on, bon, bon... J'ai eu un sentiment d'effraction intense, mais c'est passé. Il y avait eu des signaux d'alerte pourtant, mais la page avait été plus facile à tourner. Je ne suis pas en train de vous parler de ma vie privée, juste d'occasions précédentes où, après des articles postés ici ou là, des personnes se sentant mises en cause par ce que je disais avait pris la peine d'un commentaire, parfois indigné – j'en ai eu un carrément insultant – voulant parfois juste faire valoir un droit de réponse, apporter une précision, rétablir un équilibre.
Mais tout ça, c'est la même chose. C'est un télescopage. C'est l'irruption soudaine, imprévue, de la réalité dans un domaine, à un endroit où on ne l'attend pas. Ce carnet n'est pas ma vie. Je m'inspire de celle-ci, j'y puise, mais à bien y réfléchir (du coup, j'ai eu le temps), il se passe ici ce que je connais très bien ailleurs et ce qu'on voit partout : le fait même de publier, de mettre en ligne fait basculer ce qu'on écrit, ce qu'on montre dans la fiction. Du moins dans une sorte d'ailleurs imprécis dans lequel l'auteur se sent tous les droits et libre de dire ce qu'il veut. On ne lui en voudra pas, puisque c'est exactement ce qu'il va y chercher. C'est là qu'il va puiser sa force et sa liberté. C'est là que je peux rêvasser tranquille, laisser dériver mes idées, écrire n'importe quoi, montrer ce que j'aime...
Je ne sais pas si ici la frontière est plus mince entre réalité et fiction, mais constatons une nouvelle fois qu'elle est assez perméable. J'ai donc été pris en défaut d'étanchéité par ma brune. Y'a eu comme une fuite. Il y en aura d'autres. Oui, parce qu'à bien y réfléchir, je ne vois pas en quoi (ni pourquoi) changer ce que j'écris dans ce carnet, au moins dans son principe, qui reste pour moi de pouvoir dire ce que je veux quand je veux si je veux, sans trop d'autocensure, quitte à devoir reformuler après coup, accorder des droits de réponse, virer certains articles, traverser des baffes et prendre des moments de doute.