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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 16:53

 

Tarsier-et-crayon---Le-carnet-de-Jimidi.jpg

 

Lettrine--T-courrier--Le-carnet-de-Jimidi.jpgiens ? Ça ne m'avait pas sauté au vieux  jusque là, mais la « méthode » (tu parles !) que nous avons suivie avec Jane pour écrire à deux « Zones d'ombre » est sensiblement la même que celle suivie avec Kamash pour écrire les premiers épisodes des aventure de Wan & Ted.

 

Mais avant de te raconter ça, il faut quand même préciser que cet article ne parlera pas de mes expériences d'écriture avec le groupe LAIRE (Lecture Art Innovation Recherche Ecriture) pour la revue Alire – écrits de source électronique, cette écriture faisant appel à des collaborations techniques, tout particulièrement en matière de programmation informatique. Cet article ne parlera pas non plus de mes expérience mettant en œuvres un groupe d'auteurs. Non, il s'agira juste d'écrire un récit de fiction « à quatre mains », l'un et l'autre des co-auteurs étant a priori compétents  et compatibles sur l'ensemble des tâches que ce travail suppose.

 

Pour « Zones d'ombre », une fois décidé avec Jane Sautière qu'on écrirait un polar, j'avais bricolé une demi-douzaine d'intrigues, chacune susceptible de tenir la route sur cent cinquante pages, chacune comportant des forces et des faiblesse et le premier travail (mais n'est-ce pas valable très généralement, y compris quand on écrit seul ?) a été de se raconter l'histoire, le plus précisément possible : personnages, situations, intrigue, rebondissements, fin...

 

Bien sûr, à l'arrivée, l'histoire finie est sensiblement différente. Des trucs auxquels on n'avait pas pensés arrivent en cour de route. Les personnages ayant leur autonomie propre, toutes les situations ne leur conviennent pas. Des idées apparaissent dont il serait dommage de se priver. Mais tout ça arrive quand l'écriture est lancée et bien lancée, et cette irruption de inattendu apporte plutôt de l'énergie d'appoint.

 

Vient la question du « qui fait quoi ? » Pour Zones d'ombre comme pour Wan & Ted, ce partage des tâches a reposé essentiellement sur un partage des personnages. De ce Yalta miniature, Jane est reparti avec « ses » personnages à écrire et moi les miens, Kamash avec Wan et moi avec Ted. Pour Zones d'ombre, il nous est apparu évident (ça ne l'est pas du tout) que chacun des personnages serait tour à tour narrateur. Le roman est donc écrit à la première personne, mais ce n'est pas toujours la même. Le nom du personnage-narrateur figurant en tête de chapitre, ça fonctionne. Nous n'avons pas eu de retour genre « On ne sait pas qui raconte. » Il me semble me souvenir que j'avais plus de personnages que Jane et il faut croire que j'étais à l'époque un peu plus disponible qu'elle puisque j'ai vu le moment où, ayant écrit dans mon coin l'essentiel de « ma partie », et n'ayant aucune nouvelle d'elle, soit tout allait atterrir à la poubelle, soit j'allais devoir tout écrire seul. Puis heureusement, une grande enveloppe brune est arrivée dans ma boite aux lettres avec ce qu'avait écrit Jane.

 

On aura compris qu'à ce stade (et en 1997) nos échanges passaient par courrier. Je ne sais plus si la grande enveloppe brune contenait des feuillets manuscrit, ou tapés, avec ou sans disquette d'accompagnement. En revanche, je me souviens bien lui avoir renvoyé le tout, avec des suggestions, des corrections, des ajouts, des retraits et beaucoup d'euphorie naïve.

 

Douche froide. Jane m'a fait comprendre, en toute amitié, mais fermement, qu'il n'était pas question que j'intervienne sur son texte. Je vais m'attarder un peu là dessus, puisque c'est à l'évidence autour de cette question que ce nouent les difficultés réelles et supposées d'une écriture à deux.

 

A moins que cette position ait été convenue au départ, il est exclu qu'écrire à deux suppose que l'un soit le nègre de l'autre. L'objectif est bien d'arriver à un texte commun, mais il me paraît indispensable, au moins le temps qu'une réelle confiance s'installe, que chacun soit complètement maître d'œuvre de ce qu'il écrit. On verra qu'avec Jane, mais également avec Kamash, cette confiance ayant été petit à petit essayée, éprouvée, testée et finalement acquise, il a été possible, mais dans une mesure sur laquelle je reviendrai, que l'un accepte de l'autre des suggestions puis qu'ils les intègre.

