à traîner dans des coins où les images font moins de 300 pixels dans leur plus grande dimension et sur des blogs qui ne citent pas leurs sources. Il est donc temps pour moi de vous faire mes adieux puisque le hara-kiri est désormais mon seul moyen d'échapper au déshonneur.

 

 

 

24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 08:50

Lettrine (J' maison du monde)

 aime bien Maisons du monde. Comme je ne sais pas encore à quels errements m’entraînera peut-être mon mauvais fond dans la suite de cet article, je me dépêche de l’ouvrir sur cette note positive. Cette enseigne cumule l’avantage de tenir boutique pas loin de chez moi, dans la rue principale de ma petite ville et d’offrir un catalogue bien agréable à consulter. L’autre avantage, moins intrinsèque celui-là, est de proposer des meubles et objets un peu moins passe-partout que... allez hop ! Ikea.

 

Digression. Non parce qu’Ikea, je sais bien qu’on peut difficilement se passer de ce marchand d’angles droits, mais malgré d’héroïques efforts de présentation in situ dans leur catalogue * l’ensemble est d’un anonymat de cafétéria, d’une tristesse de salle d’attente. Certes, le rapport qualité prix est intéressant, mais on ne se marre pas beaucoup chez le suédois. Dans ses usines à vendre non plus. Je n’ai rien contre leur entrepôt et j’ai toujours été content de ce que j’y ai acheté : mes meubles de cuisine, un lit... mais on est prié de laisser ses rêves à l’entré. Fin de la digression.

 

Dans ses propositions Maisons du monde s’éloigne me semble-t-il, petit à petit de l’idée d’exotisme, qu’on trouvait au départ également très affirmé chez Pier Import, en paraissant maintenant moins enfoncer le clou du made in ailleurs, pour glisser doucement vers le cossu douillet façon brocante et maisons de famille. On trouvera encore des éléphants fuschia à paillettes et de la vaisselle coordonnée à votre conjonctivite, mais plutôt en boutique que sur le catalogue. Autre confirmation que le catalogue papier se la joue un peu faux-cul : je n’y ai pas retrouvé notre fameuse pendule-couverts, sur laquelle je suis pourtant tombé nez à nez en boutique, accompagnée d’au moins trois autres modèles avec passoire à thé pour l’une et petites cuillères pour l’autre.

 

À l’inverse, ne serais-ce que pour des questions d’encombrement, on ne trouvera bien sûr les gros meubles que sur le catalogue, et parmi eux- ça y est, j’ai les dents qui poussent - un qui mérite qu’on s’y attarde un peu. C’est un siège que Maisons du monde parait très soucieux de nous fourguer puisqu’on le trouve dans pas moins de quatre finitions différentes au détour des pages, où son apparition soudaine provoque à Fauteuil-Maison-du-monde-copie-1.jpgcoup sûr chez moi un recroquevillement de la glotte et un début de tachycardie. Je vous le présente ici dans sa version « enfant » finalement plutôt cohérente avec l’idée de petite princesse (au secours !) mais qu’on tente de nous refiler également dans une version entièrement dorée ou chêne naturel tendu de velours fuschia (p.129) Non. Vous aurez beau insister, je ne mettrai rien de doré en ligne sur ce carnet et certainement pas cette monstruosité à plus de six cent euros (290 € pour la version enfant, 1,48m de haut, 1,83m pour les versions cauchemar 3D. Putain ! Ce machin est plus grand que moi !)

 

Vous trouverez également chez maison du monde toute une déclinaison de galets, en tapis, en pouf, en miroirs en vaisselle et en lampes. C’est tendance le galet. Repéré aussi au moins trois meubles façon bois flotté : table basse, guéridon, console - on reste en bord de mer, et une lampe allant bien avec. Tiens, puisque vous avez eu l’indulgence de me lire jusque là, je vous met à gauche la version Maisons du monde et à droite la version Pier import.

 

Jimidi

 Lampes bois flotté Maison du monde et Pier import

 

Bonus ci-dessous : le fauteuil "Carrosse", dans sa finition fushia, bi-place argentée, et laide (prévoir piles). 

 

Fauteuil---carrosse---Maison-du-monde---Le-carnet-de-Jimidi.jpg

  * Il s'agissait alors du catalogue 2011, mais le 2012 ne m'a pas fait forte impression... 

18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 10:59

 

 

 

 

Lampe galet 2

 

  Lettrine (S lampe galets)

 

ans doute il y a t-il eu, un jour, quelque part, quelqu’un pour imaginer qu’avec trois galets disposés l’un sur l’autre, on pourrait concevoir puis réaliser un pied de lampe intéressant. Je ne lui jetterai pas la pierre, il serait capable d’y creuser un cendrier. De plus, des idées sottes et grenues traversant la tête de cinglés - je m’inclue dans le nombre - voilà une bonne partie du fond de commerce de la blogosphère et donc de cet ici-carnet. On ne va donc pas se demander d’où ça leur vient, mais plutôt regarder ce qui se passe après. 

