e ne veux pas croire qu’il subsiste chez toi, ô foule de lecteurs et teuses massée devant cet écran, des malheureux et reuses ne connaissant pas encore l’émission D&Co. Mais pour ces rares, et ceux frappés de troubles de leur mémoire immédiate, j'en rappelle brièvement le principe : une famille ayant à la fois un toit et des fins de mois difficiles, si possible à la suite d’emmerdes susceptibles de tirer un peu les larmes, fait appel à D&Co pour apporter en une semaine de substantielles modification à leur chaumière. En mieux si possible. Bref, tu vois le taudis là ? Dans huit jours il fait la une de « Art et décoration ».
La famille du jour remplissait tous les critère. La mère s’était fait ruiner par un escroc, les deux filles avaient planté leur couple et revenaient vivre chez maman avec trois enfants, dans une maison en longueur, achetée en raclant les fond de tiroirs, ce qui ne laissait rien pour l’aménager. Dernier critère et non des moindres : les uns et les autres n’étaient pas trop désagréables à regarder. Les gens qui font peur, c’était après, dans « C’est du propre », à commencer par les deux furieuses du gant Mappa. Mais là, non. Madame, la soixantaine soignée et sportive, restée digne dans la dèche, les filles avenantes et la plus jeune carrément jolie, les gamins pas trop tête-à-claque et les dent plantées raisonnablement droit.
On demande à la famille de vider le contenu de sa maison dans une benne, chaque kilogramme leur donnant droit à 100€ de budget. Là, 950 kg de merdouilles entassées : 95 000 euros de fric à dépenser. Tu dis ? Non, pas ta belle-mère, ils ne prennent pas les déchets ultimes.
Après, une nuée d’artisans s’abat sur le pauvre domicile comme l’abstention sur l’électorat, le suicide sur les prisons, le chômage sur les petites gens, l’acné sur les ados et la cellulite sur tes angles morts. Le principe est toujours un peu le même : mettre du plancher là où y’avait du carrelage et vice versa, abattre un max de murs pour en monter d’autres, et surtout, surtout arriver à une ambiance colorée générale faisant penser que quelqu’un, quelque part dans le car régie, s’est endormi sur la touche « moins » de la saturation des couleurs. Faut s’y faire pour quelques années encore, mais dans nos chez-nous, la mode est au terne (sauf en cuisine ou le rouge sang est de rigueur). Attention : à terme, c’est terne, mais c’est de la grisaille étudiée, du terne dégradé, en camaïeu, c’est du fade repeint d’appellations éclatantes, perle n’est plus assez, taupe est trop vague, c’est zéphyr d’ivoire, lune cendrée, vent de sable, ciel de parme, beige flanelle, gris horizon, steppe...* On dirait que la mode, en déco, veut qu’on aille doucement vers la neutralité absolue, en passant par le maronnasse, pour remonter plus ou moins vite vers la couleur qui pète, et terminer fluo au terme d’un cycle d’une vingtaine d’année.
En plus du côté « on casse tout et on recommence » l’intérêt de l’émission doit beaucoup à son animatrice, la sculpturale, abondante, généreuse Valérie Damidot, oui oui, celle-là même arrondissant ses fins de mois chez qui qui ? Chez Gifi. Dans D&Co au moins ses motivations sont claires : elle est là pour se faire sauter au cou, à la fin. Elle est comme ça notre Valérie, elle aime qu’on l’embrasse. Les câlins, les bisous, elle kiffe. Tu dis ? On comprend pourquoi elle choisi des familles nombreuses, c’est par ce qu’il faut se mettre à plusieurs pour en faire le tour ? Possible, mais on est content avec elle d’offrir autant de surface à autant d’humide gratitude se jetant sur elle en tas, lèvres en avant, pour la bisouter. C’est con qu’elle refasse pas les blogs. Ici, rien qu’en jetant à la benne certains commentaires de Mélanie (de Tours) on aurait des millions d’euros...