 

Nous n'avons pas tous (c'est le moins qu'on puisse dire) la même perméabilité aux retours sur nos textes. Perso, et même après plus de trente ans d'écriture à plusieurs, à moins que ces suggestions viennent de personnes que je compte sur les doigts d'une seule main, la réaction de rejet est toujours là, instinctive, immédiate. Il faut donc faire très attention avec ça, ne rien brusquer, d'autant qu'on doit garder en tête une autre évidence : un texte gagne beaucoup à être relu par quelqu'un qui ne l'a pas écrit. Il faut juste que ça ne soit pas n'importe qui et que les retours ne se fassent pas n'importe comment.

 

Mais une fois cette confiance établie entre co-auteur, sur la base de leurs qualités respectives, celles-ci ayant été éprouvées, reconnues, acceptées, alors là, oui, on peut passer à la réécriture, d'autant qu'il ne s'agit pas de tout refaire. Revenir sur un texte, pour moi, ça consiste à limer les aspérités, inverser certains bouts de phrase, chasser les répétitions, trouver des synonymes, et, au niveau de son économie générale, agencer ses différentes parties, écrire des paragraphes de liaison, apporter en amont des précisions qui s'avèrent nécessaires en aval, bref, pas grand chose à voir avec le travail de création.

 

Avec Jane, pour une scène et une seulement, tenaillés par l'envie d'en finir, nous nous sommes retrouvés physiquement devant le même ordi, moi tapant, nous deux élaborant, suggérant, précisant et finalement écrivant ensemble. C'est le seul endroit du livre où je ne pourrais partager ce qui tient à elle de ce qui vient de moi. Partout ailleurs, c'est sa plume OU la mienne et ça m'amuse beaucoup de ne jamais dire ce qui a été écrit par l'un ou par l'autre. Tous les lecteurs, même nos proches, se sont plantés dans cet exercice du « Qui a écrit quoi ? » Parce qu'au final, surtout s'agissant d'un récit de fiction où les personnages tiennent à tour de rôle la place de narrateur, c'est eux qui s'expriment.

 

On se tromperait également à coup sûr en voulant surligner d'une couleur ce qui a été écrit par Kamash et d'une autre ce qui a été écrit par moi dans les récits de Wan & Ted. Certes, le partage annoncé plus haut donne une bonne indication – toi Wan, moi Ted – mais il y a plein de situations où les deux protagonistes sont ensemble et plein d'autres où il ne sont pas là du tout, celles-ci mettant en scène, par exemple, des personnages secondaire ou des personnages liés à l'intrigue et eux seulement. Je crois qu'on était arrivé avec Kamash à une bonne osmose, ou une bonne symbiose, qui m'a permis, par exemple, d'aller beaucoup plus loin dans le loufoque, le déjanté et les jeux de mots que je ne me le serais autorisé sans lui. Quel bénéfice en a-t-il tiré lui ? Bah, il vous le dira peut-être, mais il me semble bien avoir lu quelque part qu'il appréciait par exemple que d'un mot ou deux, je sorte une phrase ou un paragraphe de son apparente banalité.

 

Un autre immense bénéfice que perso, je tire de l'écriture à quatre mains, c'est qu'on me botte le cul. Tu dis ? Ça suppose alors que dans les quatre mains il y en ait au moins une qui écrive comme un pied ? Très drôle. Reste qu'être plusieurs (mais deux, c'est bien aussi) ça motive, ça entraîne, ça console. Je fonctionne assez bien avec les obligations que me crée le partage de quelque chose avec quelqu'un. Mais ne regarde pas comme ça mon dessert, ça me rend nerveux.

 

commentaires

P
<br /> <br /> Vous avez un vrai de vrai mérite. je ne ferais jamais cela.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> On parie ?<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> J'ai écris deux scénarii avec un ami : on discute de la teneur de la scène , ce qui doit s'y passer, etc (il a plus d'idées que moi mais je l'aide à accoucher parfois ou il rebondit sur ce que je<br /> lui dis, etc) et après hop j'écris, toute seule, la scène. Il relit, me dit si ça lui convient ou pas (ça lui va dans 95% des cas) et voilà. C'est vrai que c'est stimulant. On ne s'est pas encore<br /> fachés, je croise les doigts.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Enfin je comprends : tu croises les doigts en écrivant. Ça explique bien des choses...<br /> <br /> <br /> Mouhahahah !<br /> <br /> <br /> <br />

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