  

Mais comme il n’est pas interdit d’imaginer, on peut penser qu’au tout départ, ces galets fixés à demeure dans un équilibre idéal, étaient sensés évoquer un doux mélange de zen attitude, de matériaux bruts épurés jusqu’à leur forme simple par la douce érosion des éléments naturels et je ne sais quoi d’autre pioché dans le fatras new-age de la mythologie en cours, que je partagerais volontiers d’ailleurs, s’il ne s’agissait la plupart du temps de nous en vendre des sous-produits.

 

Car la malédiction de la lampe galets réside bien là : elle est mode. Dès lors, elle est sortie du champ de la bonne idée pour entrer dans celui des objets de grande diffusion, fabriqués ad nauseam par des industriels pressés de servir leur confiture aux cochonmateurs. On est donc désormais très loin de l’intention original et, les procédés de fabrication étant ce qu’ils sont (et la mode ce qu’elle est) très loin des galets ramassés sur une grève ou la rive d’un fleuve. Nous voilà plutôt en approche rapide du monstrueux.

 

Anecdote. L’année dernière, alors que j’assurais l’intérim de chef, j’avais envoyé mon collègue Miguel acheter des lampes pour cramer une queue de budget plutôt que de rendre du fric. Tu dis ? Non, mais on avait VRAIMENT besoin de trois ou quatre lampes. J’aurais dû me méfier. Parce que Miguel, avec qui j’ai adoré travailler ces deux ans à l’atelier cuisine où il était prof technique, m’avais déjà deux ou trois fois surpris par ses goûts, hûm... disons discutables en matière de déco. Il est comme ça revenu un jour avec une ménagère de couverts dont je ne vais pas avoir de mal à te montrer un exemple révoltant, vu que j’ai les mêmes à la maison - ça faisait parti de la dot - mais dont je REFUSE de me servir :

 Pettie cuillère inox à feuilles d'acanthes

 

 

Je sais pas toi, mais moi, l’inox à feuilles d’acanthe, je peux pas. Une autre fois, Miguel avait rapporté des assiettes dont le décor était manifestement destiné à limiter l’appétit des convives. Mais bon, ce fameux jour de fin d'année budgétaire, il est allé dans un magasin chic et cher acheter des lampes qu’il pensait chics et chères. Elles étaient juste chères. Des lampes galets. Mais attends, attends, cette anecdote ne va pas tarder à rejoindre en catastrophe le sujet de cet article - éloignez les enfants - y’avait deux modèles : moche en blanc, hideux en marron. Il a pris marron. Tu vois les « treets », ces bonbons chocolatés, qui fondent dans ta bouche et pas dans la main du voisin ? Alors imagine Charlie à la chocolaterie, ayant clairement abusé de la liqueur, soudain pris du désir fou de sortir des treets de cinq kilos. Tu y es ? Tu en empiles trois ou quatre en variant les parfums, chocolat noir, au lait, au café, blanc, tu ajoutes un abat-jour façon Chantal Thomas et... Oh ! Les lampes de Miguel ! Personne n’en a voulu (mais personne ne lui en a voulu non plus) à part Mme Zo, notre directrice, qui s’est jeté dessus. Elle a une excuse : elle est à son insu victime d’une grave maladie dégénérative qu’on appelle le fonctionnariat. Par charité, j’en ai également pris une sur mon bureau, mais depuis mon opération de la vésicule, je suis immunisé contre le chocolat, alors ça va.

 

Tout ça pour dire que les lampes galets, c’est devenu n’importe quoi, comme en témoignent encore, hélas, l’exemple vert piqué chez Gifi - on dirait une pile de petits pois transgéniques ramollis à la cuisson, ou ces « cadeaux » de Blancheporte, qui ne pousse pas le culot jusqu’à essayer de nous les vendre.

 

 

 

Merci à « Méditerranée on line » site d’éco-tourisme, d’avoir involontairement fourni la matière de ma lettrine.


Prochainement, nous vomirons peut-être sur le bois flotté.

15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 12:31

 

 

 

Vitrine magique - couverture

 

Lettrine (C vitrine magique)

 

omme seul critique connu de littérature de boîte aux lettres, je ne pouvais passer à côté du dernier catalogue « Vitrine magique » dont le pèle-pommes de couverture parait adresser un clin d’oeil complice aux chroniques qui lui ont déjà été consacrées. Tiens ? Je me demande où elles sont celles-là...

 

Nous l’avons déjà vu avec Quelle : tous les catalogues racontent une histoire. Celle de vitrine magique pourrait s’intituler : « L’art d’être grand-mère ».