Jimidi - 25/09/10
* ces nom ont été relevés chez Delux Valentine
ai l’impression que la très plantureuse Valérie Damidot, de D&Co, a jeté son dévolu sur M6, bien décidée à en occuper le plus de surface possible non ? Je la quitte hier samedi en fin de soirée après deux épisodes de « Une semaine pour tout changer » pour la retrouver ce matin aux aurores en train de réaménager un appartement. Elle a dormi sur place ou quoi ? J’ai même cru la voir, il y a quelques temps, en mode pitbull dans la bande annonce d’une fiction en milieu scolaire…
Mais avant de réduire les deux épisodes d’hier soir en tas de gravas, des précautions s’imposent : j’aime beaucoup « D&Co, une semaine pour toutouyoutout changer » et j’aime également beaucoup l’animatrice de cette émission. Je trouve ça généreux d’investir quelques dizaines de milliers d’euros pour réaliser les rêves d’intérieur d’une famille et Mme Damidot campe un personnage lui-même très généreux, dont je veux croire qu’il n’est pas très éloigné de la nature profonde de son interprète, que je soupçonne de faire tout ça en grande partie pour avoir le plaisir de papouiller, bizouiller et houspiller un max de gens. Je ne serais qu’à moitié surpris d’apprendre que les familles retenues le sont sur ces deux seuls critères : agréables à pétrir et versant facilement des larmes émues à la fin.
Non vraiment, D&co : tout bien. On crie d’horreur avec l’animatrice devant les intérieurs au départ, on siffle (la plupart du temps) d’admiration devant le résultat : je marche à fond. Je me prends à rêver, comme des millions d’autres crétins, à ce que je balancerais d’ici à la benne pour avoir un budget travaux confortable (1kg=100€) : ma toute nouvelle collection d’enclumes, la cuisinière en fonte chinée le dimanche d’avant, les deux aquariums encore pleins, les plantes vertes et leurs pots sans cache-pot, la télé préhistorique à écran creux, les deux canapés que je n’ai même pas fini de payer, les meubles de cuisine IKEA, les deux table en verre (au moins cinquante kilos chacune) puis, comme il n’y a que le premier pas qui coûte, tous les livres, enfin presque, du moins ceux que je suis sûr de pouvoir racheter. D&Co viendrait, on me mettrait du parquet là où j’ai du carrelage et vice versa, je dégagerais les angles au pinceau avant de passer le rouleau, on échangerait des vannes pourries avec Valérie Damidot pendant qu’elle me masserait le bras et les ailes et le bec, alouette, aaaaaaaaaaaa. Le dernier jours, on entrerait dans notre nouveau chez nous en fermant les yeux et à trois, on les ouvrirait en essayant de se rappeler que la production nous a demandé de ne pas jurer comme de charetiers et là, devant tant d’éblouissante beauté, je verserais des larmes de joie sans beaucoup me forcer, surtout si j’ai bu trois bière avant de venir.
Sauf qu’hier soir, c’était pas vraiment ça. Le premier épisode avait l’air d’un crash test, ou d’un très très vieux tournage, du temps où il n’y avait pas encore dix artisans au mètre carré sur les chantiers D&Co, où l’animatrice avait encore un minimum de retenue : chiant. Mais le deuxième : catastrophique. On était dans une maison pour une fois un peu originale, garde-corps en fer forgé longeant la volute de quelques marches montant à l’entrée, imposant escalier intérieur en bois desservant l’étage, balustres délimitant les demi-niveaux du rez-de-chaussée, carrelage de marbre noir et blanc dans la cuisine, grandes pièces lambrissées, 140m2 habitables.
Z’ont tout pété. Je ne suis pas contre, ça commence souvent comme ça. « Y’a trop de bois » se plaignait la famille, au départ. Du coup, l’opération a consisté à enlever le bois (ou le peindre) là où y’en avait, et à en rajouter là où il n’y en avait pas encore : terrasse en teck et plancher dans la cuisine. Partout ailleurs : TISSUS. Tendus sur les murs – dont ceux d’une chambre en toile de Jouy garantissant à ses futurs occupant un début d’infarctus à chaque réveil – en tentures devant les fenêtres, en ciel de lit, en rideau de douche, en housse de chaises, en tapis… Un cauchemar. Une gamine s’est retrouvée avec une chambre rouge sang, repoussant ce qu’on entend habituellement par « chargé » au-delà de ce à quoi nous avait précédemment habitué certains agendas ministériels et les camions transsahariens. Le petit dernier avait eu le malheur de dire qu’il aimait le vert anis et le bleu turquoise. Il doit être à l’heure qu’il est en thérapie dans le noir absolu au fond d’une mine après avoir découvert sa chambre. À moins que ses yeux aient spontanément implosé. Bref, c’était complètement raté, ce que je trouve finalement assez rassurant : même avec du fric et du goût, on peut se planter dans la déco. Tu dis ? Je n’ai ni l’un ni l’autre et le résultat est le même ? Méfie-toi de la toile de Jouy.
Jimidi 21/03/10