 

Mais avant de plonger dans les quarante huit pages hélas imprimées sur un papier de fort méchante qualité, il me faut te reboucher les fissures avec une notion théorique sans laquelle tu risquerais de passer à côté de la vraie profondeur de ces pages et n’y voir - ce serait ballot - qu’une litanie de gadgets alignés au départ de la grande course au superflu. Or, nous demandons aux objets bien plus que prévu dans leur mode d’emploi, bien plus que la somme de leurs qualités matérielles. Nous leur accordons des valeurs plus nombreuses, plus essentielles que leur seule valeur d’usage. On serait sinon tous habillé chez Tati, meublés chez Ikea et roulés en Twingo. Je crois donc qu’on peut, sans grand risque de se tromper, en partant des objets, passant par l’emballage littéraire des argumentaires, remonter jusqu’au personnage principal de l’histoire racontée par Vitrine magique et même distinguer sa lectrice.

 

Car c’est une femme.

 

Tiens, le plat à oeufs de la page 4, par exemple : « Oeufs bien présentés et conservés ! » Elle atteint l’âge auquel les femmes savent devoir moins compter sur leurs charmes naturels que sur leur présentation ; cet âge où l’on dit : « Elle est bien conservée. » Notre lectrice trouvera donc dans ce plat à oeuf à la fois un écho de ses propres préoccupations, un allier sûr dans ses efforts pour encore intéresser quelqu’un - fusse d’autres femmes poussées à l’intérieur comme elle - et finalement de quoi mettre un peu de baume sur son angoisse de décrépitude. Car maintenant vous l’avez bien compris, ce qui est demandé au plat à oeufs avec couvercle, quatre euros dix neuf grâce à l’offre bienvenue, ce n’est pas d’accueillir dix-huit oeufs mimosa. D’ailleurs qui peut bien avoir l’usage de dix-huit oeufs mimosa préparés d’avance ? Ou alors une fois dans le siècle, peut-être... Ce qui est demandé à cet objet, comme à la plupart des autres objets de ce catalogue, c’est d’accueillir - ici dans dix huit alvéoles - les questions existentielles que tu ne veux pas formuler à voix haute,  puis de répondre que tout va bien et de mettre un couvercle là-dessus.

 

Étanche.

 

Les protections de gazinière de la page 19 en bas à gauche sont également intéressantes : « Une gazinière toujours impeccable ! Réutilisables, ces 4 protections sont ultra-résistantes et anti-adhérentes. Fini le nettoyage fastidieux. En Icflon (sic)(mais ® quand même) Dim 27X27. Lavables d’un coup d’éponge. 9,99€ ». D’un point de vue strictement pratique, on ne voit pas bien l’intérêt de devoir laver quatre plaques siliconées plutôt que de passer directement un coup d’éponge sur l’émail. Mais en nous souvenant que le gadget est investi de certaines qualités que notre lectrice voudrait voir s’étendre à elle, on peut écrire un autre épisode de son histoire. Elle en bavé, donné, reçu, car la vie et les ans ne l’ont pas épargnée de leurs éclaboussures. Mais elle a résisté, laissant glisser les salissures et les emmerdes plutôt que d’en garder les traces indélébiles. Elle a su se protéger mais surtout, surtout, sous la surface et l’apparence, l’émail de son âme est restée immaculé, blanc et lisse comme au premier jour.

 

Une fois compris que les objets et leurs argumentaires ne parlent pas d’eux, mais de toi, tout devient beaucoup plus clair : les tendeurs de housse de table à repasser de la page trente deux parlent de lifting, les cinq presse-tubes pour utiliser jusqu’au bout les tubes de mayonnaise, dentifrice, parlent - page huit - d’une vie bien remplie vécue jusqu’au dernier souffle. Mais je ne cacherai pas que la baguette d’assemblage - page huit également - m’inquiète un peu à ton sujet. « Plus de miettes entre les meubles ! Elle s’insère entre deux meubles et présente un dessus lisse. En PVC blanc. 1,99€ » Je ne suis pas sûr que cet accessoire d’un prix heureusement modique soit suffisant pour éviter la question de savoir dans quel néant disparaît toute chose de toute éternité... Mais c’est toi qui voit.

 

Je ne vais pas vous faire tout le catalogue (la nuit n’y suffirait pas ) ni appuyer trop là où ça fait mal en suggérant que ces encombrant gadgets trouveront facilement leur place dans celle laissée vacante par le départ des enfants, d’autant que le pèle-pomme du début, décidément facétieux, m’invite d’un autre clin d’oeil a conclure cet article sur une note plutôt gaie. On chercherait inutilement quelle question tarabustante se trouve dévoilée d’un coup de manivelle sous la peau. La vraie fonction de cet objet n’est pas de peler les pommes. Personne n’a jamais eu besoin d’un truc aussi abracadabrant pour peler des pommes. Sa vraie fonction, nous la connaissons depuis toujours, nous avons demandé à d’innombrables objets de la remplir, des plus simples au plus compliqués. Nous le demandons encore à beaucoup d’entre eux et ce n’est certainement pas toi, en train de manipuler la souris tout en répondant au téléphone qui me contredira. Nous demandons au pèle-pommes ce que demande toute l’humanité de toute éternité, ce qui lui est aussi indispensable que manger, dormir et chambrer Mélanie (de Tours), ce à quoi nous passons notre temps en ayant l’air de faire autre chose : JOUER !  

 

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